Peut-on opposer la raison d'Etat à la justice ?
Extrait du document
«
[Les lois établies ne permettent pas de faire face
à des situations extraordinaires.
Aussi faut-il, en certaines
circonstances, invoquer la raison d'État.
N'est véritablement
juste que ce qui a été fixé par la loi.]
Le développement des sociétés légitime la raison d'État
Tout État a pour fin de conserver son autonomie, de maintenir la paix et la sécurité.
Des circonstances
historiques exceptionnelles peuvent conduire les gouvernants à invoquer la raison d'État.
A la justice qui
repose sur la loi, s'opposeront alors des mesures ayant pour but de préserver l'intégrité nationale.
Dans
certains cas, l'intérêt de l'État ou de la collectivité l'emporte sur les droits individuels.
Et, au niveau des
relations entre États, l'idéalisme n'est pas non plus de mise.
La raison d'État peut n'avoir d'abord aucun caractère de cynisme politique.
S'il est en effet démontré que le
sacrifice d'un individu est absolument nécessaire à la survie de la communauté, un simple calcul suffit à
emporter la décision.
Le tout vaut mieux qu'une de ses parties.
Et le sacrifice n'a rien de scandaleux.
On ne
fait qu'appliquer au corps social la règle élémentaire de médecine selon laquelle il faut préférer l'amputation
d'un de ses membres à sa propre mort.
La logique sacrificielle relève alors de la recherche du moindre mal.
Rien ne semble pouvoir la remplacer.
Nul ne
rougira de reprendre à son compte cet adage bien connu qui veut que la fin justifie les moyens.
S'il est
attesté que la fin est juste, et si de plus il est prouvé qu'il n'existe pas d'autre moyen que le sacrifice d'un
intérêt particulier, il n'y a pas à hésiter.
La fin rachète ou fait oublier la valeur des moyens employés.
Un
moindre mal est préférable au mal tout court.
Cette manière de raisonner postule que l'on ne saurait vouloir une fin sans vouloir également les moyens qui la
produiront.
Qui veut la fin, veut les moyens.
Ce qui signifie que le choix des moyens est comme absorbé dans
celui de la fin.
Dans ce cas de figure, on ne peut dissocier la fin des moyens.
Si la raison d'État se borne à ce que nous venons d'en dire, il n'y a rien que la démocratie ou la morale
puissent lui reprocher.
Le raison d'État doit préserver le salut du citoyen
Grand théoricien de la raison d'État, Machiavel pense qu'aucune «considération de justice ou d'injustice,
d'humanité ou de cruauté ne doit entrer en ligne de compte lorsqu'il s'agit d'assurer [le] salut et [la] liberté du
citoyen» [Discours sur la première décade de Tite-Live).
Pour exercer un pouvoir efficace, les gouvernants ne peuvent souvent pas s'embarrasser de
considérations morales.
Pour conquérir et conserver le pouvoir, tous les moyens sont bons.
La «raison
d'État» ne s'embarrasse pas de morale.
Un prince qui fait preuve de faiblesse court à sa perte..
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