Peut-on ne pas s'intéresser à la politique ?
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« La politique, entendons-nous dire, est une nécessité impérieuse pour la vie humaine, qu’il s’agisse de l’existence de l’individu ou de celle de la société » (Hannah Arendt, dans Qu’est-ce que la politique ?). Cette nécessité de la politique semble de premier ordre dans la mesure où nous vivons en société. La politique étant l’art de gouverner la cité, c’est-à-dire de construire et de garantir la pérennité du tissu social il semble impossible que l’on ne s’intéresse pas à la politique tant elle réglemente notre vie quotidienne. Bien plus, l’homme ne pouvant vivre seul, il semble bien que le désintérêt de la politique soit impensable. Pourtant force est de constater que la politique ne fait plus recette comme le prouve l’abstention lors des consultations et des votes. A l’aune d’une montée des individualismes, il s’agit alors de comprendre le sens et le fondement de ce désintérêt.
Le désintérêt est manifeste et prend acte d’une individualisation des rapports sociaux (1ère partie), bien que l’homme soit nécessairement politique (2nd partie), nous obligeant alors à ressaisir ce qu’est la politique (3ème partie).
«
Introduction :
« La politique, entendons-nous dire, est une nécessité impérieuse pour la vie humaine, qu'il s'agisse de
l'existence de l'individu ou de celle de la société » (Hannah Arendt, dans Qu'est-ce que la politique ?).
Cette
nécessité de la politique semble de premier ordre dans la mesure où nous vivons en société.
La politique étant l'art
de gouverner la cité, c'est-à-dire de construire et de garantir la pérennité du tissu social il semble impossible que
l'on ne s'intéresse pas à la politique tant elle réglemente notre vie quotidienne.
Bien plus, l'homme ne pouvant vivre
seul, il semble bien que le désintérêt de la politique soit impensable.
Pourtant force est de constater que la politique
ne fait plus recette comme le prouve l'abstention lors des consultations et des votes.
A l'aune d'une montée des
individualismes, il s'agit alors de comprendre le sens et le fondement de ce désintérêt.
Le désintérêt est manifeste et prend acte d'une individualisation des rapports sociaux (1 ère partie), bien
que l'homme soit nécessairement politique (2nd partie), nous obligeant alors à ressaisir ce qu'est la politique (3 ème
partie).
I – le désintérêt
a) Giorgio Agamben dans Moyens sans fins nous dit que : « Si la politique semble aujourd'hui traverser une éclipse
persistante, où elle apparaît en position subalterne par rapport à la religion, à l'économie et même au droit, c'est
parce que, dans la mesure même où elle perdait conscience de son propre rang ontologique, elle a négligé de se
confronter aux transformations qui ont vidé progressivement de l'intérieur ses catégories et ses concepts ».
En
effet, la politique est marquée par un profond désintérêt, pour preuve nous pouvant voir les taux d'abstention lors
des votes citoyens.
Cela peut s'expliquer par le manque de réactivité de la politique à se réformer en prenant en
compte les nouveautés inhérents à notre civilisation mais aussi à trouver sa place à l'aune d'une concurrence
comme cela peut être la religion ou l'économie.
La politique ne semble plus gérer les affaires du monde mais bien
réagir dans l'état d'urgence.
b) Or cela s'explique notamment par le développement d'un individualisme qui prend essor dans notre civilisation
particulièrement dans les sociétés modernes.
Dès lors l'individu se désintéresse de la politique dans la mesure où la
politique est le lieu du commun.
Ainsi si l'on prend par comparaison la politique de Rousseau dans le Discours sur
l'inégalité, l'homme individualiste est le mauvais citoyen, c'est-à-dire celui qui ne voit toujours que son intérêt
particulier.
Or comme Rousseau le voyait lui-même, l'intérêt général va avec l'intérêt particulier.
L'individualiste est
alors celui qui fait obstacle au bien commun.
Le pacte social ne doit se faire pour lui que dans son propre intérêt et
donc sont les débiteurs de tous.
On peut alors constater un désintérêt du politique à mesure que se développe
l'individualisation.
Plus on s'occupe de soi moins on s'occupe du bien commun.
c) Or cette tendance s'explique notamment par la condition anthropologique pointé par Kant dans l'Idée d'une
histoire du point de vue cosmopolitique.
L'homme ne recherche que son intérêt alors qu'il a besoin de tous.
L'individualisation nuit au lien social : « J'entends ici par antagonisme l'insociable sociabilité des hommes, c'est-à-dire
le penchant des hommes à entrer en société, qui est pourtant lié à une résistance générale qui menace
constamment de rompre cette société.
L'homme possède une tendance à s'associer, parce que dans un tel état il se
sent plus qu'homme, c'est-à-dire qu'il sent le développement de ses dispositions naturelles.
Mais il a aussi un grand
penchant à se séparer (s'isoler) parce qu'il trouve en même temps en lui cet attribut qu'est l'insociabilité,
[tendance] à vouloir seul tout organiser selon son humeur; et de là, il s'attend à [trouver] de la résistance partout,
car il sait de lui-même qu'il est enclin de son côté à résister aux autres.
C'est cette résistance qui excite alors
toutes les forces de l'homme, qui le conduit à triompher de son penchant à la paresse et, mu par l'ambition, la soif
de dominer ou de posséder, à se tailler une place parmi ses compagnons, qu'il ne peut souffrir, mais dont il ne peut
non plus se passer ».
Transition :
Ainsi le désintérêt de la politique est manifeste et il se comprend dans un mouvement d'individualisation où le
citoyen et la notion de bien commun tend à disparaître.
L'homme tend vers son insociabilité et se veut mauvais
citoyen.
A cela s'ajoute le fixisme des schèmes du politique.
Cependant, tout désintérêt est impossible à terme dans
la mesure où l'homme seule ne peut rien.
II – Le paradoxe de l'animal politique
a) L'homme est un animal politique : « Il est évident que l'homme est un animal politique, bien plus que n' importe
quelle abeille ou n' importe quel animal grégaire.
Car, nous le disons souvent, la nature ne fait rien en vain.
Et seul
parmi les animaux, l'homme est doué de parole ».
Peut-on penser les individus humains indépendamment de la
société dans laquelle on les trouve ? En examinant la genèse possible de la société, de la communauté la plus simple
jusqu'à la cité, Aristote montre, dans la Politique, en quel sens celle-ci est logiquement antérieur aux individus qui la
composent : « De plus une cité est par nature antérieure à une famille et à chacun de nous.
Le tout, en effet, est nécessairement antérieur à la
partie, car le corps entier une fois détruit, il n'y a plus ni pied ni main, sinon par homonymie, comme quand on parle d'une main de pierre, car c'est
après ma mort qu'une main sera telle, mais toutes les choses se définissent par leur fonction et leur vertu, de sorte que quand elles ne les ont plus
il ne faut pas dire qu'elles sont les même, mais qu'elles n'ont que le même nom.
Que donc la cité soit à la fois par nature et antérieure à chacun de
ses membres, c'est clair.
S'il est vrai, en effet, que chacun pris séparément n'est pas auto-suffisant, il sera dans la même situation que les autres
parties vis-à-vis du tout, alors que celui qui n'est pas capable d'appartenir à une communauté ou qui n'en a pas besoin parce qu'il se suffit à luimême n'est en rien une partie d'une cité, si bien que c'est soit une bête soit un dieu.
C'est donc par nature qu'il y a chez tous les hommes la.
»
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