Peut-on ne pas s'aimer soi-même ?
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«
Analyse du sujet :
-Ne pas s'aimer : L'expression suppose un dédoublement, au sein même de la conscience de soi : pour ne pas
s'aimer, il faut qu'une partie de moi, qui me soit pourtant d'une certaine façon étrangère (on ne peut être à la fois
juge et partie), s'élève au dessus de moi et me juge indigne d'amour : je suis d'une certaine façon son objet.
Mais
en même temps, cette partie ne peut être tout à fait étrangère au sujet que je suis.
Le désamour de soi peut prendre plusieurs formes, il faudra se demander : « Quel critère permet à cette partie
ambivalente de moi de me juger ? » et surtout « Quelle est l'origine de ce critère ? ».
Le critère peut être absolu et
universel, (ex.
: la morale), ou subjectif (de l'ordre de l'opinion).
-L'amour de soi : L'amour de soi est une notion définie spécialement dans le cadre de la philosophie rousseauiste
en opposition avec une autre notion : l'amour propre.
Ces deux formes « d'auto-amour », se distinguent par la référence qui leur permet de considérer leur objet : le point
de vue qu'elles prennent sur le soi est différent.
L'amour de soi fait s'aimer soi même sans aucune référence extérieure à notre nature : l'amour de soi est donc la
disposition de l'homme à se conserver et à prendre soin de lui-même selon les lois de sa nature (se protéger des
dangers, et rechercher les biens naturels).
L'amour propre par contre, trouve sa référence à l'extérieur de la nature propre de l'individu, dans la comparaison
avec l'autre et dans la société.
Il est une dépravation de l'amour de soi : plus l'homme a de rapport avec ses
semblables, et plus ses rapports se compliquent, plus l'amour de soi tend à devenir amour propre : la société a pour
effet de faire oublier à l'homme la référence naturelle qui le fait s'aimer pour et par lui-même.
Si bien que dans la
considération qu'il a de lui-même il devient de plus en plus soumis à l'opinion des autres.
Pour que cette
considération soit, le plus possible, moralement saine, il faut qu'elle soit, le moins possible, contaminée par la
référence extérieure.
Problématisation :
Nous allons nous interroger ici sur l'amour de soi et plus particulièrement sur la négation de cet amour.
Peut-on ne
pas s'aimer soi-même ? Tout d'abord, peut-on éprouver du rejet à notre propre endroit, se sentir dégoûter par soimême ? Sûrement, dans bien des cas : on se trouve parfois laid, ou pas intéressant, trop petit, trop gros, parfois
trop bête ou trop ignorant, pas assez intelligent, etc.
Mais alors où se tient le soi qui juge par rapport au soi qui est
jugé et sur quels critères juge-t-il ? Ce critère est-il un critère universel ou subjectif ? Peut-on avoir des raisons
objectives et universelles de nous détester et dans quels cas précis ? Si oui, dans les autres cas, pourquoi, nous
détestons nous, « sans raison » ? Pour comprendre ce problème, il faudrait alors nous demander si c'est une
conscience naturelle du bien en soi, (un critère objectif partagé par l'humanité dans son ensemble) ou bien plutôt la
comparaison à une norme extérieure à nous, - que notre conscience s'est pourtant appropriée - qui nous fait nous
juger nous même ainsi incomplet et détestable ? Dans le premier cas, il faudrait se demander si une telle conscience
est seulement possible et le cas échéant quel domaine de la conscience lui appartiendrait en propre, - une fois ce
domaine établi, il faudrait se demander si une telle conscience universellement partagée, qui pèserait, donc,
également sur tous et sur chacun, pourrait nous pousser à ne point nous aimer nous-même -, dans le second cas, il
nous faudrait essayer de comprendre si ce malaise ne repose pas plutôt sur un critère illusoire, c'est-à-dire un
critère d'erreur sur la nature humaine ? Dans ce cas, il faudrait enfin, se demander, comment et par quel processus,
l'homme a pu se tenir en si peu d'estime, qu'il a soumis aux fluctuations et aux changements innombrables de
l'opinion, le Bien qu'impérativement il se devait ?
Proposition de plan :.
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