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Peut-on mourir pour la vérité ?

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« Définition et problématique : La vérité désigne, selon la logique, ce qui est vrai en tant qu'il exprime l'accord de la pensée avec elle-même. Elle signifie aussi l'adéquation de la pensée et de son objet, de la connaissance et du réel. Mourir pour la vérité signifierait renoncer à sa vie pour prouver ou pour défendre la vérité, c'est-à-dire défendre sa vision d'une adéquation entre sa connaissance et le réel.

Cela a-t-il vraiment un sens ? Quelles sont les implications d'un tel acte ? I – La recherche de la vérité Si on peut mourir pour la vérité, cela signifie au préalable qu'on la recherche et qu'on la désire plus que tout au monde. Voyons donc dans un premier temps ce qu'est cette recherche de la vérité. 1) Savoir, c'est se ressouvenir Selon Platon, nous cherchons la vérité parce que nous savons qu'elle existe et nous pouvons la trouver parce que nous la connaissons déjà.

En effet, l'âme étant immortelle pour Platon, elle accumule des connaissances au cours de ses différentes vies et sans que nous en soyons conscients, nous sommes porteurs d'un certain nombre de connaissances apprises avant cette vie. Platon apporte une réponse à ce problème pédagogique dans le Ménon et le Phèdre.

Dans le Ménon, Socrate interroge un jeune esclave.

Il lui demande comment construire un carré dont l'aire soit le double d'un premier carré. Le jeune esclave commence par doubler le côté du carré, mais ceci conduit à quadrupler l'aire du carré.

Aidé par les questions de Socrate, qui ne lui donne à aucun moment la solution, il découvre que le carré double d'un autre est celui que l'on construit sur la diagonale.

L'esclave retrouve donc, du moins en partie, le théorème de Pythagore, qu'il n'a jamais appris.

Comment cela est il possible ? L'hypothèse platonicienne est que l'esClave possédait déjà cette connaissance.

Autrement ; dit, selon Platon, c'est comme si l'esclave se souvenait de cette réalité mathématique. « Nous devons avoir bon courage », dit Socrate, « et » nous efforcer de rechercher et de retrouver la mémoire de ce dont nous avons perdu le souvenir ».

La connaissance est une réminiscence.

C'est pourquoi Socrate se définit comme le digne fils de sa mère, qui était sage-femme, et déclare être un accoucheur d'âme.

Il ne fait, dans les dialogues, que faire dire à son interlocuteur ce que ce dernier connaissait déjà : il l'aide à mettre sa connaissance au monde mais il ne lui apporte pas cette connaissance.

Cette théorie explique ainsi que les degrés de la connaissance puissent être variables.

Chez certains le sou¬venir est presque effacé, chez d'autres, comme les philosophes, il a été ravivé. Platon donne un nom à ces différents degrés.

Chez l'esclave, cette connaissance, qui n'est pas une connaissance scientifique parce qu'il n'a pas pratiqué les mathématiques, est ce que Platon appelle une opinion droite, par opposition à ['opinion fausse, qui caractérisait le savoir de l'esclave avant les questions de Socrate, et au véritable savoir, épistèmè, que ne possède que le mathématicien, conscient des tenants et aboutissants de sa propre connaissance.

Ainsi, explique Socrate, des hommes politiques célèbres comme Périclès ont-ils bien dirigé la cité.

Ils ne possédaient pourtant aucune science, épistèmè, de la politique, mais une opinion droite.

Dans ce domaine, la politique, qui relève de l'action, ce type de savoir peut suffire.

Mais parce que leur connaissance n'était que d'opinion, ces hommes politiques n'ont pu enseigner leur savoir à leurs enfants.

Leurs souvenirs n'étaient pas suffisamment éclaircis par la pratique de la philosophie. Mais de quoi nous souvenons-nous et pourquoi ? C'est par un mythe que Platon répond à cette interrogation, dans le Phèdre.

L'âme est immortelle.

Avant de s'incarner dans les corps, elle a suivi les dieux dans les cieux et elle a eu la vision des idées : l'essence de la justice, de la tempérance, etc.

Ce sont des réalités « sans couleur ni forme » d'où toutes les choses tirent leur existence.

Certaines âmes voient mieux que d'autres ces réalités ultimes, car le char qu'elles conduisent est plus ou moins facile à conduire sur la route qu'elles suivent, selon que les passions, comme la colère, le désir ou l'ambition, sont plus ou moins bien domestiquées.

Les âmes, une fois ce voyage céleste accompli, s'incarnent, et le souvenir de cette vision s'estompe.

Si elles sont bien cultivées par la philosophie, elles pourront se remémorer ce qu'elles ont vu.

Mais, une fois incarnées, quel chemin doivent-elles suivre sur la route de la philosophie ? Platon, Ménon, 80d-81e : « Ménon : Mais de quelle manière chercheras-tu, Socrate, une chose dont tu ne sais pas du tout ce qu'elle est ? En effet quelle sorte d'objets, parmi tous ceux que tu ignores, te proposeras-tu de chercher ? Ou alors en admettant au mieux que tu tombes sur lui, comment seras-tu que c'est bien lui que tu cherches, puisque tu ne le connais pas ? Socrate : Je comprends ce que tu veux dire, Ménon, tu vois un peu ce sujet de controverse que tu nous offres : qu'il n'est pas possible à l'homme de chercher ni ce qu'il sait, ni ce qu'il ne sait pas.

Car il ne saurait chercher ce qu'il sait, puisqu'il le sait, et que dans ce cas il n'a nul besoin de chercher ; ni ce qu'il ne sait pas, puisqu'il ne sait même pas ce qu'il doit chercher. Ménon : Tu ne trouves pas que c'est bien raisonné, Socrate ?. »

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