Peut-on mal agir si l'on agit que par respect du devoir ?
Extrait du document
«
Introduction :
● Bien définir les termes du sujet :
- « Mal agir » : Cela peut avoir deux sens différents.
Je peux mal agir par rapport à la morale ou la religion, et dans
ce cas, cela signifie ne pas suivre les lois dictées par la morale, ne pas se conformer aux principes de la religion.
Mais cela peut aussi vouloir dire faire le mal.
Faire le mal consiste à affliger moralement, psychologiquement ou
physiquement quelqu'un.
- « Agir » : c'est faire quelque chose, avoir une activité qui transforme plus ou moins quelque chose.
- « Respect » : sentiment qui porte à accorder une considération à une chose en raison de la valeur qu'on lui
reconnaît, parce qu'on la juge bonne, avec le souci de ne pas y porter atteinte, de ne pas l'enfreindre.
- « Devoir » : au sens large, c'est une règle d'action particulière, une obligation définie.
Au sens strict, c'est
l'obligation morale considérée en elle-même, et indépendamment de son application particulière.
● Construction de la problématique :
Par le terme restrictif "que", le sujet semble insinuer qu'il existe plusieurs autres manières d'agir, que
d'autres paramètres que celui de l'obéissance au devoir peuvent déterminer la valeur de l'action.
Mais il insinue aussi
que l'action peut être menée à la fois par le sens du devoir, et à la fois par autre chose.
Quoi qu'il en soit, la
formulation semble étrange puisque en général, lorsque l'on agit par devoir, on agit sans prendre en compte son
intérêt particulier, et que de ce fait, l'action ne peut être que bonne.
à Se pose donc la question de savoir si agir par devoir peut avoir des conséquences négatives, et dans ce
cas comment y remédier.
Autrement dit, est-ce qu'une action peut être bonne si elle ne se conforme pas au
devoir ?
Plan :
I/ La bonne action ne peut être que morale :
● Si l'on considère que la morale et donc le devoir nous poussent à agir sans prendre en compte nos
intérêts particuliers, et si l'on considère que ce sont des derniers qui nous poussent la plupart du temps à mal agir,
alors il semble évident que agir uniquement selon le devoir ne puisse pas nous laisser mal agir.
● C'est ce qu'explique Kant dans La Critique de la raison pure.
En effet, selon lui, agir par pure
représentation de la loi morale –c'est-à-dire selon le devoir – constitue
l'action bonne par excellence.
Nous sommes selon Kant, à la fois des êtres
sensibles – ayant des passions et des désirs - et des êtres intelligibles - doué
de raison qui nous permet de nous extraire de l'expérience pour nous situer au
niveau de l'universel.
C'est cette raison qui nous dicte les commandements
selon lesquels nous devons agir, à savoir les impératifs catégoriques.
« L'impératif catégorique déclare l'action comme objectivement nécessaire en
elle-même, sans rapport avec un but, c'est-à-dire sans quelque autre fin.
»
Fondements de la métaphysique des mœurs, 2ème section.
Autrement dit,
cette action est indépendante de tout intérêt particulier.
● Il n'est donc pas possible de mal agir si l'on agit selon la loi morale,
si l'on agit par devoir, parce que le devoir qui est ordonné par l'impératif
catégorique est issu de la raison, et que cette dernière ne prend en compte
aucun intérêt particulier, mais porte la marque de l'universel, et donc de la
perfection.
Agir par respect du devoir indique un sentiment moral spécifique
qui ne provient pas de la sensibilité mais de la raison pratique et de la
conscience de la nécessité qu'impose la loi morale.
« Le devoir est la
nécessité d'accomplir une action par respect pour la loi ».
« La détermination
immédiate de la volonté par la loi, et la conscience que j'en ai, c'est ce qui
s'appelle le respect.
» Fondements 1ère section.
à parce que le respect n'a
aucun rapport avec la sensibilité – la peur de la punition… - le devoir ainsi
accompli ne peut produire qu'une action bonne.
KANT : le devoir comme impératif catégorique
Selon Kant, la volonté n'obéit pas toujours naturellement à la raison.
Dans ce cas la raison exerce une contrainte
sur la volonté.
Cette contrainte
s'appelle un impératif.
Les impératifs sont de deux sortes :
— les impératifs hypothétiques expriment la nécessité pratique de certaines actions considérées non en elles-mêmes
mais pour leurs résultats, c'est-à-dire comme des moyens subordonnés à une fin (par exemple, je dois prendre ce
médicament pour guérir, si je veux guérir).
Les impératifs hypothétiques se
rattachent à la prudence et visent le bonheur de l'individu ;
— les impératifs catégoriques, en revanche, commandent les actions non pour leurs résultats, mais pour ellesmêmes.
Ils ordonnent sans condition et sont d'une évidence immédiate : dès qu'ils sont aperçus, la volonté sait
qu'elle doit s'y soumettre.
En outre, étant indépendants de toute fin, les impératifs catégoriques s'imposeront à
n'importe quelle volonté particulière.
Ils se caractérisent donc par leur universalité.
C'est pourquoi il n'y a au fond.
»
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