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Peut-on juger les crimes contre l'humanité ?

Extrait du document

« [La notion de crimes contre l'humanité apparaît avec la notion de guerre totale.

La guerre totale ne touche pas seulement les militaires, mais l'ensemble de la population.

Juger les crimes contre l'humanité, c'est chercher à limiter ce type de conflit.] La guerre totale ne doit pas échapper au droit L'humanité est menacée par la barbarie si elle ne se dote pas de moyens juridiques permettant de limiter l'extension de la guerre totale.

Si la guerre est une réalité que l'on ne peut pas nier, elle doit être malgré tout soumise à des règles.

Il faut interdire certaines exactions.

Faute de pouvoir les interdire au moment du conflit, il faut les juger en se fondant sur le droit international de la guerre. Qu'appelle-t-on crime contre l'humanité ? Il y a crime contre l'humanité dès lors que des individus ou des groupes sont persécutés pour des raisons politiques, culturelles, ethniques, religieuses, dès lors que les populations civiles et les prisonniers font l'objet de sévices pouvant aller jusqu'à la mort.

La guerre, une fois déclarée, oppose les membres d'une nation aux membres d'une autre nation.

Le conflit doit se limiter à la conquête ou à la défense d'un territoire. L'humanité doit condamner la barbarie Le procès de Nuremberg, au cours duquel furent jugés, entre novembre 1945 et octobre 1946, les principaux responsables du régime nazi, révéla des atrocités dépassant en horreur ce que l'esprit le plus pervers aurait pu imaginer.

C'est pour empêcher la réitération d'un ' tel drame et pour affiner le droit international en matière de guerre qu'eut lieu ce procès. [Juger les crimes contre l'humanité suppose une impartialité totale.

Or, ce sont les vainqueurs, les pays les plus puissants, qui jugent les vaincus et les États ne jouant pas un rôle déterminant sur la scène internationale.] Le tribunal des vainqueurs n'est pas un tribunal international Le procès de Nuremberg a jugé l'Allemagne nazie, au travers des 24 dirigeants nazis accusés de crimes contre l'humanité.

En revanche, aucun procès n'a été intenté contre les États-Unis pour avoir utilisé à deux reprises la bombe atomique contre le Japon. Or, des centaines de milliers de civils trouvèrent la mort à Hiroshima et Nagasaki.

On peut en dire tout autant des exactions commises par les Américains au cours de la guerre du Vietnam. Les grandes puissances ne se jugent pas elles-mêmes. Premièrement, tous les pays constituant la communauté mondiale ne sont pas membres des Nations Unies.

Deuxièmement, certains pays puissants peuvent aisément influencer les décisions de l'ONU.

Ainsi, la France n'a pas fait l'objet d'un procès pour crime contre l'humanité, alors même qu'au cours de la guerre d'Algérie, elle a commis des actes relevant de ce chef d'accusation. Le droit international est insuffisant Les crimes contre l'humanité sont rarement commis sans la participation directe ou indirecte d'un État donné.

Or, ces crimes doivent être jugés par les tribunaux de ce même Etat.

Autrement dit, il revient au coupable de réprimer ses propres crimes.

Une telle situation ne favorise pas l'impartialité. Juger les crimes de guerre part de l'idée selon laquelle la guerre, quoique regrettable, doit respecter certaines règles.

Sans le respect de ces règles, elle peut aboutir aux pires désastres, faire de l'homme un monstre qui ne connaît plus de limite dans l'ordre de la cruauté et de la destruction.

Ce bon sentiment, malheureusement, cache des sentiments moins humanistes.

En effet, il apparaît que les criminels de guerre sont toujours des vaincus, ou des membres d'un État ne jouant pas un rôle déterminant sur le plan international.

Pouvoir, en toute justice, condamner les crimes de guerre, cela suppose la constitution d'un tribunal composé de toutes les nations.

Cela suppose que chaque État admette la possibilité d'être lui-même accusé, un jour ou l'autre, d'avoir commis des crimes contre l'humanité.

Cette hypothèse, pour l'instant, ne semble pas réalisable.

Les États dominants n'étant pas prêts à accepter qu'ils ont eux aussi commis, ou qu'ils vont peut-être commettre, des actes belliqueux relevant du crime contre l'humanité.. »

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