Peut-on imaginer une preuve de l'existence de Dieu ?
Extrait du document
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Analyse du sujet
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Eléments de définition
Justification = Argument utilisé pour montrer le bien fondé d'une décision, d'une action, d'une
conclusion.
Fait de rendre raison de.
Preuve = Du latin probare, soumettre à l'épreuve.
Démarche méthodique permettant d'établir
la vérité d'une proposition.
Ce que l'on met en avant pour effectuer cette démarche.
La preuve est une opération discursive en laquelle chaque enchaînement d'énoncés obéit à une
règle explicite.
La preuve exhibe son propre fonctionnement.
Un fait n'a pas en lui-même valeur
de preuve, il ne l'acquiert, dans une science, que ressaisi dans un contexte théorique, et dans
le domaine juridique, il doit être établit dans sa réalité.
Descartes, Lettre à Mersenne du 17 mai 1638.
Pascal, Préface sur le Traité du vide.
Kant, Critique de la raison pure, Analytique transcendantale, Livre I, ch.
2.
Existence = en philosophie, l'existence est un mode d'être spécifique distinct de celui des
essences, elle est synonyme de réalité actuelle, de présence effective.
Dieu =
1Etre puissant et surnaturelle, parfois personnel, souvent cause du monde et/ou des
règles morales.
La notion s'applique soit à une pluralité de dieux, soit à un Dieu supérieur
aux autres, soit à un Dieux unique.
2Etre absolu, en soi et par soi, principe d'être et/ou d'existence.
Dans une conception théiste : être transcendant et personnel, que la philosophie
entend purifier de tout anthropomorphisme religieux.
Il est « substance infinie, éternelle,
immuable, indépendante, toute-connaissance, toute-pensante et par laquelle moi-même, et
toutes choses qui sont, ont été créées et produites » (Descartes).
Dans une conception panthéiste : la nature, en tant qu'être suprême identique à la
raison et à la réalité du monde (Spinoza, Ethique).
Dans une conception antique : Dieu, ni personnel, ni créateur, signifie plutôt le divin –
dans son unité et sa transcendance – qu'il s'agisse de l'Idée par excellence (Platon) ou du
Modèle supralunaire du monde sublunaire (Aristote).
Après sa sécularisation par Kant comme postulat de la raison pratique, Dieu devient,
dans les systèmes post-kantiens, une métaphore de l'absolu : Ordre moral du monde
(Fichte), Infini où se fondent les contraires (Schelling), Esprit en devenir dans l'histoire
(Hegel).
Selon les critiques post-dialectiques de la religion : notion anthropomorphique par
excellence.
Objet mythique où l'homme se vide de sa propre substance, illusion idéologique
(Marx), fausse pensée du surhumain (Nietzsche).
·
Angles d'analyse
Parler de preuves de l'existence de Dieu, c'est au fond reconnaître que Dieu existe
nécessairement, c'est-à-dire établir logiquement (de manière nécessaire donc) l'existence
réelle.
La preuve n'est telle qu'en tant qu'on la rapporte à la démonstration dont elle découle,
dont elle est le résultat.
Or, la démonstration n'est pas autre chose que se donner les moyens
d'établir la nécessité aussi bien que la vérité d'une conclusion, grâce au seul enchaînement des
propositions d'un discours.
La preuve est donc de l'ordre de la raison, elle est l'œuvre de l'intelligence active.
Ce qu'il
faut donc interroger c'est précisément la notion de preuve, attachée à l'intelligence rationnelle
humaine, en tant qu'on la rapporte à l'existence de Dieu, être suprême et absolu, et qui plus
est surnaturel.
Il faut donc se demander si le terme de preuve est adéquat pour qualifier l'existence de Dieu.
Cette existence de l'être divin peut-elle être démontrée de manière nécessaire, assurée
logiquement, ou au contraire échappe-t-elle à toute définition logique.
Ce qui est ici en jeu, c'est précisément la possibilité de fonder en raison l'existence, ou plus
exactement la nécessité de l'existence, de Dieu.
C'est pourquoi il faudra aller jusqu'à se
demander si réduire l'impossibilité – c'est-à-dire la non légitimité de la preuve en ce qui
concerne l'existence de l'être suprême – d'une telle preuve est négative ou positive pour Dieu
lui-même.
Problématique
Employer le terme de preuve, c'est-à-dire ce qui démontre la nécessité logique et implacable, de l'existence de Dieu
n'est-il pas qu'un abus de langage, traduisant un usage illégitime du terme ? L'existence de Dieu est-elle donc
réductible à l'intelligence, à la rationalité humaine, ou au contraire, n'appartient-elle pas à un domaine supra-.
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