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Peut-on haïr la vérité ?

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« Il est dans la nature de l'homme de haïr ce qui lui fait peur a.

Le refus de la vérité Dans le mythe de la caverne décrit par Platon, un homme accède progressivement à la vérité en sortant de la caverne, puis revient vers ses compagnons qui, eux, ignorent la vérité : « - Et s'il lui fallait de nouveau juger ces ombres et concourir avec les prisonniers qui n'ont jamais quitté leurs chaînes, pendant que sa vue est encore confuse et avant que ses yeux ne se soient remis et accoutumés à l'obscurité, ce qui demanderait un temps assez long, ne prêterait-il pas à rire et ne diraient-ils pas de lui que, pour être monté là-haut, il en est revenu les yeux gâtés, que ce n'est même pas la peine de tenter l'ascension ; et, si quelqu'un essayait de les délier et de les conduire en haut, et qu'ils pussent le tenir en leurs mains et le tuer, ne le tueraient-ils pas ? - Il le tueraient certainement, dit-il.

» Platon, La République, Livre VII. Dans son allégorie de la caverne (La République), Platon montre à quel point la vérité peut être douloureuse : le prisonnier que l'on extrait de la caverne n'en sort pas volontiers, car il s'était habitué au défilé des images trompeuses qu'il contemplait sur le mur.

Une fois à l'extérieur, le soleil l'éblouit ; et lorsqu'il est ramené vers ses anciens compagnons, ceux-ci accueillent d'abord son discours avec incrédulité ou moquerie : eux non plus ne tiennent pas à mettre en cause ce qu'ils admettent. Il n'en reste pas moins que la vérité est affirmée comme le but de la réflexion : l'atteindre est un véritable devoir, quels que puissent être les efforts à accomplir pour la découvrir et la diffuser. C'est qu'elle nous promet des connaissances en prise sur le monde et que, de la sorte, elle nous garantit des comportements plus efficaces en même temps que des satisfactions spécifiques pour l'esprit. On peut toutefois s'interroger sur la capacité qu'aurait la vérité de nous apporter le bien-être.

En fait, sa quête, souvent longue et difficile en elle-même, implique que l'on soit toujours prêt à renoncer à ce qui était admis ; de ce point de vue, elle suppose un dynamisme de la pensée, que l'on peut cependant désigner aussi de façon plus négative comme une instabilité de principe. Pour l'esprit en quête du vrai, rien n'est à considérer comme définitivement stable, et l'image que nous avons du monde est sans cesse à reconstruire ou à modifier.

Il n'est pas étonnant, dans de telles conditions, que la révélation du vrai suscite des résistances, ou même des craintes.

Ainsi, le passage du géocentrisme à l'héliocentrisme s'est aussi soldé par une mentalité nouvelle, soulignant la façon dont l'homme était devenu bien peu de chose relativement à la totalité de l'univers. S'attacher au vrai, c'est donc risquer une permanente inquiétude, la perte de repères traditionnellement admis, la chute des « voiles » qui enjolivaient le monde.

La vérité désenchante, parce qu'elle s'oppose aux mythes, aux récits légendaires, aux pseudo-sciences ; elle nous offre du monde une version privée de toute résonance subjective, avec laquelle nous ne pouvons plus être en sympathie. L'homme a peur de la vérité qu'il ne connaît pas. b.

La connaissance de la vérité implique-t-elle son approbation ? Découvrir une vérité, telle que « la terre est ronde », implique que l'on était dans l'erreur jusque là et cette vérité peut donc entrer en compétition avec les systèmes de pensées en vigueur.

Ainsi, le progrès scientifique, tel que l'idée que la terre est ronde, peut nier les dogmes religieux.

La peur de la vérité devient refus et prend la forme de la mauvaise foi.. »

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