Peut-on gouverner ses désirs ?

« " Ce désir est plus fort que moi ! ".

On a entendu cette remarque qui est l'aveu que l'on peut être conduit par ses désirs.

Il apparaît alors que le désir est ingouvernable, non-maîtrisable. Nous verrons dans un premier temps que le désir par essence est une impulsion qui nous porte vers de nombreux objets et qui est exigeante.

Les désirs ont quelque chose d'irrépressible.

Ils s'imposent à nous sans que nous le voulions toujours.

de nature illimitée, ils ne sont pas contrôlables. Ainsi dans un second temps nous montrerons les raisons qui le rendent tyranniques.

Nous désirons l'impossible, l'inaccessible et de ce fait nos désirs ne sont pas adaptés à la réalité.

Ils sont sources de dérèglement, d'intempérance et nous détournent parfois du jugement réfléchi. Pourtant, la sagesse philosophique enseigne à modérer ses désirs pour en rester la maître.

Elle ne conseille pas nécessairement de ne plus désirer mais de bien désirer : choisir les objets de son désir.

Ne faut-il pas désirer ce qui nous grandit pour rester libres ? Est ce possible de prendre le contrôle de nos désirs ? Peut on s'en rendre maître ? Le présupposé est que les désirs sont difficiles à gouverner mais la philosophie apprend à maîtriser ses désirs.

Il faudra bien envisager que par essence le désir est impulsion irrépressible. I) La nature du désir a) Le désir est impulsion, tendance forte qui nous porte vers les objets, de differentes valeurs : désir de fortune, de pouvoir, de gloire, de justice, de connaissance...

On dit parfois que le désir est plus fort que nous : ce qui témoigne de la puissance du désir.

Spinoza affirmait d'ailleurs que le désir accroît notre puissance d'exister, il nous fait persévérer dans notre être.

Il se différencie de la volonté qui inclut le jugement, la volonté réfléchie. b) Pour cette raison Platon met le désir du côté de la partie irrationnelle de l'être.

Il est dans sa nature d'être en excès, source de dérèglemens donc incontrôlable.

On peut ajouter que s'opposant au besoin, il est illimité, aspiration à l'infini.

On ne finit pas de désirer et le désir est insatiable. Cela signifie que le désir est par essence difficile à gouverner, à maîtriser.

Il peut même devenir tyrannique. II) Les désirs peuvent nous gouverner a) Il faut chercher à comprendre les raisons qui font des désirs des maîtres à servir.

Ceux-ci sont sources de désordres, d'égarements.

La preuve, on désire l'impossible, l'inaccessible, l'irréalisable.

Et de plus ils sont susceptibles de ne pas apporter la satisfaction recherchée.

Cette inadaptation des désirs à la réalité est à l'origine d'un non-contrôle de ceux-ci.

Les Stoïciens insistaient aussi sur cette idée que l'on désire au présent mais aussi pour l'avenir.

Ce qui trouble l'âme, ne la laisse jamais en paix.

C'est comme une fuite en avant. b) D'ailleurs c'est la raison pour laquelle Schopenhauer condamne le désir.

Un désir comblé, un autre renaît aussitôt comme si la satisfaction de courte durée n'a pas d'interêt.

Et le philosophe d'ajouter que l'on ne désire plus ce que l'on possède, ce que l'on a obtenu.

Ainsi les désirs sont des maîtres exigeants, jamais satisfaits.

L'attente est longue, la satisfaction jamais à la hauteur de cette attente. c) Platon lui aussi insiste sur le dérèglement des désirs.

Inassouvis, indociles, ils nous privent d'harmonie avec nous mêmes.

Comparés à une passoire ou au tonneau des Danaïdes, ils condamnent l'être à la frustration et abolissent la mâîtrise du jugement et de la volonté.

Platon dans le dialogue " Gorgias " envisage ce personnage cynique de Calliclès qui prétend pouvoir assouvir comme il lui plaît tous ses désirs même les plus vils, les plus bas.

On peut désirer le mal, n'être gouverné par aucune idée du bien, du beau, di vrai.

Ces désirs là, sans limite et sans maîtrise sont indignes de l'être qui se respecte ou qui comme le prône Socrate est capable de se juger, ou d'être deux en un.

Polos dans " Gorgias " Est aussi ce rhéteur qui fait l'apologie d'un tyran qui ne met aucune borne à son désir de pouvoir et de richesse. On voit bien que les désirs sont sources de tous les excés.

Ingouvernables, ils peuvent l'être, conduisant les êtres à. »