PEUT-ON FORCER QUELQU'UN À ÊTRE LIBRE ?

« PREMIER CORRIGE Problématique: Forcer quelqu'un à faire quoi que ce soit, c'est nier sa liberté.

Pourtant, on peut parfois aider une personne vers un progrès dont elle n'est pas consciente.

Il s'agit alors d'une perte de liberté provisoire, qui peut cependant donner lieu à des abus, faute d'une réflexion morale sur la légitimité d'une telle action. Traitement: LE POUVOIR ET LA FORCE "Le consentement des hommes réunis en société est le fondement du pouvoir.

Celui qui ne s'est établi que par la force ne peut subsister que par la force." Diderot, Encyclopédie, 1751 -1765 L'autorité politique incarne le pouvoir mais le pouvoir vient du peuple.

Aucun régime politique ne peut durer si le plus grand nombre ne se reconnaît pas en lui.

Ce texte extrait de l'Encyclopédie présage les bouleversements politiques des Lumières. Un régime politique qui s'appuie sur la force doit user de la contrainte pour garantir son autorité.

Il est généralement incapable d'évoluer vers une forme politique reposant sur le libre consentement des citoyens. LE POUVOIR ET LA LIBERTÉ "Le pouvoir le plus énergique est justement celui qui voudrait avoir l'approbation de l'homme libre.

Donc la force laisse ici ses baïonnettes, et veut séduire." Alain, Propos Il, 1921. Aucune autorité politique ne peut être assurée de garder le pouvoir si les individus ne se reconnaissent pas en elle. La force et la contrainte sont des moyens de gouverner mais ils ne sont pas durables.

L'histoire européenne du XXe siècle nous enseigne que les pouvoirs autoritaires en Allemagne et en Italie ont en grande partie reposé sur l'adhésion "volontaire" des peuples.

Pourtant, il ne faudrait pas croire que les démocraties sont à l'abri de tels dérapages.

La politique-spectacle, en enlevant aux discours du politicien tout contenu intellectuel, laisse place à la démagogie et à la séduction. LE POUVOIR ET LA MORALE "La recherche du pouvoir, du fait même qu'elle est essentiellement impuissante à se saisir de son objet, exclut toute considération de fin, et en arrive, par un renversement inévitable, à tenir lieu de toutes les fins." Simone Weil, Oppression et liberté, 1934. Le pouvoir exerce sur les hommes une grande fascination.

Il envoûte ceux qui le recherchent non seulement par la puissance qu'il confère mais aussi par la difficulté qu'il y a à le conquérir et à le conserver.

L'homme qui désire le pouvoir n'est jamais certain de l'obtenir et lorsqu'il est en situation de l'exercer, il lui échappe, car par nature le pouvoir est instable.

Il produit de nombreuses illusions, attendu que l'homme qui croit le détenir en se prenant pour un dieu, un führer, est en fait possédé par lui.

En réalité, le but du pouvoir se confond avec le pouvoir.

Et si en soi le pouvoir est un moyen, il est métaphysiquement une fin avec laquelle le plus souvent l'homme politique s'identifie. En ce sens, il est immoral. LE POUVOIR ET LA SAGESSE "Celui-là est le plus puissant qui a tout pouvoir sur soi." Sénèque, Lettres XC, 4 av.

J.-C.- 65 apr.

J.-C. Si, pour la modernité, la philosophie est essentiellement une réflexion sur le savoir, pour les hommes de l'Antiquité, elle est une recherche de soi.

La puissance que désire Sénèque n'ambitionne pas la possession du monde.

C'est une vie de l'esprit capable de nous préserver des illusions et des désirs démesurés qui est le sens de l'activité philosophique.

Le sage ne possède rien, mais il accepte ce qu'il a et donne l'exemple aux autres hommes. SECOND CORRIGE La liberté peut être définie de deux manières 1) négativement comme le fait de ne pas subir de contrainte externe de la part d'un autre qui limiterait notre pouvoir d'action 2) positivement, comme la capacité de se déterminer soimême à prendre un parti plutôt qu'un autre.

Or si l'on prétendait forcer quelqu'un à être libre, cela signifierait qu'il serait contraint de l'extérieur à l'être et que donc le premier sens de la liberté ne pourrait pas être respecté.

Mais la liberté au premier sens est une condition de possibilité de la liberté entendue au second sens, car quelqu'un qui est. »