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Peut-on faire passez l'intérêt d'autrui avant son intérêt personnel ?

Extrait du document

« [En tant que citoyen, l'individu fait passer l'intérêt général avant le sien propre.

Il n'y a pas de morale véritablement efficace sans souci du bonheur de l'autre.

L'altruisme est une vertu qui témoigne de la bonté de certaines personnes.] Le pacte social Rousseau élabore la théorie de la volonté générale comme justification du pouvoir politique.

Pour pouvoir vivre en communauté, l'individu doit accepter de renoncer à son intérêt privé, à ses désirs égoïstes, au profit de la volonté générale de ses concitoyens.

En tant qu'il est citoyen, l'homme peut donc faire passer l'intérêt des autres avant le sien propre; telle est la nature du «pacte social». La morale, c'est le respect d'autrui Mon action est finalisée.

Je poursuis des buts : réussite professionnelle, bonheur...

Autrui est parfois pour moi un obstacle, le plus souvent un moyen dont je me sers.

Le respect d'autrui est au-delà de l'amour de soi.

Ce qui signifie pas que je doive me sacrifier et renoncer à tout.

Il y a certes des êtres qui sont portés à la bienveillance au point de prendre comme but de toutes leurs actions le bien d'autrui.

Mais un tel amour de l'humanité ne se commande peut-être pas.

Il est, en tout cas, difficile.

C'est la raison pour laquelle, le respect d'autrui ne peut prendre que la forme d'une obligation morale.

Respecter autrui, c'est ne pas le considérer simplement comme un moyen, mais toujours en même temps comme une fin en soi, cad comme un être qui a une dignité, une valeur absolue, qui se distingue radicalement des choses.

Respecter autrui, c'est respecter l'autre en moi-même, cad l'humanité qui est en moi.

Tel est le sens de la formule de l'impératif catégorique kantien : « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne d'autrui , toujours en même temps comme fin, jamais simplement comme moyen ». « Or je dis : l'homme, et en général tout être raisonnable, existe comme fin en soi, et non pas simplement comme moyen dont telle ou telle volonté puisse user à son gré ; dans toutes ces actions, aussi bien dans celles qui le concernent lui-même que dans celles qui concernent d'autres êtres raisonnables, il doit toujours être considéré en même temps comme un fin.

Tous les objets des inclinations n'ont qu'une valeur conditionnelle ; car, si les inclinations et les besoins qui en dérivent n'existaient pas, leur objet serait sans valeur.

Mais les inclinations mêmes, comme sources du besoin, ont si peu une valeur absolue qui leur donne le droit d'être désirées pour elles-mêmes, que, bien plutôt, en être pleinement affranchi doit être le souhait universel de tout être raisonnable.

Ainsi la valeur de tous les objets à acquérir par notre action est toujours conditionnelle.

Les êtres dont l'existence dépend, à vrai dire, non pas de notre volonté, mais de la nature, n'ont cependant, quand ce sont des êtres dépourvus de raison, qu'une valeur relative, celle de moyens, et voilà pourquoi on les nomme des choses ; au contraire, les êtres raisonnables sont appelés des personnes, parce que leur nature les désigne déjà comme des fins en soi, c'est-à-dire comme quelque chose qui ne peut pas être employé simplement comme moyen, quelque chose qui par suite limite d'autant toute faculté d'agir comme bon nous semble (et qui est un objet de respect) ». Kant, « Fondements de la métaphysique des moeurs ». Le texte de Kant est structuré par une série d'opposition.

La première distinction est celle des moyens et des fins en soi.

Est moyen ce qui ne sert que d'instrument à une action donnée, est fin en soi ce qui, par le simple fait qu'il existe, sert de principe dernier à toute action.

Il est bien évident que l'autre, dans la vie quotidienne, apparaît immédiatement comme un moyen (le boulanger), mais il ne doit jamais s'y réduire.

Tout être raisonnable (Kant emploie ce terme plutôt qu' « homme » pour montrer qu'il ne se situe pas au niveau. »

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