Peut on faire le bonheur des autres malgré eux?
Extrait du document
«
Angles d'analyse
·
Eléments de définition
Bonheur = = Du latin bonum agurium, « chance, bonne fortune ».
Au sens général, il s'agit
d'un état de satisfaction complète, caractérisé par sa plénitude et sa stabilité.
Chez Aristote = Le bonheur, fin que tout homme poursuit (même si les
hommes ne s'entendent pas sur sa nature), doit être rapporté à la réussite de
l'activité.
Or l'activité la plus élevée est celle de l'intelligence : penser vrai procure
donc le plus grand bonheur.
(Ethique à Nicomaque, LI, ch.
8-9 / LX, ch.
6-7 / Les
Politiques, L.
VII, ch.
1&3).
Chez les stoïciens = Le bonheur désigne la disposition de l'âme de celui qui vit
conformément à la nature.
(Sénèque, De la vie heureuse / Diogène Laërce, Vies
et opinions des philosophes, in Les Stoïciens, L.
VII).
Chez Kant = A) L'état dans le monde d'un être raisonnable à qui, dans le cours
de l'existence, tout arrive selon son souhait et sa volonté.
B) « Le bonheur est la
satisfaction de toutes nos inclinations tant en extension, c'est-à-dire en
multiplicité, qu'en intensité, c'est-à-dire en degré, et en protension, c'est-à-dire en
durée.
» Kant précise qu'à la différence des autres satisfactions qui sont vécues
dans un présent instable, inachevé, éphémère, le bonheur suppose une réflexion de
l'imagination qui récupère le passé et se projette dans l'avenir.
(Critique de la raison
pratique, I, LII, ch.
2, 5 / Critique de la raison pure, Méthode transcendantale, ch.
II, 2è section / Métaphysique des mœurs, Doctrine de la vertu, Intr., V).
Autrui = Au sens général, c'est l'autre comme moi qui n'est pas moi, comme corrélatif du
moi.
Chez Rousseau = Autrui désigne mon semblable, c'est-à-dire tout être qui vit
et qui souffre, avec lequel je m'identifie dans l'expérience privilégiée de la pitié
(Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes).
Chez Hegel = Autrui, donnée irrécusable comme existence sociale et
historique, est, dans une relation intersubjective, constitutif de chaque conscience
dans son surgissement même.
Il se définit comme désir, non pas simple désir d'objet
mais désir de désir, désir d'être reconnu.
D'où la « lutte à mort » pour la
reconnaissance où les consciences ne se constituent et ne se reconnaissent que
dans cette relation conflictuelle (Maître et esclave – dialectique).
Chez Husserl = Autrui est l'autre que moi, donné non comme objet autre mais
comme alter ego.
L'expérience d'autrui est celle d'une « intercorporéité » : la
comprésence de ma conscience et de mon corps se prolonge dans la comprésence
d'autrui et de moi (Méditations cartésiennes).
Chez Heidegger = l' « être-avec-autrui » est une expérience originelle, celle
de l' « l'être-avec », la découverte de notre humanité (Etre et Temps).
Chez Sartre = Autrui désigne ce moi-même dont rien ne me sépare si ce n'est
sa pure et totale liberté.
Par son regard, autrui est une présence sans distance qui
me tient à distance (L'Etre et le Néant).
Chez Levinas = « Autrui en tant qu'autrui n'est pas seulement alter ego : Il
est ce moi que je ne suis pas », cet infiniment autre se dérobe à moi et dont
l'altérité radicale déborde sans cesse l'idée que j'en ai.
Ainsi, paradoxalement,
« cette absence de l'autre est précisément sa présence comme autre.
» (Totalité
et Infini / De l'existence à l'existant)
·
Angles d'analyse
Il semble que le bonheur, bien qu'on ne puisse le définir claire de manière immédiate (chacun
paraissant avoir une conception individuelle du bonheur), on s'accorde néanmoins sur une
définition du bonheur comme aspiration fondamentale de l'homme.
Pourtant, cet accord résiste mal à la tentative d'en déterminer le contenu que chacun imagine
au gré de ses désirs et de ses espoirs : c'est en ce sens qu'il s'agit de se demander si un sujet
(possédant une vision singulière du bonheur) peut, c'est-à-dire encore à la fois à la possibilité
technique et la possibilité de droit, faire le bonheur d'un autre sujet (possédant lui aussi une
autre vision singulière du bonheur).
La difficulté réside d'autant plus dans le « malgré eux » : il semble en effet que déjà la question
du « faire le bonheur de l'autre », de droit comme de fait, n'est pas chose facile, mais si cet
autre ne le désire pas (puisque le « malgré eux » détermine un non-désir, voire un refus, de la
volonté des autres en question), alors cela est-il encore possible ?
Il s'agit en creux de s'interroger sur la notion de bonheur, pour essayer d'en déterminer la
nature : c'est cette nature et cette essence qui vont nous permettre de répondre à la
question, à la fois du point de vue du fait mais aussi du point de vue du droit..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- la conscience peut-elle faire obstacle au bonheur ?
- Qu'est-ce que faire le bonheur d'autrui ?
- Peut-on faire son bonheur tout seul ?
- Peut-on faire le bonheur des autres malgré eux ?
- Avons-nous le devoir de faire le bonheur des autres ?