Peut-on exprimer sa puissance sans dominer les autres ?
Extrait du document
«
Introduction :
Aristote définit tout être sous le couple acte/puissance.
Ce qui est en acte est ce qui est présent effectivement et
ce qui est en puissance est l'ensemble des actes possibles qu'un être peut effectuer.
Par exemple le médecin qui
dort est un dormeur en acte, mais c'est un médecin en puissance.
La puissance est généralement ce qui rend un
acte possible, mais plus particulièrement, la puissance de chacun est l'ensemble de ses talents propres qui le
différencient des autres.
Exprimer sa puissance signifie donc agire et la puissance permet d'agire dans un certain
sens, par exemple faire le bien.
Mais dans la vie sociale, tout acte est interprété, détourné de son sens premier.
Ce détournement est lié au fait de
se représenter les uns les autres et comme entraînés par la pesanteur, nous nous représentons la puissance des
autres comme une force que nous pouvons dominer ou qui peut nous dominer.
Tout accomplissement se fait en exprimant une puissance, accomplir le bien doit donc passer par l'expression d'une
puissance.
Mais les activités humaines sont prises dans un jeu concurrentiel qui transforme toute expression de
puissance en expression de force c'est à dire en tentative de domination.
Problématique :
Est on puissant par la force qu'on exerce sur les autres ou par soi même ?
I : Pas d'acte sans puissance.
1)
La puissance se définit comme la condition d'un acte.
Pour marcher, il faut que je sois en puissance de
marcher.
Il faut distinguer la puissance comme condition d'un acte de la domination qui est un rapport de
force qui consiste à prendre le dessus sur autrui.
2)
La puissance se définit par rapport à une entité, les rapports entre les puissances peuvent être répartis
en deux grandes catégories : pouvoir et domination.
Il faut distinguer la domination du pouvoir.
La domination
s'accapare, détourne et utilise ou écrase la puissance des autres.
Le pouvoir est une puissance d'accord qui
favorise la coexistence des puissances.
C'est par exemple la différence entre le gouvernement tyrannique et
le gouvernement démocratique.
3)
La domination est donc une certaine interaction des puissances qui les transforme en un rapport de force.
Avec Nietzsche, on peut distinguer les forces actives des forces réactives.
Les premières sont une puissance
d'accepter la vie dans son mouvement perpétuel, dans son instable devenir.
Les secondes sont des
impuissances ou une puissances négatives qui s'assemblent pour s'accaparer la puissance des forts , c'est à
dire pour les dominer.
II : Le détournement de la puissance en force.
1)
Le fait d'être en société implique la représentation.
Dans un processus que Hegel a appelé la dialectique
des consciences, les consciences ne naissent pas isolées, elles naissent les unes dans les autres de leur
représentations réciproques.
X voit Y et Y voit que X le voit, ils sont projetés dans le monde de la
représentation.
C'est dans ce détour de la représentation que les puissances se transforment en forces : en
me représentant l'autre, je l'évalue est cette évaluation le détermine comme une certaine valeur sur une
échelle, une certaine force qui pourrait agir sur moi.
Hobbes a qualifié la vie sociale de « guerre de tous
contre tous » à cause de ce jeu constant de représentation et d'évaluation.
2)
La dialectique des consciences débouche selon Hegel sur une dialectique du maître et de l'esclave : celui
qui a le plus d'autorité sur l'autre le domine et l'asservit.
Cela montre que dans la vie sociale la puissance ne
peut jamais être l'affirmation positive de soi comme la force active de Nietzsche, le champ de la
représentation détourne les puissances dans une guerre des regards où la domination est la seule fin.
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