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Peut-on évaluer une civilisation de par ses progrès techniques ?

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« La technique, par son progrès, est souvent valorisée, au point d'être tenue pour un critère de civilisation.

En effet, elle caractérise le mode d'être humain, en rupture avec le monde animal.

De plus, les découvertes techniques jouent un rôle considérable dans l'amélioration des conditions de vie, avec toutes les conséquences que cela a sur les autres aspects culturels. Cependant, le pouvoir que la technique donne à l'homme, sur la nature et sur les autres hommes, peut se retourner contre lui, jusqu'à l'aliéner ou le détruire, comme l'histoire le montre.

Ainsi, le progrès technique est à double tranchant.

Il conduit à poser un problème qui ne relève pas que de la technique, mais aussi de la politique et de la morale et, en général, des valeurs d'une civilisation. [Plus l'homme est évolué, plus sa technique l'est également.

Le développement technique est donc le signe de son évolution.

Les civilisations techniquement très développées dominent les autres.] La civilisation, c'est la technique A la suite d'Aristote, de nombreux penseurs ont souligné la dépendance étroite et réciproque entre l'intelligence de l'homme et la fabrication d'outils, de de techniques L'outil est un intermédiaire entre l'homme et la nature, il est un prolongement du corps anatomique.

A la différence des animaux, les hommes ne sont plus tributaires de leur propre capacité organique.

Leur possibilité d'action sur la nature se trouve ainsi considérablement agrandie.

Sans doute, l'usage d'outils est-il propre à des animaux.

Ainsi, par exemple, les singes peuvent contre leurs ennemis, se servir de pierres ou prendre tout ce qu'ils peuvent trouver qui a une force percutante.

Mais ces outils ne sot pas fabriqués, ils ne sont pas mis en réserve ou préparés.

Ils sont fournis par la Nature et utilisés dans l'urgence du moment.

Certains hominidés sont aussi capables de fabriquer des outils, d'emmancher deux bambous, par exemple.

Mais ces outils ne sont pas perfectionnés.

On peut affirmer que l'outil qui existe à l'état rudimentaire chez les animaux devient un caractère distinctif de l'espèce humaine.

La main n'est « pas un outil, mais plusieurs » (Aristote, IVe siècle av. J.C, Traité des Parties des animaux).

La main, a écrit Kant (XVIIIe s.) signale chez l'homme le « congé définitif» que l'intelligence donne à l'instinct. La main, organe doué d'expressivité.

Pensez aussi au caractère éminemment individuel de la main : empreintes digitales, graphologie, lignes de la main, expressivité de la main du musicien, etc. A la différence de l'animal, l'homme crée les moyens de son travail : les outils.

L'outil est une sorte de ruse de la raison, qui se détourne provisoirement du but à atteindre, pour construire un moyen d'action efficace : fabriquer un marteau, c'est différer d'enfoncer le clou...

pour l'enfoncer plus facilement.

Marx a repris à son compte la définition de Franklin : l'homme, écrit-il, est un toolmaking animal, un « animal fabricateur d'outils » (Le Capital, 1867).

On dit souvent, dans le même sens, que l'homo sapiens est d'abord un homo faber. « Ce n'est pas parce qu'il a des mains que l'homme est le plus intelligent des êtres, mais c'est parce qu'il est le plus intelligent qu'il a des mains.

En effet, l'être le plus intelligent est celui qui est capable de bien utiliser le plus grand nombre d'outils: or, la main semble bien être non pas un outil, mais plusieurs.

Car elle est pour ainsi dire un outil qui tient lieu des autres.

C'est donc à l'être capable d'acquérir le plus grand nombre de techniques que la nature a donné l'outil de loin le plus utile, la main.

Aussi, ceux qui disent que l'homme n'est pas bien constitué et qu'il est le moins bien partagé des animaux (parce que, dit-on, il est sans chaussures, il est nu et n'a pas d'armes pour combattre), sont dans l'erreur.

Car les autres animaux n'ont chacun qu'un seul moyen de défense et il ne leur est pas possible de le changer pour un autre, mais ils sont forcés, pour ainsi dire, de garder leurs chaussures pour dormir et pour faire n'importe quoi d'autre, et ne doivent jamais déposer l'armure qu'ils ont autour de leur corps ni changer l'arme qu'ils ont reçue en partage.

L'homme, au contraire, possède de nombreux moyens de défense, et il lui est toujours loisible d'en changer et même d'avoir l'arme qu'il veut et quand il le veut.

Car la main devient griffe, serre, corne, ou lance ou épée ou toute arme ou outil. Elle peut être tout cela, parce qu'elle est capable de tout saisir et de tout tenir.

» ARIST0TE La technique exprime le niveau du savoir Grâce à la technique, l'homme peut se rendre, selon l'expression célèbre de Descartes, «maître et possesseur de la nature» (Discours de la méthode).

Elle est ainsi un moyen au service d'une fin: le bien vivre de l'homme. Or, tout ce qui contribue au mieux être de l'homme doit être considéré comme indice de la valeur d'une civilisation. Les différences entre les civilisations sont multiples, mais s'attestent notamment sur le plan technique.

Et les conséquences du progrès technique se retrouvent dans le mode de vie, le plus grand confort, la libération des hommes moins soumis aux dangers de toutes sortes.

Aristote montre par exemple que la philosophie est née dans un pays, la Grèce, où le loisir était rendu possible grâce au confort lié au développement technique. La technique joue un rôle dans l'évolution des autres éléments de la civilisation : échanges économiques, relations humaines, savoir, vie de l'esprit.

Certaines civilisations se distinguent par le dynamisme de leur progrès technique à certains moments de leur histoire.

La civilisation chinoise, par exemple, s'est montrée très. »

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