Peut-on être libre tout seul ?
Publié le 11/12/2023
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Dissertation
→ Sujet : Peut-on être libre tout seul ?
Être libre signifie n’être soumis à aucune contrainte, avoir le pouvoir d’agir : la liberté
physique est liberté de mouvement et spontanéité d’action.
Il faut également pouvoir se déterminer
à sa guise : la liberté politique suppose d’être soi-même son propre maître.
Enfin, il s’agit en
quelque sorte d’avoir le libre arbitre tout le temps dans n’importe quelle circonstance sans avoir à se
soucier des autres : au sens moral, la liberté suppose la responsabilité de ses actes et la possibilité de
choisir entre le bien et le mal, le libre arbitre.
En parallèle "être seul" pourrait vouloir caractériser
un état qui serait le fait de ne pas être en compagnie d'autrui, d'être isolé, de se tenir à l'écart.
On
voit bien qu' « être libre » et « être seul » sont deux groupes de mots qui ont quand même un certain
lien puisque dans ces deux termes il y a l'idée « qu'un individu lambda n'intervienne pas dans la vie
de l'autre »; l'un pour ne pas entraver, déranger, dégrader son état de liberté et favoriser son libre
arbitre et dans l'autre pour respecter en quelque sorte son envie de solitude, donc laisser la personne
« marginalisée », mise à l'écart.
Autrui serait donc l’horizon limite de ma liberté.
Dès lors la
condition de possibilité de la liberté n’est-elle pas la solitude ? La solitude est-elle un moyen d’être
libre ?
Il semble que plus nous participons à la vie sociale, plus nous devons renoncer à notre
liberté, c’est-à-dire faire des compromis et nous contenter d’arrangements.
Faire telle ou telle action
pour un individu est son droit, c'est un plaisir pour lui, pourtant il ne pourrait le faire tout
simplement parce qu'il dérangerait son voisinage.
Cet individu va donc être face à une contrainte, et
il devra s'imposer des barrières, des limites pour respecter ceux qui vivent à proximité de lui.
Les
autres représentent donc bien une contrainte à la liberté individuelle et sont donc un obstacle à
l’épanouissement personnel de l’autre.
Tant qu'une personne vivra en société, elle ne pourra en soi,
jamais atteindre l'état d'une liberté dite d'indépendance absolue.
N’est-ce pas là le sens même de la
vie sociale, vivre dans l’échange et la contrepartie ? Dans Le Contrat social, Rousseau thématise ce
renoncement à une liberté primitive comme passage d’un régime anarchique où chaque volonté
individuelle cherche à se faire entendre au régime social où règne la volonté générale.
En tant que
citoyen je dois me plier à celle-ci, autrement dit mettre entre parenthèses ma volonté particulière et
donc aliéner ma liberté, en contrepartie mon appartenance à la communauté est reconduite.
Dès lors quelle place me reste-t-il au sein de la société pour exercer ma liberté ? N’est-ce pas
encore Rousseau, l’auteur des Rêveries du promeneur solitaire, qui nous souffle que ce ne peut être
qu’à l’abri du bruit et des contraintes de la société ? Selon Simone de Beauvoir, « On dit toujours
que la solitude pour une femme, c’est si triste […].
Je ne le crois pas.
[…] Je crois que c’est une
option qu’il faut proposer à toutes les femmes […] de réserver toujours, une certaine zone de
solitude, que ce soit pour rêver, lire, penser ; une zone de liberté.
», Ce peut donc être par une
« zone de solitude » que le sujet maintient une liberté individuelle par delà les contraintes de la
société.
Mais cette économie sociale dans laquelle la liberté est reléguée dans la sphère privée de
chacun, dans la sensibilité et l’imagination des hommes, nous paraît tout à fait logique : les libertés
de chacun ne sauraient cohabiter les unes les autres, de nouveau ce serait la loi du plus fort, du plus
persuasif qui régnerait.
Cependant il nous faut préciser ce point de vue : de quelle liberté parle-ton ? Ne confond-t-on pas ici liberté et licence ?
La licence est liberté excessive qui tend au dérèglement moral, c’est la possibilité de pouvoir
faire ce qui me plaît.
Dans le film Into the Wild réalisé par Sean Penn en 2007, le protagoniste pense
atteindre la liberté absolue en partant vivre dans les contrées sauvages d’Alaska (nature sauvage,
« wilderness » en anglais), c’est-à-dire en s’affranchissant des contraintes de la société.
Cependant, si l'homme avait préféré vivre reclus sur lui-même, en ne côtoyant pas ses
semblables, l'espèce humaine ne serait sûrement pas ce qu'elle est aujourd'hui.
Et aujourd'hui
encore, la théorie reste la même, un homme seul ne peut être libre, car il ne peut se suffire....
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