Peut-on être juste si les autres ne le sont pas ?
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Un juste est un sage qui observe ses devoirs sans compromission, ni défaillance et respecte rigoureusement
les droits de chacun (equité, égalité).
Etre juste d'un point de vue moral, c'est rendre à chacun ce qui lui
revient et ainsi traiter les autres comme soi-même.
On comprend donc que la justice implique un
comportement contraire aux instincts égoïstes de l'homme.
L'acte juste poursuit le bien commun.
Dès lors, on
peut se demander si l'homme est capable d'être juste de lui-même, ou s'il ne l'est que par contrainte?
1)- La justice des sentiments et ses limites
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Les relations de concorde et d'amitié qui existent entre les personnes, montrent que les hommes sont
capables de se rendre service mutuellement, donner de soi à l'autre.
Les sentiments d'amour, d'amitié,
d'affection, de sympathie résolvent d'emblée la question du rapport juste.
Dans ce cas, les hommes se font
confiance et n'ont pas peur d'être lésés.
Aristote reconnaissait d'ailleurs au-delà de la justice la nécessité de
la philia, ce sentiment de bienveillance qui anime les personnes les unes à l'égard des autres.
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Plus loin que la sphère des personnes proches, la charité est l'action par laquelle, l'homme tente sur un
plan individuel et concret, de corriger les injustices qui règnent dans la société.
La charité instaure une
communauté de personnes, ou comme le dit Madinier dans Conscience et amour, elle « s'efforce de
substituer à l'ordre des Lui, l'ordre des Toi et Moi de façon à créer un véritable Nous ».
Un homme charitable
se conduit de manière juste, dans la mesure où il vient en aide aux plus démunis, pour pâlier aux
insuffisances du système social.
De plus il réalise cet acte de manière purement autonome et volontaire, car
rien ne l'oblige à aider les pauvres.
Ces personnes animées par l'amour de l'homme en général essaient de
donner à chacun ce qui lui revient, selon le principe : «Fais à autrui ce que tu voudrais qu'il te fît ».
Sans la
dimension affective, le sens de la justice serait difficile à cerner de manière concrète.
Il y a toujours un sens
du pathétique, de la souffrance, dans l'appel qui dit « non, ce n'est pas juste! ».
Rousseau à ce propos
explique que l'homme est attaché à ses semblables à travers le sentiment de leur peine d'avantage qu'à
travers le plaisir.
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La charité est donc amour du prochain, cet acte spontanné mérite respect, cependant il demande une
grande générosité du fait qu'il soit purement gratuit.
Le problème est que tous les hommes ne semblent pas
assez tournés vers les autres pour être juste avec tout le monde sans exception.
Les rationalistes soulignent
ainsi le danger de considérer la charité comme une action séparée de la justice qui elle se limite alors au
simple respect de l'ordre établi.
Le problème réside dans le fait qu'à ce titre, la charité revêt un caractère
facultatif alors que son action corrige à peine les injustices régnantes.
De plus ces actes isolés rendent
l'initiative charitable partielle et partiale (car tout le monde n'en bénéficie pas).
2)- La justice sociale
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Pour être juste avec ses semblables, l'homme doit évoluer dans un cadre
qui l'oblige à respecter de manière continue et dans toute circonstance les
droits de chacun.
Dans son Liévathan, Hobbes expose l'idée selon laquelle,
le droit et par conséquent la justice, se ramènent dans tous les cas à la
force.
Dans l'état de nature, l'homme est un loup pour lui-même.
Tout ce qui
est possible, est permis et c'est la loi du plus fort qui domine.
Les hommes
sortent de cet état par crainte de la mort violente.
Ils mettent alors en place
l'état politique où chacun abdique ses droits absolus au profit d'un souverain
chargé de faire régner l'ordre.
D'un naturel profondément égoïste et
cherchant sans cesse à surpasser ses semblables, l'homme ne peut respecter
les autres et être juste que sous la contrainte..
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