Peut-on être citoyen du monde ?
Extrait du document
«
[Il n'existe pas plusieurs races humaines.
Les hommes
ont progressivement conquis la Terre.
Les progrès de
la civilisation aboutissent à l'abolition des frontières
et des particularismes nationaux.]
L'humanité est une
Le mythe d'Adam et Ève n'est pas totalement dénué de vérité.
La biologie pense que l'homme est issu de la
rencontre de deux êtres ayant subi certaines mutations génétiques.
Voilà qui donne consistance à cette
déclaration de Robespierre: «Les hommes de tous les pays sont frères, et les différents peuples doivent
s'entr'aider selon leur pouvoir, comme les citoyens d'un même État» (Opinion du 24 avril 1793) .
Le cosmopolitisme et le sens de l'histoire
Kant, dans Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique et dans Projet de paix perpétuelle,
montre qu'une fois tous les territoires conquis par les hommes, il est nécessaire de constituer un État des
nations formulant des lois valables pour «tous les peuples de la terre».
L'originalité du texte de Kant, paru pour la première fois en 1795 alors
que l'Europe est dévastée par des guerres qui désormais ne concernent
plus seulement les « professionnels » (cf.
la levée en masse du côté
français), tient déjà au titre retenu.
Certes, il fait allusion à l'abbé de
Saint-Pierre dont le Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe eut
un réel retentissement en 1713, au lendemain des campagnes de Louis
XIV.
Mais Kant a, de façon significative, éliminé toute référence
circonstancielle.
Il s'agit désormais de penser la paix comme une
exigence universelle, et d'autre part d'arracher celle-ci à la guerre.
Rechercher la paix perpétuelle, c'est se donner les moyens d'éliminer de
façon définitive la guerre.
Après avoir toutefois rappelé que la guerre est aussi un facteur de
progrès (elle pousse les peuples à s'installer dans des régions
inconnues, elle mobilise toutes les énergies techniciennes), Kant expose
les conditions selon lui nécessaires à la disparition des conflits
internationaux.
Il plaide ainsi en faveur de la dissolution des armées de
professionnels et des armées permanentes — « Les armées
permanentes doivent entièrement disparaître avec le temps ».
Lorsqu'on dispose d'une arme à portée de main on est toujours enclin à
l'utiliser.
Il faut en outre que le régime républicain progresse à travers
l'Europe.
Là, les sujets sont des citoyens et décident eux-mêmes de la
guerre et de la paix, ils n'abandonnent pas le sort de la communauté au
caprice d'un Prince et à la défense de ses intérêts particuliers.
Enfin, Kant propose de soumettre les nations à
une autorité commune, sur le modèle du pacte social, car la sécurité passe par la contrainte :
« Il n'y a, aux yeux de la raison, pour les états considérés dans leurs relations réciproques, d'autre moyen de
sortir de l'état de guerre où les retient l'absence de toute loi, que de renoncer, comme les individus, à leur
liberté sauvage, pour se soumettre à la contrainte des lois publiques et former ainsi un Etat de nations qui
croîtrait toujours et embrasserait à la fin tous les peuples de la terre.
»
Le cosmopolitisme est le plan caché de la Nature et la paix perpétuelle en est l'un des agents.
Or, ce
cosmopolitisme apparaît d'abord comme une idée régulatrice destinée à nous permettre de penser le progrès
de l'espèce.
De même que la Paix perpétuelle est un projet (jeter devant), un horizon.
Le texte de Kant a
inspiré la création de la SDN et de l'oNu, avec des résultats mitigés on le sait.
"Que le monde est mauvais, c'est là une plainte aussi ancienne que l'histoire et même que la poésie
plus vieille encore, bien plus, aussi ancienne que le plus vieux de tous les poèmes, la religion des
prêtres.
Pour eux tous néanmoins le monde commence par le Bien; par l'âge d'or, la vie au Paradis,
ou par une vie plus heureuse encore, en commun avec des êtres célestes.
Toutefois ils font bientôt
disparaître ce bonheur comme un songe; et alors c'est la chute dans le mal (le mal moral avec lequel
le physique alla toujours de pair) qu'ils font se précipiter en l'accélérant pour notre chagrin; en sorte
que maintenant (mais ce maintenant est aussi vieux que l'histoire) nous vivons aux derniers temps,
que le dernier jour et la fin du monde sont proches [...].
L'opinion héroïque opposée, qui s'est établie
sans doute seulement parmi les philosophes et à notre époque notamment chez les pédagogues, est
plus nouvelle, mais bien moins répandue, à savoir que: le monde progresse précisément en sens.
»
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