Peut-on être à la fois ignorant et sage ?
Extrait du document
«
Le scientifique n'a pas forcément l'intelligence et le sens de la vie
Imaginons qu'un jeune homme hésite à se marier.
Il va consulter un grand mathématicien.
Il lui expose la situation
en détail et lui demande: «Dois-je me marier?» Il est fort probable que le mathématicien refusera de répondre à la
question ou se contentera de lui rappeler les statistiques du taux de divorce! Et si le mathématicien répond, sa
réponse sera suggérée par son bon sens nourri par son expérience existentielle, non par les mathématiques.
On n'apprend pas la vie dans un laboratoire
Les sciences de la nature mettent en rapport avec le réel mais ne donnent que des résultats quantitatifs.
Le
scientifique étudie les constantes qui lient les phénomènes entre eux.
Il quantifie les relations causales du
déterminisme naturel.
Or, dans le domaine de l'humain, les données quantitatives ne suffisent pas.
L'essentiel est de
l'ordre de la qualité.
De plus, les sciences expérimentales (physique, chimie, ou biologie) entraînent des habitudes
d'esprit qui ne préparent pas à résoudre les problèmes que l'on pose au sage.
On ne peut juger sagement que par
une expérience vécue qui n'a aucun rapport avec l'expérience de laboratoire.
Faire une expérience n'est pas avoir de
l'expérience.
A cet égard, Bergson oppose l'intelligence scientifique à l'intuition philosophique.
Husserl dira:
"De simples sciences de faits forment une simple humanité de fait...
Dans la
détresse de notre vie...
cette science n'a rien à nous dire.
Les questions
qu'elle exclut par principe sont précisément les questions qui sont les plus
brûlantes à notre époque malheureuse pour une humanité abandonnée aux
bouleversements du destin : ce sont les questions qui portent sur le sens ou
l'absence de sens de toute cette existence humaine...
Ces questions
atteignent finalement l'homme en tant que dans son comportement à l'égard
de son environnement humain et extra-humain il se décide librement, en tant
qu'il est libre...
de donner à soi-même et de donner au monde ambiant une
forme de raison.
Or, sur la raison et la non-raison, sur nous-mêmes les
hommes en tant que sujets de cette liberté, qu'est-ce donc que la science a
à nous dire ? La simple science des corps manifestement n'a rien à nous dire,
puisqu'elle fait abstraction de tout ce qui est subjectif.
En ce qui concerne
d'autre part les sciences de l'esprit, qui pourtant dans toutes leurs disciplines,
particulières ou générales, traitent de l'homme dans son existence spirituelle,
il se trouve, dit-on, que leur scientificité rigoureuse exige du chercheur qu'il
mette scrupuleusement hors-circuit toute prise de position axiologique .
Mais
est-il possible que le Monde et l'être humain en lui aient véritablement un
sens si les sciences ne laissent valoir comme vrai que ce qui est constatable
dans une objectivité de ce type ?"
Articulation des idées
Idée centrale : des sciences qui ne s'attachent qu'aux faits (les sciences positives) ne peuvent répondre aux
questions essentielles et angoissantes qui se posent à l'homme.
Explication:
a) Les sciences des corps (physique, biologie, etc.) ignorent tout ce qui est subjectif (qui appartient au sujet en
tant que conscience).
Or l'homme est avant tout un sujet conscient et libre, qui se donne et donne au monde une « forme de raison »,
dont les sciences physiques ne se préoccupent pas.
b) Les sciences de l'esprit (psychologie) prétendent, au nom précisément de leur scientificité, exclure tout jugement
de valeur (bien et mal).
Elles ne peuvent donc pas non plus éclairer l'homme sur la valeur de ses actes.
Conclusion générale : de telles sciences ne se préoccupent pas du sens des choses.
Or c'est le sens ou l'absence
de sens de son existence qui importe le plus à l'homme.
HUSSERL : LES SCIENCES IGNORENT LE SENS DE L'EXISTENCE.
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