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Peut-on écrire l'histoire du présent ?

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« ANALYSE DU SUJET Il convient de définir ici « histoire » et « présent » de façon que nous puissions nous poser effectivement un problème.

Or si nous définissons l'histoire par la relation (explicative ou non) de ce qui est passé, de ce qui n'est plus, nous ne pouvons développer aucune problématique et le traitement du sujet tourne court dès l'abord : ce qui n'est plus ne saurait être présent à rigoureusement parler. Par contre, si nous définissons l'histoire comme Marc Bloch (Apologie de l'histoire ou métier d'historien, p.

3) à savoir science des hommes dans le temps, une problématique peut se développer, des questions ayant quelque sens apparaître. ÉLÉMENTS DE RÉFLEXION • Pourquoi les méthodes éprouvées dans la recherche et l'élaboration du passé ne pourraient-elles servir à une histoire du présent (si Ton entend évidemment par présent non l'instant s'évanouissant entre passé et futur, mais une certaine «durée») ? • Ne pourrait-on objecter que l'historien a besoin de la sécurité que donnerait un certain recul sur l'événement ? Mais ce serait lui interdire aussi des pans entiers du passé dans la mesure où ce passé peut encore susciter les passions et les prises de parti. • Refuser la possibilité d'une histoire du présent en raison du risque de passions qu'il comporte, ne serait-ce pas se méprendre sur le processus d'objectivation en histoire (qui n'exclut sans doute pas — car est-ce possible ? — toute passion, toute subjectivité)? • Ne pourrait-on même poser que c'est le « choc » des passions qui (rapporté à l'exigence de preuves) est l'un des moteurs les plus puissants de ce processus d'objectivation ? INTRODUCTION Définition des termes et problématisation : Les deux termes clés du sujet sont « histoire » et « présent ». L'histoire est une discipline scientifique qui a pour particularité d'être son propre objet.

Elle porte sur ce qui s'est déroulé jusqu'à maintenant, autrement dit le passé.

Pour ce faire ses méthodes sont différentes, elle peut être descriptive, explicative ou encore interprétative.

Parler « d'une histoire du présent » semble donc de prime abord paradoxal dans la mesure où l'histoire est essentiellement science du passé.

D'autre part faire du présent l'objet d'étude de cette science s'avère périlleux dans la mesure où notre proximité d'avec le présent ne nous permet pas d'avoir un esprit critique par rapport à ce qui fait véritablement l'histoire.

Le présent comme ce qui est, certes, mais surtout comme ce qui est insaisissable, fluctuant, divers n'offre pas à l'histoire d'objet délimité et semble donc être un mauvais candidat au statut d'objet historique.

Il est important de noter que le sujet nous invite à nous interroger sur une histoire du présent à côté d'une histoire du passé.

Il ne s'agit donc pas de redéfinir l'histoire et de la réduire à une science du présent mais de réfléchir sur la possibilité ou l'impossibilité de l'histoire d'avoir un autre objet que le passé, à savoir le présent. PLAN DETAILLE Première partie : L'histoire porte sur le passé et la vie au présent est non historique.1.1 Le regard de l'historien ne peut être qu'un regard rétrospectif sur ce qui a été. « Tout ce qui est devenu est, par là même, de l'histoire ; car même si l'on ne peut faire aucune affirmation historique là-dessus, l'attribut décisif de l'histoire reste toujours affirmable : elle est devenue.

Les faits dont le devenir est le devenir simultané (l'espace) n'ont pas d'autre histoire que celle-ci ; mais même ainsi, et sans tenir compte de ce qu'une interprétation plus spirituelle appelle plus particulièrement l'histoire de la nature, la nature a de l'histoire. Mais l'histoire est le passé (car le présent en bordure de l'avenir n'est pas encore devenu l'histoire) » KIERKEGAARD, Miettes philosophiques. 1.2 L'animal est englué dans le présent et c'est pourquoi il est dit avoir une existence non-historique. « C'est une merveille : le moment est là en un clin d'oeil, en un clin d'oeil il disparaît.

Avant c'est le néant, après c'est le néant, mais le moment revient pour troubler le repos du moment à venir.

Sans cesse une page se détache du rôle du temps, elle s'abat, va flotter au loin, pour revenir, poussée sur les genoux de l'homme.

Alors l'homme dit : « Je me souviens.

» Et il imite l'animal qui oublie aussitôt et qui voit chaque moment mourir véritablement, retourner à la nuit et s'éteindre à jamais.

C'est ainsi que l'animal vit d'une façon non historique : car il se réduit dans le temps, semblable à un nombre, sans qu'il reste une fraction bizarre.

Il ne sait pas simuler, il ne cache rien et apparaît toujours pareil à lui-même, sa sincérité est donc involontaire.

L'homme, par contre, s'arcboute contre le poids toujours plus lourd du passé.

» NIETZSCHE, Seconde considération intempestive, 1. Transition : Une histoire du présent semble difficilement envisageable dans la mesure où elle est inhérente au passé. »

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