Peut-on échapper aux exigences de la conscience ?
Extrait du document
«
La conscience a-t-elle des "exigences" à proprement parler ? La conscience consiste d'abord en une mise à distance du monde et de
soi-même : je vois cette table mais je sais que je vois, je ne m'identifie pas purement et simplement à la table, j'agis mais je sais que
j'agis, etc.
Pour donner un premier sens à ce terme d'exigence, il faut penser "la mise à distance" qu'implique la conscience comme une
exigence de pensée : j'agis mais je sais que j'agis en agissant, c'est qu'on appelle la conscience réflexive, je réfléchis mon action.
En
d'autres termes, pour donner sens au sujet, il faut sans doute comprendre la conscience comm e ce qui implique l'obligation de se penser
e t d e s'interroger, de penser le monde et de l'interroger.
Or peut-on échapper à la conscience réflexive ? L'homme peut-il s'empêcher
d'intentionnaliser le monde (Husserl, Méditations cartésiennes) ? Peut-on agir, coller à son action sans se poser aucune question — non
pas même morale, mais simplement sur le sens de ce qu'on fait ? Il s'agit de savoir si l'homm e "peut" se passer de réflexion en ce sens
strict : s'il a cette possibilité, ce choix-là, ou s'il ne l'a pas, s'il est condamné à être distance de soi-même.
Nietzsche explique que la
conscience est considérée à tort comme le centre de décision des actions ; en réalité, elle n'est qu'un "épiphénomène", un phénomène de
surface qui ne modifie l'action ni m ê m e l a p e n s é e , m a i s une qualité qui vient s'ajouter à l'action ou à l a p e n s é e d o n t le processus de
production est inconscient.
Autrement dit, on ne peut pas "tuer" la conscience; mais ce qu'elle reflète n'est jamais cause de quoi que ce
soit, la conscience n'a pas d'efficace car elle est un pur reflet passif, elle n'est cause de rien (§ 354, "Du génie de l'espèce", livre V, Gai
savoir).
Par rapport à la conscience morale, si l'homme peut échapper aux exigences de cette conscience, ne doit-il pas s'en em pêcher ?
Devrait-on appeler inconscient tout acte mauvais, si l'on ne peut échapper aux exigences, ou serait-ce de la mauvaise foi (Sartre) ? Pour
Sartre, la conscience est nécessaire au devenir de l'homme puisque la conscience est exactem ent ce par quoi l'homme nie ce qu'il a été
pour se faire être ce qu'il devient ; la conscience n'est pas séparable du faire de l'homme, de son action.
Si l'homme peut dépasser le
donné, ou ce qui est ou la nature, c'est qu'il le dépasse par un projet qu'il se donne, un projet tout à fait conscient.
Autrement, si le "faire"
de l'homme est ce qui lui permet de devenir autre, cette possibilité est suspendue au projet, ou aux exigences de la conscience comme
m i s e à distance ou possibilité de nier ce qui est.
Autrement dit, la réflexion ou la conscience réflexive est u n e fausse exigence d e l a
conscience, à laquelle on peut échapper ; par contre, on ne peut pas échapper aux exigences de la conscience au s e n s o ù o n n e p e u t
éviter d'être à distance du donné.
SENS DU SUJET :
La conscience d e soi fournit au sujet les moyens d'un e x a m e n critique sur lui-même ; sinon c'est d e l'inconscience.
L'exigence d e l a
conscience peut nous échapper non seulement dans l'inconscience mais aussi dans la transgression volontaire des règles morales.
Si l'on
peut échapper, le doit-on ?
DÉLIMITATION DU SUJET :
Étendue et intensité du champ de conscience.
Inconscience et inconscient Involontaire et volontaire Responsabilité et liberté.
La mauvaise
foi.
LES REFERENCES :
Descartes : DISCOURS DE LA METHODE
Aristote : ETHIQUE A NICOMAQUE
Kant : FONDEMENT DE LA METHAPHYSIQUE
Sartre : L'ETRE ET LE NEANT
Freud : TOTEM ET TABOU
AUTRE PROBLÉMATIQUE :
Devoir de réserve
Droit de conscience
INTRODUCTION
Difficile d'échapper à la conscience de soi et des autres.
Depuis R.
DESCARTES nous savons que la conscience de soi est liée à l'activité de
la pensée et accompagne, sous la forme du cogito ergo sum, en permanence nos représentations.
Or, si la conscience définit l'homme et
le qualifie par rapport à l'animal, la posséder ne signifie pas l'exercer.
Il y a un écart entre exigence
ontologique de la conscience et l'exercice historique de la conscience.
Ainsi on peut échapper aux exigences de la conscience par oubli (ce
qui pourrait être considéré c o m m e m o i n s grave moralement) ; mais on peut y échapper par volonté d e m a l faire, d'oublier les
conséquences morales de nos actes.
I - PARTIE :L'INCONSCIENCE
L'ÉCHAPPATOIRE : Posséder une conscience n'implique pas forcément son exercice nécessaire.
Cet écart ontologique entre la puissance
et l'acte autorise cet échappatoire qu'est l'oubli.
En s'oubliant le sujet agit sans réflexion.
Il ne contrôle plus s e s actes à travers
l'évaluation consciente qui distingue l'intention d e l'action.
La passion, les états de dépendance peuvent atténuer les exigences d e la
conscience en libérant le sujet des contraintes de la vie sociale.
L'ALIBI DE L'INCONSCIENT : A la différence de l'inconscience, qui est un état passager pour échapper à la conscience, l'inconscient sert
d'alibi : en effet, constitué sur la base du refoulement par la conscience des représentations qui la perturbent, l'inconscient sert d'excuse
pour celui qui se défoule d'une surcharge pulsionnelle.
Le surmoi n'aurait pas été suffisamment exigeant pour interdire le défoulement.
La
conscience s'échapperait alors à elle-même en constituant son contraire.
Si l'homme est obscur à lui-même, il ne faut pas imaginer que l'inconscient désigne un autre moi, qui serait le double caché et secret de
m a conscience.
Cet inconscient serait un mauvais ange, un conseiller diabolique, avec ses préjugés, ses ruses et ses passions.
Toute
pensée procède en nous de la conscience, par laquelle seule nous nous définissons comme sujet.
Le rêve n'est pas une pensée car toute
pensée est volontaire.
C e q u i é c h a p p e d o n c à notre conscience et à notre volonté ne relève pas d'un psychisme inconscient, mais d'un
mécanisme corporel.
Quand la conscience est assoupie, le corps livré à lui-même, induit des sentiments et d e s représentations qui
reflètent son bien-être ou son inconfort.
Donner une existence et une consistance à l'inconscient, c'est idolâtrer le corps, craindre ce qui est
inférieur et normalement soumis à notre volonté consciente, si l'on en fait le ressort secret de notre volonté et de notre conscience.
Il y a
une faute morale capitale à craindre son inconscient en y voyant un autre m oi que je connais mal mais qui me connaît et me conduit.
L'homme ne tire sa dignité que de sa conscience par laquelle il veut ce qu'il pense et pense ce qu'il veut.
L'homme n'est grand que par sa
liberté, la pensée que rien ne l'engage ni ne le force sinon lui-même.
La conscience est moralement destinée à dominer le corps et ses
mécanismes obscurs.
ÊTRE HORS DE CAUSE : pourtant le point commun à l'inconscience et à l'inconscient est de chercher une ex-causa (excuse) afin de se
dédouaner d e s exigences morales d e la conscience.
Pouvoir y échapper (nous avons démontré en quoi cela est toujours possible)
n'implique pas qu'il soit moralement estimable d'y échapper..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- peut-on échapper aux exigences de la conscience ?
- Peut-on échapper aux exigences de la conscience ?
- Est-il légitime de faire prévaloir les exigences de la conscience sur celles de l'État ?
- la conscience nous condamne a l'inquiétude ?
- Peut-on échapper au temps ?