Peut-on échapper au temps ?
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«
Qu'est-ce que le temps ? Milieu indéfini et homogène dans lequel se déroulent les événements successifs , tantôt
synonyme de durée , période à l'intérieur de laquelle se situent certaines actions, le temps existentiel est
certainement le plus facile à saisir, car c'est sans nul doute le temps vécu, subjectif à tonalité essentiellement
affective, le temps de l'attente, de l'espérance, de l'angoisse et du regret, qualitatif, le problème c'est qu'il ne peut
se mesurer, alors que le temps opératoire est celui de l'action des choses, objectif, quantitatif, il est mesurable.
Toute la question est de savoir si l'on peut échapper au temps ? Encore faut-il savoir de quel temps nous parlons ?
Est-ce que les pouvoirs que l'homme dispose lui permettent d'échapper au cours des événements , au cours de
l'histoire, à sa finitude qu'est la mort, bref lui permettent-ils de devenir un être sans histoire ? Nous verrons
certainement les difficultés que suppose la question posée en nous demandant d'une part quels sont les pouvoirs
des hommes pour échapper au temps, d'autre part si ces pouvoirs ne contiennent pas certaines limites, et enfin si
ce n'est pas en définitif les religions qui doivent trancher le problème, en nous promettant la réalisation du désir
d'éternité après la mort.
I Nos pouvoirs pour échapper au temps
- La condition pour échapper au temps : oublier la pensée de la mort et vivre
A- On peut échapper au temps qu'en oubliant la pensée de la mort et en ne pensant qu'à la vie, c'est
l'heureuse non-pensée de la mort : sans nul doute nous dit Nietzsche dans le Gai Savoir au paragraphe
278, la pensée de la mort est là, mais la vie dans sa simplicité manifeste est aussi présente, celle qui
consiste à « vivre au milieu de ce dédale de ruelles, de besoins, de voix suscite en moi un bonheur mélancolique:
que de jouissance, d'impatience, de désir, que de vie assoiffée et d'ivresse de vivre se révèle ici à chaque
instant ».
Pourtant chacun a un désir d'accélérer le cours du temps, peut-être désir d'échapper au temps , car
« Chacun veut être le premier dans cet avenir, et pourtant c'est la mort et le silence de mort qui est l'unique
certitude et le lot commun à tous dans cet avenir ».
Si on ne peut échapper à la mort, on peut certainement faire
tout pour échapper à la pensée de la mort, en vivant tout simplement.
Nietzsche éprouve une certaine satisfaction
« de voir que les hommes ne veulent absolument pas penser la pensée de la mort! J'aimerais contribuer en quelque
manière à leur rendre la pensée de la vie encore cent fois plus digne d'être pensé » .
B- On peut échapper au temps ( la mort) qu'en le niant, c'est bien la position de Hegel, dans la
Phénoménologie de l'Esprit, regard lucide sur ce qui doit arriver, en regardant en face la mort, et en puisant
alors dans cette négation la force nécessaire pour affirmer sa liberté, il s'agit pour Hegel de regarder le négatif
qu'est la mort, droit dans les yeux, en s'attardant chez lui, se sorte que ce séjour soit la force magique qui convertit
ce négatif en être.
C- On peut échapper au temps, et à l'angoisse qu'est la pensée de la mort, qu'en comprenant que la mort
n'est rien pour nous selon, Epicure, dans la Lettre à Ménécée.
Mais cette connaissance, c'est celle du sage,
cette connaissance a pour conséquence que nous apprécions mieux les joies que nous offre la vie éphémère, parce
qu'elle n'y ajoute pas une durée illimitée, mais nous ôte au contraire le désir d'immortalité.
C'est à la qualité de notre
existence temporelle, et non à la quantité, c'est-à-dire la durée que la vie vaut la peine d'être vécue : « en effet,
de même qu'il ne choisit certainement pas la nourriture la plus abondante, mais celle qui est la plus agréable,
pareillement il ne tient pas à jouir de la durée la plus longue, mais de la durée la plus agréable.
»
D- On peut échapper au temps par le rêve ou l'imagination, ainsi certaines extases pathologiques
s'accompagnent d'une sorte d'arrêt du temps, Rousseau, à propos de ses rêveries au bord du lac de Bienne, nous
décrit cet état de béatitude où l'âme n'a plus besoin de rappeler le passé, ni d'enjamber l'avenir, où le temps n'est
rien pour elle, où le présent dure toujours sans marquer néanmoins la durée ni aucune trace de succession »
E- Parce que l'homme est libre, il peut échapper au temps.
Selon Jean Paul Sartre dans l'existentialisme
est un humanisme, C'est l'homme qui définit les conditions de possibilité de son existence, ce n'est pas ni
temps, ni Dieu, ni la nature humaine qui le définit, mais sa liberté, il est projet, l'existence n'est pas
donnée d'avance.
« Il ne sera qu'ensuite, et il sera tel qu'il se sera fait ».
L'homme est non seulement tel qu'il se
conçoit, mais tel qu'il se veut, et comme il se conçoit après l'existence, comme il se veut après cet élan vers
l'existence, l'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait.
F- Par le divertissement, les loisirs , l'homme peut échapper au temps
II Les limites humaines pour échapper au temps
-1 Echapper au temps, c'est échapper au passé, au présent, au futur, cela n'est pas possible.
A le temps est irréversible et il est imprévisible.
»
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