Peut-on discerner dans les changements du droit un progrès vers la justice ?
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Sujet : Peut-on discerner dans les changements du droit un progrès vers la
justice ?
Analyse du sujet :
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Le sujet pose tout d'abord problème car nous n'avons pas d'idée claire de ce qu'est la justice.
Il est
donc difficile de savoir si l'on s'en rapproche ou non, puisqu'on ne sait pas ce que c'est.
On peut interpréter la justice comme étant ce qu'incarne toujours le droit, et donc il n'y a pas de
rupture entre droit et justice, ils sont toujours quasiment identiques.
Si tel est le cas, il y a autant de justices qu'il y a de législations, et le sujet ne pose pas vraiment
problème.
On peut aussi considérer que la justice est une réalité qui existe de toute éternité, une sorte d'état des
relations sociales qui ordonnerait les hommes à la perfection et contribuerait à leur bien.
Si tel est le cas, la justice constituerait un idéal que le droit essayerait d'atteindre.
Si l'on s'en tient à cette position, le droit devrait effectivement connaître un progrès vers la justice.
Mais peut-on dire que le progrès existe ?
Si oui, de quelle manière et dans quel rapport au droit ?
Problématisation :
Il peut apparaître évident que le droit change en faveur de la justice, puisque nous constatons par exemple que les
hommes se rapprochent de plus en plus de l'égalité au niveau du droit.
Mais nous pouvons nous demander aussi si
c'est bien en cela que repose la justice : le droit ne s'est-il pas trompé de direction ? Avons-nous une idée assez
distincte de la justice pour pouvoir affirmer que le droit progresse vers elle ?
Proposition de plan :
1.
En dispersant l'unité sociale, le droit actuel impulsé par le libéralisme semble compromettre une
certaine conception de la justice.
a) Pour Platon, la justice est ce qui permet de maintenir en l'âme ou dans la cité un
ordre véritable, un ordre qui tienne ensemble les trois vertus principales : la tempérance,
le courage et la sagesse en ce qui concerne l'âme, et les trois groupes fonctionnels que
sont les dirigeants, les gardiens et les producteurs pour ce qui a trait à la cité.
Platon
explique ainsi dans la République au livre IV (443c-e) que la justice est le lien qui permet
d'unifier une multiplicité.
b) Sans doute Platon serait-il horrifié de voir le monde tel qu'il est aujourd'hui.
Le
libéralisme politique autant qu'économique met en effet profondément en péril ce que
Platon croyait être la justice.
Force nous est de constater que le droit actuel impulsé
par la dynamique capitaliste renforce l'individualisme et le retrait sur la sphère privée.
Bien loin d'unifier la multiplicité, il favorise le particularisme.
Cet état de fait est d'ailleurs
soutenu et encouragé par le droit international qui favorise la liberté d'entreprise et la
disparition des frontières de manière à inciter le commerce international.
Il se manifeste
dans des organisations telles que l'Organisation Mondiale du Commerce ou encore dans
des constitutions, comme la constitution européenne.
Enfin, il entraîne un délitement du
tissu social par la baisse des taxes et donc l'incapacité à soutenir une politique sociale.
Le sentiment d'appartenance à une communauté sociale s'étiole au profit des intérêts privés.
c) Le philosophe grec serait également certainement fort inquiété par la montée en puissance des démocraties qui
tendent à dominer le monde.
Platon pensait en effet que la démocratie était un mauvais système politique, qui ne
permettait pas que la justice s'épanouisse pleinement.
Dans le livre VIII de la République (557d), il écrit que la
démocratie est un « bazar aux constitutions ».
Dans la démocratie, chacun est effectivement libre de ressentir son
opinion sur toute chose comme égale à celle de n'importe qui.
On n'y discerne donc pas de principe directeur ni
d'autorité compétente, et ainsi ne peut-il y avoir d'unité dans une démocratie, car on ne peut y trouver une pensée
commune à tous.
Aussi Platon
considérerait-il la déclaration des droits de l'homme et du citoyen comme impropre à faire naître la justice, puisqu'il y
est stipulé que tous les hommes sont égaux et qu'on n'y trouve donc pas un fonctionnement en castes (la cité n'est
pas divisée en dirigeants, gardiens et producteurs).
Transition : Le modèle platonicien de la justice se fondait sur le paradigme d'une cité autarcique n'ayant quasiment
que la guerre comme mode de relation avec les autres cités.
Cette situation ne l'empêchait-elle pas d'avoir une
vision claire de la justice ?
2.
A la conception platonicienne de la justice, nous pouvons substituer une conception kantienne de celleci qui avaliserait les changements du droit..
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