Peut-on dire que le droit est la force des faibles ?
Extrait du document
«
Le droit désigne tout d'abord (c'est le sens du "droit positif") l'ensemble des règles qui organisent les rapports
des membres d'une même communauté politique.
Montrez ainsi que, contrairement à ce qui se produit dans la
nature, tous sont alors égaux devant la loi et l'on abolit ainsi le règne du droit du plus fort.
En ce sens, le droit
semble donc bien ce qui protège les faibles, ce sur quoi ces derniers peuvent s'appuyer et donc ce qui
constitue leur force.
Montrez cependant qu'une telle figure du droit n'est qu'un idéal, un idéal de justice.
Demandez-vous alors si dans les faits un tel principe est nécessairement respecté.
Demandez-vous en
particulier comment s'établit le droit , n'est-il pas le plus souvent le résultat d'un rapport de forces ? Montrez
alors, en vous appuyant sur les analyses de Marx, que le droit pourrait bien être injuste et constituer en fait un
moyen pour les plus forts de dominer les faibles.
Remarquez le caractère paradoxal de l'énoncé.
Comment le faible peut-il faire preuve de force?
I.
RELATIVITÉ DES NOTIONS DE FORCE ET DE FAIBLESSE
"L'homme est un loup pour l'homme", dit Hobbes.
« Il apparaît clairement par là qu'aussi longtemps que les hommes vivent sans
un pouvoir commun qui les tient en respect, ils sont dans cette condition qui
se nomme guerre, et cette guerre est la guerre de chacun contre chacun.
»
HOBBES.
Hobbes vit dans une Angleterre troublée par une guerre civile dont les causes
sont à la fois religieuses et politiques.
Le principe même de la monarchie est
critiqué et le roi atteint dans sa personne.
En Angleterre, Charles Ier est
exécuté en 1649 et Jacques II doit s'enfuir en 1688.
Hobbes va s'atteler à une tâche à la fois pratique et théorique.
Il s'agit de
soutenir la monarchie au pouvoir ; ce soutien prend la forme d'un ouvrage
théorique qui justifie l ‘autorité quasi absolue du pouvoir en place.
L'oeuvre de Hobbes est axée sur le concept de souveraineté (autorité
politique, puissance de l'Etat, pouvoir de commander) dont il affirme qu'elle
est indivisible et quasi absolue.
Avant d'expliquer ce qui fait la spécificité de la pensée de Hobbes, exprimée
principalement dans le « Léviathan » (1651), il est nécessaire de préciser
quelques points de vocabulaire.
« République » (« Common-Wealth ») correspond à ce que nous appelons l'
« Etat ».
Hobbes lui-même donne le mot « Stade » comme un équivalent.
« Souveraineté » (ou souverain) est un mot qui, comme chez Bodin, désigne l'âme de la République, en ce sens
qu'il exprime l'autorité de l'Etat, telle qu'elle existe indépendamment des individus.
Le mot « souverain » peut donc,
comme le mot « personne » étudié ci-après, se rapporter à plusieurs individus.
« Personne » est employé dans le sens moderne de « personne morale ».
Cette personne qui détient la
souveraineté peut être un individu, une assemblée ou la totalité du peuple.
Quant Hobbes dit que la souveraineté ne
peut pas être divisé et doit être détenue par une « personne unique », il envisage ces trois situations (un seul, une
assemblée, la totalité du peuple).
Le fait que ses préférences aillent à la monarchie dont le roi détient effectivement
le pouvoir (qui s'oppose à la monarchie parlementaire où le parlement détient une part de la souveraineté) ne
l'empêche pas de penser que, dans les trois cas, la souveraineté doit être quasi absolue et indivisible.
Enfin, dans l'exposé qui précède, nous avons parlé de l'Angleterre, alors qu'en toute rigueur, il aurait fallu parler du
Royaume-Uni.
Nous avons suivi en cela, et continuerons à suivre, l'usage populaire.
A strictement parler, le mot
Grande-Bretagne convient mieux parce qu'en 1603, Jacques VI Stuart, roi d'Ecosse, devient Jacques I er
d'Angleterre.
Même s'il faudra attendre 1707 pour qu'ait lieu la fusion des couronnes, on date de 1603 le début du
Royaume-Uni.
Si l'on devait résumer en une seule phrase l'oeuvre politique de Hobbes, la phrase étudiée ici, qui figure au chapitre
13 du « Léviathan », est certainement celle qui conviendrait le mieux : « Il apparaît clairement par là qu'aussi
longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tient en respect, ils sont dans cette condition qui
se nomme guerre, et cette guerre est la guerre de chacun contre chacun.
»
Les éléments fondamentaux sont mis en place :
• parce que l'homme est poussé par un insatiable appétit de domination et qu'il cherche aussi à se protéger contre
les agressions d'autrui par des actions préventives, la situation (« état de nature ») qui précède la vie en société se
ramène à une guerre perpétuelle ;
• la paix entre les hommes ne peut être obtenue que si tout le monde se soumet à une autorité (« un pouvoir
commun ») qui contraint (« les tient en respect ») les hommes à ne plus attenter à la vie d'autrui.
Le passage de l'état de nature à la société se présente comme le remplacement d'une crainte par une autre.
Dans
l'état de nature, l'homme craint son semblable qui peut à chaque instant le tuer ou le déposséder.
Dans la vie en
société, l'individu craint un pouvoir fort qui garantit sa sécurité mais qui lui demande une obéissance quasi absolue.
Pour que ce passage de l'état de nature à la société puisse avoir lieu, il est donc nécessaire que soit mis fin à « la.
»
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