Peut-on dire que le désir est spécifiquement humain ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet :
Le sujet prend la forme d'une question fermée : il s'agira donc d'y répondre par « oui » ou « non » en
conclusion.
La notion centrale est celle de désir, sur laquelle il s'agit de s'attarder.
Tout désir est désir de quelque chose :
il y a un objet du désir, qu'il faut entendre au sens large, et non seulement au sens d'un objet matériel qu'il
s'agirait de posséder (par exemple : désirer être heureux).
L'objet du désir a pour caractéristique de manquer
et d'être source de satisfaction.
En cela, le désir est proche du besoin.
Pourtant, ils diffèrent sur un point essentiel : le besoin, au contraire du
désir, disparaît lorsqu'il est satisfait, alors que le désir peut ne jamais se satisfaire, ou du moins renaître dès
qu'il est satisfait.
Le désir est démesuré ou infini.
Problématisation :
Il s'agit de déterminer si le désir est spécifiquement humain ou peut se rencontrer chez d'autres « entités », comme
par exemple les animaux.
D'où notre premier problème : peut-on, au sein de la notion de désir, dévoiler un de ses
caractères qui serait à la fois spécifiquement humain ?
Il s'agira donc, premièrement, de déterminer ce qui caractérise le désir, deuxièmement, de s'assurer que ce trait est
spécifiquement humain.
Proposition de plan :
I – Recherche d'une caractéristique proprement humaine du désir
Référence : Spinoza, Ethique
« PROPOSITION 6
Chaque chose, autant qu'il est en elle [= selon sa puissance], s'efforce de persévérer [= se développer] dans son
être.[...]
PROPOSITION 7
L'effort [conatus] par lequel chaque chose s'efforce de persévérer dans son être n'est rien en dehors de l'essence
actuelle de cette chose.
[...]
PROPOSITION 9
SCOLIE [note relative à la proposition]
Quand on rapporte cet effort à l'Esprit seul, on l'appelle Volonté, mais quand on le rapporte simultanément à l'Esprit
et au Corps, on l'appelle Appétit ; et celui-ci n'est rien d'autre que l'essence même de l'homme, essence d'où
suivent nécessairement toutes les conduites qui servent sa propre conservation ; c'est pourquoi l'homme est
nécessairement déterminé à les accomplir.
En outre, il n'y a aucune différence entre l'Appétit et le Désir, si ce n'est
qu'en général on rapporte le Désir aux hommes en tant qu'ils sont conscients de leur appétit ; c'est pourquoi on
pourrait le définir ainsi : Le Désir est l'appétit avec la conscience de lui-même.
Il ressort donc de tout cela que nous
ne nous efforçons pas vers quelque objet, nous ne le voulons, ne le poursuivons, ni ne le désirons pas parce que
nous jugeons qu'il est un bien, mais au contraire nous ne jugeons qu'un objet est un bien que parce que nous nous
efforçons vers lui, parce que nous le voulons, le poursuivons et le désirons.
»
Spinoza propose une définition du désir (« Le Désir est l'appétit avec la conscience de lui-même ») qui contient un
caractère spécifiquement humain : la conscience.
Le désir se sait.
L'homme a conscience qu'il désir tel ou tel objet.
Alors que le besoin, même s'il est ressenti, peut demeurer inconscient (par exemple le besoin de telle ou telle
substance dans une addiction)..
»
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