Peut-on dire que la science fait surgir de nouveaux problèmes philosophiques ?
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INTRODUCTION ET PROBLEMATISATION
La science a pour finalité de poser des hypothèses scientifiques validées ou invalidées par l'expérimentation.
En ce
sens elle résout des problèmes : elle répond à des questions sur le fonctionnement et les mécanismes de la nature,
du vivant.
Dans quelles mesures peut-on dire que la science fait émerger des problèmes ? Sont-ce là des problèmes
philosophiques ? La science est -elle à même de faire surgir des problèmes philosophiques ? Que sont de tels
problèmes ? S'agit-il de problèmes d'éthique ? Des problèmes de métaphysiques ?
I.
La science met en évidence des problèmes scientifiques: elle répond à des questions
1.
La science explique
TEXTE Méditations métaphysiques (1641), Méditation seconde, traduction du duc de Luynes revue par
Descartes.
Commençons par la considération des choses les plus communes, et que nous croyons comprendre le plus
distinctement, à savoir les corps que nous touchons et que nous voyons.
Je n'entends pas parler des corps en
général, car ces notions générales sont d'ordinaire plus confuses, mais de quelqu'un en particulier.
Prenons pour
exemple ce morceau de cire qui vient d'être tiré de la ruche : il n'a pas encore perdu la douceur du miel qu'il
contenait, il retient encore quelque chose de l'odeur des fleurs dont il a été recueilli; sa couleur, sa figure, sa
grandeur, sont apparentes; il est dur, il est froid, on le touche, et si vous le frappez, il rendra quelque son.
Enfin
toutes les choses qui peuvent distinctement faire connaître un corps, se rencontrent en celui-ci.
Mais voici que, cependant que je parle, on l'approche du feu : ce qui y restait de saveur s'exhale, l'odeur s'évanouit,
sa couleur se change, sa figure se perd, sa grandeur augmente, il devient liquide, il s'échauffe, à peine le peut-on
toucher, et quoiqu'on le frappe, il ne rendra plus aucun son.
La même cire demeure-t-elle après ce changement ? Il
faut avouer qu'elle demeure; et personne ne le peut nier.
Qu'est-ce donc que l'on connaissait en ce morceau de cire
avec tant de distinction ? Certes ce ne peut être rien de tout ce que j'y ai remarqué par l'entremise des sens,
puisque toutes les choses qui tombaient sous le goût, ou l'odorat, ou la vue, ou l'attouchement, ou l'ouïe, se
trouvent changées, et cependant la même cire demeure.
Peut-être était-ce ce que je pense maintenant, à savoir
que la cire n'était pas ni cette douceur du miel, ni cette agréable odeur des fleurs, ni cette blancheur, ni cette
figure, ni ce son, mais seulement un corps qui un peu auparavant me paraissait sous ces formes, et qui maintenant
se fait remarquer sous d'autres.
Mais qu'est-ce, précisément parlant, que j'imagine, lorsque je la conçois en cette
sorte ? Considérons-le attentivement, et éloignant toutes les choses qui n'appartiennent point à la cire, voyons ce
qui reste.
Certes il ne demeure rien que quelque chose d'étendu, de flexible et de muable.
Or qu'est-ce que cela :
flexible et muable ? N'est-ce pas que j'imagine que cette cire étant ronde est capable de devenir carrée, et de
passer du carré en une figure triangulaire ? Non certes, ce n'est pas cela, puisque je la conçois capable de recevoir
une infinité de semblables changements, et je ne saurais néanmoins parcourir cette infinité par mon imagination, et
par conséquent cette conception que j'ai de la cire ne s'accomplit pas par la faculté d'imaginer.
Qu'est-ce maintenant que cette extension ? N'est-elle pas aussi inconnue, puisque dans la cire qui se fond elle
augmente, et se trouve encore plus grande quand elle est entièrement fondue, et beaucoup plus encore quand la
chaleur augmente davantage ? Et je ne concevrais pas clairement et selon la vérité ce que c'est que la cire, si je ne
pensais qu'elle est capable de recevoir plus de variétés selon l'extension, que je n'en ai jamais imaginé.
Il faut donc
que je tombe d'accord, que je ne saurais pas même concevoir par l'imagination ce que c'est que cette cire, et qu'il
n'y a que mon entendement seul qui le conçoive; je dis ce morceau de cire en particulier, car pour la cire en
général, il est encore plus évident.
Or quelle est cette cire, qui ne peut être conçue que par l'entendement ou
l'esprit ? Certes c'est la même que je vois, que je touche, que j'imagine, et la même que je connaissais dès le
commencement.
Mais ce qui est à remarquer, sa perception, ou bien l'action par laquelle on l'aperçoit, n'est point
une vision, ni un attouchement, ni une imagination, et ne l'a jamais été, quoiqu'il le semblât ainsi auparavant, mais
seulement une inspection de l'esprit, laquelle peut être imparfaite et confuse, comme elle était auparavant, ou bien
claire et distincte, comme elle est à présent, selon que mon attention se porte plus ou moins aux choses qui sont en
elle, et dont elle est composée.
2.
La science apporte des éléments de réponse et de compréhension
TEXTE Kant Critique de la raison pure Préface deuxième édition
"Lorsque Galilée fit descendre sur un plan incliné des boules avec une pesanteur choisie par lui-même, ou que
Torricelli fit porter à l'air un poids qu'il avait d'avance pensé égal à celui d'une colonne d'eau à lui connue, ou que,
plus tard, Stahl transforma des métaux en chaux et celle-là à son tour en métal, en y retranchant ou en y
restituant certains éléments [...], alors ce fut une illumination pour tous les physiciens, ils comprirent que la raison
n'aperçoit que ce qu'elle produit elle-même d'après son propre projet."
TRANSITION
La science, à son origine, construit des problèmes et tente, par le travail de l'observation et de la raison, de trouver.
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