Peut-on dire que la casserole est un objet culturel ?
Extrait du document
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Analyse et problématisations :
• Un objet culturel est un objet propre à une culture, qui la reflète et la caractérise.
C'est également un objet
produit par la culture humaine, et qui en est le signe.
Il faudra donc appréhender l'objet culturel de deux manières :
ce qui caractérise la culture humaine, c'est-à-dire le propre de l'homme, par opposition à la nature ; ce qui peut
caractériser une culture humaine donnée par rapport à d'autres cultures.
• Choisir la casserole comme éventuel objet culturel est déroutant, mais on peut y voir également un exemple : au
delà de la casserole, il s'agit de l'outil, de ce que l'homme utilise pour manipuler la nature.
La casserole, comme
exemple d'outil, invite à se demander si l'outil est un objet culturel.
Universel par sa fonction, et relatif à une culture
particulière par sa forme, son utilisation etc.
I – L'arrachement à la nature
1.
L'outil est un objet culturel
• La casserole, en tant qu'outil, est le signe de l'arrachement à la nature.
C'est à partir du moment où l'homme
transforme ou manipule la nature à l'aide d'objets qu'il sort de l'état de nature pour entrer dans celui de culture.
• C'est le cas de tout outil, mais la casserole peut manifester la culture humaine de manière spécifique :
2.
Fonction culturelle de la casserole
• La nourriture est une marque de la dimension culturelle de l'homme, c'est-à-dire de sa sortie de l'état de nature.
Certes, se nourrir est justement la fonction la plus naturelle qu'il soit, et qu'on retrouve chez tout animal.
Mais c'est
justement le propre de l'homme que de donner une dimension culturelle à ce besoin naturel.
• L'anthropologique Lévi-Strauss étudie ainsi la différence entre le cru et le cuit : pour nous, le cuit est une
marque de civilisation, et le cru un signe de barbarie.
La casserole est un objet culturel, en cela qu'elle permet le
cuit, qui la marque de l'arrachement à l'état de nature.
• Outil important mais non nécessaire, c'est également un signe de sédentarisation : autre trait culturel, puisqu'il
s'agit d'un mode de vie que l'homme développe peu à peu et qui entraîne une complexification de sa culture.
Transition : Ce n'est pas seulement par sa fonction que l'outil, ou même en l'occurrence la casserole, est un objet
culturel : elle est le signe de l'état de culture de l'homme, par rapport à l'état de nature ; mais également de
l'existence de plusieurs cultures humaines.
II – Les cultures : plusieurs manières de réaliser la nature humaine
1.
Une fonction universelle mais des caractéristiques relatives à une culture humaine
• S'intéresser à un objet aussi trivial qu'une casserole permet de montrer qu'une culture humaine, relative à un
peuple, à une religion, à un groupe social etc., ne s'inscrit pas uniquement dans des rites, dans des oeuvres d'art,
mais également dans des modes de vie spécifiques.
Ce sont ces variantes qui sont la marque profonde d'une
culture.
• En effet, la réponse au besoin fondamental qu'est la nourriture diffère selon les cultures.
C'est le lieu où se
manifestent une technique particulière (le travail de telle ou telle matière par exemple), la relation à l'environnement
(exploitation d'un environnement particulier, et rapport à cet environnement : écologique, ou exploitation intensive
etc.).
S'y expriment également la religion et le mode de vie familial, c'est-à-dire l'organisation de la société.
2.
Dimension symbolique
• On peut ainsi prendre l'exemple du stobche, récipient chauffant spécifique à la culture juive, qui répond à deux
critères culturels : la cacherouth (le fait de manger kasher) et le shabath.
En effet, cette casserole spécifique qui
ressemble à un petit fourneau permet de maintenir au chaud pour le samedi le plat qu'on y dépose le vendredi.
De
plus, certains stobche ont une cloison qui permet de séparer la nourriture carnée de la nourriture lactée, l'un des
principe de la nourriture kasher.
• Si l'on suit les analyses de Lévi-Strauss, la casserole, qui permet de bouillir longuement, répond à une symbolique
du « concave », « faite pour l'usage intime et destinée à un petit groupe clos » : c'est ce qu'il appelle une « endocuisine ».
D'autres cultures, marquées par une autre organisation sociale, utiliseraient d'autres instruments de
cuisine.
La taille de l'objet est alors l'indication des structures collectives, plus ou moins vastes (la famille, la tribu
etc.).
• Sartre distinguait les objets réductibles à une essence et ceux qui ne renvoient qu'à une fin ou une fonction.
Mais
on voit qu'au contraire, on peut faire coïncider un objet fonctionnel et un investissement symbolique.
Cependant, si l'étude anthropologique des objets peut permettre d'approfondir l'étude d'une culture, est-ce vraiment.
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