Peut-on dire : «je n'ai pas d'inconscient» ?
Extrait du document
«
Termes du sujet:
DIRE: signifie ici affirmer en connaissance de cause, mais cela désigne aussi l'opinion qui dit n'importe quoi, qui
se contente d'affirmer ce qu'elle affirme, qui transforme son désir en vérité universelle.
INCONSCIENT
Du préfixe privatif in- et de -conscient, d'où « qui n'est pas conscient ».
a) Adjectif : ce qui est dépourvu de conscience.
b) Ce qu'on ressent ou perçoit sans en prendre conscience (cf.
les
« petites perceptions » de Leibniz).
Nom : chez Freud, l'inconscient est fait de tous les contenus psychiques
(pulsions, désirs, souvenirs) qui sont refoulés hors de la conscience, et qui demeurent cependant actifs.
c)
Inconscient collectif : désigne, chez Jung, l'ensemble des images et motifs qui symbolisent les instincts
fondamentaux de l'homme.
• La psychanalyse freudienne accorde une grande importance à l'étude des rêves, des lapsus et des actes
manqués, qu'elle considère comme des manifestations travesties de l'inconscient.
• Certains philosophes nient
l'existence de l'inconscient.
Alain, par exemple, y voit une dangereuse valorisation de nos pulsions et de nos
instincts, tandis que Sartre lui substitue la notion de mauvaise foi.
Jean-Paul Sartre a dit un jour : «je n'ai pas
phrase provoque une méfiance.
Que penser de
affirmerait avec aplomb : «je n'ai pas de
l'expression d'une défense, par crainte de ne plus
lui-même?
d'inconscient».
Ce type de
quelqu'un qui, par exemple,
préjugés»? N'était-ce pas
avoir une pleine maîtrise sur
1.
Les résistances à l'inconscient
• Dans Une difficulté de la psychanalyse (1916), Freud rend compte des
résistances auxquelles s'est heurtée la psychanalyse à ses débuts.
Il se
compare à Copernic (xvie siècle) et Darwin (XIXe siècle).
Le premier a montré
que la Terre, planète comme les autres, n'est pas au centre de l'Univers.
Le
deuxième a montré que l'homme n'est pas le maître de la Création : il n'est
plus au-dessus des autres espèces animales car il est lui aussi le produit de
l'évolution des espèces.
Ce sont deux humiliations : l'homme a dû « en
rabattre » sur ses prétentions.
C'est pourquoi l'oeuvre de ces savants n'a pas
été facilement acceptée, détruisant l'image idéalisée que l'homme se faisait
de lui-même.
• Freud pense que sa théorie, à son tour, ne peut que se heurter à des
résistances, les mêmes que celles qui - en chacun de nous - refoulent les
pulsions dans l'inconscient, ne voulant pas reconnaître leur existence.
Il
reprend son explication des névroses par un conflit entre les pulsions du moi et les pulsions sexuelles : ces dernières
se voient refusée la satisfaction souhaitée, sont refoulées et prennent la forme d'un symptôme.
La théorie
psychanalytique, qui expose au grand jour l'existence de ces pulsions sexuelles et les place à la source de la vie
psychique, ne va-t-elle pas se trouver refoulée à son tour?
11.
Un doute épistémologique
• L'épistémologue Karl Popper, dans Conjectures et Réfutations, critique cette interprétation.
En effet, une théorie
scientifique doit pouvoir être discutée et, le cas échéant, réfutée si un contre-exemple est produit.
Une théorie
irréfutable serait du domaine du religieux : aucun fait observable ne peut invalider la thèse de l'existence de Dieu si
l'on y croit, par exemple.
Or c'est ce qui se passe avec la théorie freudienne : elle explique à l'avance toutes les
objections qu'on peut lui opposer, en les interprétant comme des résistances et des symptômes du refoulement.
Toute objection à la théorie est donc une nouvelle preuve de la validité de la théorie!
• Pour Popper, c'est comme si la théorie était « immunisée» contre toute critique : cela veut dire qu'elle ne parle
pas du réel, mais constitue plutôt un système explicatif global de l'univers, sans validité objective précise.
On
reconnaît là une idéologie : système d'idées qui ne veut pas se confronter au réel.
Pourquoi, dès lors, ne pas
admettre la légitimité d'un contre-exemple possible? « Je n'ai pas d'inconscient » voudrait dire : cela ne marche pas,
les explications données par Freud de la vie psychique ont une limite de validité.
SUPPLEMENT: « Un système faisant partie de la science empirique doit pouvoir être réfuté par
l'expérience.
» POPPER
L'histoire des sciences physiques est celle de leur révolution permanente.
Les théories n'ont qu'une valeur provisoire.
Des faits « polémiques » surgissent qui les contredisent, qui obligent à des révisions.
Tout succès scientifique ouvre
plus de questions qu'il n'en clôt.
Faut-il pour autant sombrer dans le scepticisme et affirmer qu'il n'y a rien qui vaille
vraiment ? Comment distinguer, dès lors, la véritable science de la métaphysique ou des pseudo-sciences comme
l'alchimie ou l'astrologie ? Et que penser des sciences humaines ? La psychanalyse, la théorie de l'histoire de Marx.
»
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