Peut-on dire de la connaissance scientifique qu'elle est désintéressée ?
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Analyse du sujet: La connaissance scientifique n'a-t-elle d'autre but qu'elle-même, ou peut-elle être mise au
service d'autre chose ? Si oui, de quoi ?
Conseils pratiques: Profitons de l'occasion pour rappeler aux élèves qu'un minimum de culture scientifique est
indispensable pour traiter de façon satisfaisante ce type de sujet.
Approche du sujet
La recherche scientifique porte en elle une notion universellement admise comme étant celle de l'objectivité absolue.
En effet, l'Homme par sa recherche incessante de la compréhension de la Nature a toujours détenu l'objectif secret
de maîtriser tous les fonctionnements de la vie, de comprendre son Monde, de détruire ses préjugés.
Or si la
noblesse de la science expérimentale a toujours été en vue d'améliorer l'existence humaine, que peut on dire des
expériences scientifiques menées par des savants sous le régime nazi afin de déterminer des différences innées
entre les « races » d'hommes? De plus quel est l'intérêt de la science si ce n'est de pouvoir rendre l'homme un peu
plus maître de la Nature à chaque progrès qu'elle fait?
De là on peut s'interroger sur ce qu'on appelle une science désintéressée.
En effet, être désintéressé signifie
communément agir avec abnégation, n'obtenir aucune satisfaction personnelle des actions que l'on fait, n‘avoir
aucun intérêt dans cette affaire.
Cependant la recherche scientifique ne peut exister sans son acteur principal :
l'homme.
Il faudrait donc envisager des hommes capables d'agir objectivement dans le seul but de faire progresser la
science.
Or la science est un domaine particulier où le sujet et l'objet sont de même nature.
Dans ce cas comment
concevoir la science autrement que dans le but de profiter à l'homme lui même? Ne s'agit il donc pas d'une action
intéressée? Il faut donc faire la part des choses entre l'utilité de la science pour l'Humanité et l'intérêt de la science
pour l‘homme.
L'interrogation se portera donc sur une question d'éthique voire de bioéthique sur ses capacités et ses faiblesses
ainsi que sur le statut de l'homme objet/sujet en s'interrogeant sur les limites de l'objectivité des scientifiques face à
leur subjectivité d'hommes.
Textes utiles
Jonas: Le progrès technique transforme-t-il les questions morales ?
La technique moderne a introduit des actions d'un ordre de grandeur tellement nouveau, avec des objets tellement
inédits et des conséquences tellement inédites, que le cadre de l'éthique antérieure ne peut plus les contenir.
[...]
Sans doute les anciennes prescriptions de l'éthique du prochain - les prescriptions de la justice, de la miséricorde,
de l'honnêteté, etc.
-, en leur immédiateté intime, sont-elles toujours valables pour la sphère la plus proche,
quotidienne, de l'interaction humaine.
Mais cette sphère est surplombée par le domaine croissant de l'agir collectif
dans lequel l'acteur, l'acte et l'effet ne sont plus les mêmes que dans la sphère de la proximité et qui par l'énormité
de ses forces impose à l'éthique une nouvelle dimension de responsabilité jamais imaginée auparavant.
Qu'on
considère par exemple [...], la vulnérabilité critique de la nature par l'intervention technique de l'homme - une
vulnérabilité qui n'avait jamais été pressentie avant qu'elle ne se soit manifestée à travers les dommages déjà
causés.
Cette découverte, dont le choc conduisait au concept et aux débuts d'une science de l'environnement
(écologie), modifiait toute la représentation de nous-mêmes en tant que facteur causal dans le système plus vaste
des choses.
Par les effets elle fait apparaître au grand jour que non seulement la nature de l'agir humain s'est
modifiée de facto et qu'un objet de type entièrement nouveau, rien de moins que la biosphère entière de la planète,
s'est ajouté à ce pour quoi nous devons être responsables parce que nous avons pouvoir sur lui.
Et un objet de
quelle taille bouleversante, en comparaison duquel tous les objets antérieurs de l'agir humain ressemble à des nains !
La nature en tant qu'objet de la responsabilité humaine est certainement une nouveauté à laquelle la théorie éthique
doit réfléchir.
Quel type d'obligation s'y manifeste ? Est-ce plus qu'un intérêt utilitaire ? Est-ce simplement la
prudence qui recommande de ne pas tuer la poule aux oeufs d'or ou de ne pas scier la branche sur laquelle on est
assis ? Mais le « on » qui y est assis et qui tombe peut-être dans l'abîme sans fond : qui est-ce ? Et quel est mon
intérêt à ce qu'il soit assis ou qu'il tombe ?
Husserl
Il n'a pas toujours été vrai que la science comprenne son exigence de vérité rigoureusement fondée au sens de
cette objectivité qui domine méthodologiquement nos sciences positives et qui, déployant son action largement audelà d'elles, procure à un positivisme philosophique, un positivisme en tant que vision du monde, sa ressource et les.
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