Peut-on définir la beauté?
Extrait du document
«
1) La thèse de sens commun
EXPOSÉ
Le beau serait essentiellement affaire subjective : chaque individu serait « libre » de trouver beau ce qui lui plaît, le
goût personnel serait le seul critère du beau.
En un mot : « Les goûts et les couleurs ne se discutent pas ».
CRITIQUE
Ce subjectivisme esthétique détruit le concept de beau, en le réduisant à un ensemble d'exemples.
Car un même
individu trouve belles des choses extrêmement différentes : un visage, un paysage, une maison, un cheval, un
geste.
Dès lors la question se pose nécessairement de savoir ce qu'on en commun ces choses pourtant si
différentes pour qu'on puisse dire de toutes qu'elles sont belles.
2) La thèse philosophique classique
EXPOSÉ
Selon PLATON (428-348 av.
J.-C), les belles choses que nous découvrons par
nos sens ne sont que des copies imparfaites d'un modèle métaphysique de la
beauté que nous ne pouvons que concevoir et qu'il nomme l'Idée du Beau.
À
travers l'émotion esthétique, nous pressentons donc l'existence du monde des
Idées que seule la philosophie nous fait découvrir méthodiquement.
Pour HEGEL (1770-1831) aussi, le domaine de l'art n'est que l'expression
sensible et donc imparfaite de la Vérité, que seule la philosophie peut
développer sous une forme authentique et définitive : à chaque époque, la
philosophie exprime adéquatement (sous forme de concepts) le contenu de
vérité développé par l'art sous une forme inférieure.
CRITIQUE
Parce qu'elle fait de la philosophie la plus haute expression de l'esprit humain,
cette conception de l'art est conduite à minorer l'importance de l'art et à en
nier la spécificité.
En particulier, elle méconnaît son effort pour réconcilier le
sens et le sensible, l'esprit et le corps, la nature et la culture, que
précisément la philosophie occidentale, dans son inspiration idéaliste, a tendu
à opposer et à séparer.
3) La thèse kantienne
EXPOSÉ
Dans sa Critique de la faculté de juger (Vrin), KANT (1724-1804) insiste au
contraire sur la spécificité de l'art.
Pour lui, le beau est : - « l'objet d'un
jugement désintéressé » : le beau diffère radicalement de l'utile et de ce qui
peut satisfaire en nous un intérêt et un désir quelconque
— ce qui plaît universellement et nécessairement sans concept » : quand
nous jugeons belle une chose, nous considérons qu'elle doit être reconnue
belle par tout le monde et qu'il est impossible qu'elle ne soit pas reconnue
comme belle.
Mais en même temps, nous sommes incapables de démontrer
qu'elle est belle ; l'oeuvre d'art ne peut pas faire l'objet d'une connaissance
scientifique, mais seulement d'un jugement de goût
- « une finalité sans fin » : dans une oeuvre d'art, chaque élément est
disposé en fonction de tous les autres de manière que le tout soit
harmonieux.
Mais l'oeuvre dans son ensemble n'a d'autre finalité qu'elle-même.
L'art n'est donc au service de rien d'autre que de lui-même : ni du plaisir, ni
de la morale, ni de la politique, ni de la philosophie.
Au début de la « Critique du jugement » Kant propose quatre définitions du
beau qui définissent le plaisir éprouvé et partent donc du sujet et non de
l'objet.
·
Première définition :
désintéressée ».
« Est beau l'objet d'une satisfaction
La satisfaction est désintéressée, ce qui signifie que nous ne pouvons l'éprouver que si nous sommes dans un
certain état d'esprit par rapport à l'objet.
Kant ne veut pas dire que la beauté ne nous intéresse pas, que nous
sommes indifférents mais que le plaisir esthétique naît lorsque nous n'avons pas le souci de l'utilité (celui qui va en
mer dans le seul but de pêcher, qui porte sur elle un regard de technicien, n'éprouvera pas de plaisir esthétique), de.
»
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