Peut-on croire en Dieu sans être superstitieux ?
Extrait du document
«
VOCABULAIRE:
SANS: A l'exclusion de, exprime l'absence.
ÊTRE: Du latin esse, « être ».
1) Verbe : exister, se trouver là.
En logique, copule exprimant la relation qui unit le prédicat au sujet (exemple :
l'homme est mortel).
2) Nom : ce qui est, l'étant.
3) Le fait d'être (par opposition à ce qui est, l'étant).
4) Ce qu'est
une chose, son essence (exemple : l'être de l'homme).
5) Avec une majuscule (l'Être), l'être absolu, l'être parfait,
Dieu.
Dieu
Les attributs de Dieu, comme entité transcendante créatrice du monde, sont traditionnellement : sur le plan
métaphysique, l'éternité, l'immutabilité, l'omnipotence et l'omniscience ; et sur le plan moral, l'amour, la souveraine
bonté et la suprême justice.
FOI, RELIGION ET SUPERSTITION
Faut-il être un peu superstitieux pour être vraiment croyant ? La question est provocante.
Tous les vrais croyants
vous diront qu'il y a une différence radicale entre la foi et la superstition, et aussi entre la religion bien comprise et
l'idolâtrie, la magie, l'astrologie, la voyance, que sais-je encore.
La religion, c'est bien.
La superstition, c'est mal.
La superstition a mauvaise presse.
Certes, certains vous avoueront qu'ils sont « un peu superstitieux », mais ils le
feront toujours avec un demi-sourire, une sorte d'autodérision.
Être superstitieux serait une faiblesse, un reste des
religions primitives.
D'ailleurs, même la notion de « religion » est devenue suspecte, sans doute parce qu'on la rejette dans le camp de
la superstition.
Les chrétiens d'aujourd'hui vous diront qu'ils ont la foi, mais ils ajouteront que la foi chrétienne n'est
pas une religion.
Certains théologiens, Bonhoeffer par exemple, et aussi Bultmann, ont prôné un christianisme non
religieux.
Et ils ont fait la différence entre la foi et le sentiment religieux.
De fait, la critique de la « religion » a marqué des points (surtout au XVIIIe siècle et au début du XXe) non
seulement parmi les athées, les scientifiques et les rationalistes, mais aussi parmi les « croyants ».
Les chrétiens,
les chrétiens protestants en particulier, ont voulu faire la différence entre d'une part la foi et, d'autre part, la
superstition, voire la religion, la religion étant considérée comme une forme de superstition — même si celle-ci a été
consacrée par une institution et par une pensée théologique.
On posera donc d'abord cette première question : quelle différence y a-t-il entre la foi, la religion et la superstition ?
Et ensuite on tentera de répondre à cette deuxième question : peut-on être croyant sans être un peu superstitieux
?
Y a-t-il une différence entre la religion et la superstition ?
Dans un premier temps, on peut répondre qu'il y a une différence entre la religion et la superstition.
Être religieux,
c'est une disposition intérieure, et c'est d'abord une forme de vénération : la vénération de Dieu ou des dieux.
La
religion pousse à l'adoration des dieux.
Et même si on craint ces dieux, on tente néanmoins d'obtenir d'eux des
manifestations de bienveillance.
C'est pourquoi on leur adresse des prières et on leur offre des sacrifices.
En revanche, être superstitieux, c'est se plier à des règles plus ou moins incompréhensibles (ne pas passer sous une
échelle, jeter du pain dans un puits pour l'empêcher de se tarir, ne pas entreprendre telle démarche à cause de la
position des astres dans le ciel...).
Ici, la disposition d'esprit n'est pas la vénération, c'est plutôt la crainte.
La
superstition procède d'un sentiment de menace diffuse qui suscite des croyances et des pratiques que le
superstitieux lui-même qualifie d'incompréhensibles.
En fait, on peut être superstitieux sans avoir l'esprit religieux,
c'est-à-dire sans être porté à la vénération des dieux, de l'Au-delà.
On peut être superstitieux tout en étant tout à
fait athée.
La superstition procède du respect d'un certain nombre de tabous.
Elle est constituée de pratiques
extérieures, arbitraires, formelles, ayant en elles-mêmes un pouvoir magique sans faire référence directement à un
au-delà d'elles-mêmes qui serait celui des dieux.
Mais en fait, la distinction entre religion et superstition n'est pas aussi tranchée.
Bien souvent, on considère comme
relevant de la superstition les religions pratiquées par les autres parce qu'on reste étranger à l'intention et à la
croyance qui suscitent ces pratiques.
Ainsi, par exemple, les protestants du XVIe siècle considéraient que la prière
pour les morts relevait de la superstition et que la croyance en la transsubstantiation de l'hostie était de nature
superstitieuse.
Quant aux athées et aux philosophes plus ou moins déistes, ils considèrent volontiers que toutes les pratiques et les
croyances religieuses relèvent de la superstition.
Spinoza considérait que la croyance dans les miracles, la
prédestination, la validité des prophéties relevait de la superstition, tout comme le fait d'attribuer à Dieu une forme
de volonté et même de transcendance.
Et Voltaire aurait dit peu ou prou la même chose.
Et bien sûr, à ce compte-là, toutes les convictions religieuses relèvent de la superstition.
On aurait donc le choix
entre être athée et être croyant-superstitieux ; on ne pourrait pas être croyant sans être d'une manière ou d'une
autre superstitieux.
De fait, on a l'impression qu'il y a une sorte de continuité entre foi, religion et superstition.
Ce qui pour certains
relève de la foi est déjà pour d'autres de l'ordre de la religion et de la superstition.
Croire en un homme, Jésus de Nazareth, fils de Dieu, né sans père et ressuscité après sa mort, est-ce de l'ordre de
la foi, de la religion ou de la superstition ? Croire en un Dieu qui peut infléchir le cours de l'histoire, faire des
miracles, répondre à nos prières, est-ce de l'ordre de la foi, de la religion ou de la superstition ? Comment.
»
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