Peut-on considérer l'être humain comme un animal créateur d'oeuvre d'art ?
Extrait du document
«
Aristote dans le Politique considère l'homme comme un animal politique.
En somme, c'est ce qui fait la spécificité de
l'être humain par rapport aux autres animaux, ce qui en donne une meilleure définition.
Aussi, il s'agit de se
demander, si l'art peut être considéré comme une spécificité humaine essentielle pour le définir en tant que tel.
Ou
en d'autres termes, si on peut concevoir l'homme sans l'art.
Il faudra percevoir la nécessité que peut avoir l'homme
de produire des œuvres d'art, quelle est la raison de ce besoin de produire des œuvres d'art.
1) L'homme peut se passer d'œuvre d'art.
L'homme moderne est pressé, il travaille dans les usines, se déplace en train, il est dans l'action et non dans la
contemplation.
Il n'a pas le temps d'étudier l'histoire de l'art, et se souvient des images d'Epinal de son enfance
imprimées en série.
On est capable de produire en série un nombre presque infini d'objets, on peut se déplacer
aisément d'un pays à un autre.
On duplique en masse les œuvres d'art grâce à la photographie et à la lithographie.
Dans cet univers de vitesse, il n'y a plus de place pour l'étude attentive, la contemplation, le travail minutieux de la
pierre et du bois.
Aussi le kitsch ne peut exister que dans un monde où règne la vitesse sous toutes ses formes.
Le
kitsch apparaît comme un refus de toutes références historiques et comme une sous- culture qui ne prend que les
produits de l'industrie pour modèle.
Le kitsch de l'ère des mass media est bien loin des idées romantiques.
Le kitsch
est une exagération de la signification des objets.
La critique barthienne du signe va dans ce sens, Barthes définit le
kitsch comme étant une trop importante présence de signes jusqu'à l'écoeurement.
Les affiches, les slogans, les
gros titres des journaux sont agressifs et assaillent le passant.
Les mythes modernes que Barthes dénonce dans
Mythologie sont des usurpations, des formes sans contenu et un détournement de langage à des fins toutes
autres.
Les mythes du monde moderne sont des projections qui ne reposent sur rien, ils sont montés de toute pièce
et se voudraient éternels.
La construction sociale des objets et des styles apparaît au grand jour dans la vision qu'a
Barthes des mythes populaires, construits dans l'optique d'une diffusion massive.
L'homme peut se passer d'art et lui
substitué la publicité, les objets produits par la grande distribution.
L'homme ne serait pas dans ce contexte un
animal producteur d'œuvres d'art.
2) L'art est un besoin.
La fonction expressive de l'art comme acte de communication avec le monde et la valeur de reflet des
transformations sociales et morales est importante.
L'art a donc un rôle à la fois personnel et universel.
Il permet à
l'individu de s'exprimer, il a aussi une fonction sociale.
Cela serait même la fonction de l'art que d'ouvrir des
espaces où s'autorégulent les émotions et les sentiments.
Elle permet et évite toute effusion trop irrationnelle de la
subjectivité, elle permet de traduire en un langage compréhensible par plus d'individus que le seul artiste.
Hegel rompt avec Kant, pour qui la beauté naturelle tient une large part.
La
contemplation de la belle nature accorde mystérieusement l'imagination et
l'entendement.
Hegel rejette la beauté naturelle, car la beauté artistique
étant un produit de l'esprit lui est nécessairement supérieure.
C'est pour nous
et non en soi et pour soi qu'un être naturel peut être beau.
L'imitation de la
nature n'est donc pas de l'art, tout au plus un exercice d'habileté, par lequel
on imite le Créateur.
Il y a plus de plaisir à fabriquer des outils ou des
machines qu'à peindre un coucher de soleil.
La valeur de l'art est tout autre :
c'est l'esprit à l'oeuvre, qui s'arrache de la nature en la niant.
Au moyen de
l'art, l'homme se sépare de la nature et se pose comme distinct.
L'art peut
donc faire l'objet d'une science, pense Hegel, il suffit d'en montrer la
nécessité rationnelle dans l'histoire de l'humanité.
L'oeuvre d'art ne décrit pas
une réalité donnée, elle n'est pas faite pour notre plaisir, mais l'art est en son
essence une intériorité qui cherche à s'exprimer, à se manifester ; c'est un
contenu qui cherche une forme, un sens qui veut se rendre matériel.
On ne
peut le condamner pour son apparence, car il faut bien à la vérité une
manière de se montrer.
L'art étant historiquement la première incarnation de
l'esprit, il se confond d'abord à la religion : la religion grecque est l'art grec
lui-même.
Ce sont Homère et Hésiode qui ont inventé les dieux grecs.
Cet âge
d'or de l'art, que Hegel définit comme "classique", sera dépassé par l'art
romantique avec l'apparition du christianisme.
La religion chrétienne est
essentiellement anthropomorphique : le divin est le Christ, soit une pure
individualité charnelle, qui a souffert et qui est morte en croix.
Seul l'art peut ici donner une représentation charnelle
de ce divin, dont le passage historique a été fugitif, et si l'art est mort dans notre société moderne, c'est
probablement pour la raison que la spiritualité chrétienne ne suffit plus tout à fait aux besoins de l'esprit.
Le beau est une idée, soit l'unité d'un concept et de la réalité.
Le concept est l'âme tandis que la réalité en est
l'enveloppe charnelle.
Le beau est donc la manifestation sensible de cette unité ; il exprime une réconciliation.
Il est
naturel qu'il échappe à l'entendement qui sépare et qui divise, de même qu'à la volonté qui cherche à soumettre
l'objet à ses propres intérêts.
Tout ce qui est libre, indépendant, infini, conforme à la seule nécessité de son
concept, peut être dit beau.
De plus, un bel objet est vrai, puisqu'il est conforme à son être.
Cela implique qu'aucun
organisme vivant ne pourra être beau, parce que soumis au besoin, il n'a pas de véritable liberté.
Seule la beauté
artistique peut être accomplie : elle représente l'idéal.
L'idéal est soustrait de la vie quotidienne imparfaite et.
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