Peut-on concilier les exigences de la justice et celles de la liberté ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet.
• La justice est la justesse en matière de morale, le respect rigoureux des droits de chacun.
Sous sa forme
législative et judiciaire, elle fait respecter le droit en édictant des règles et en sanctionnant les injustices.
• Les exigences sont les nécessités pratiques déduites de la nature de ce à quoi elles se rapportent.
• La liberté est définie communément comme le pouvoir de faire ce qu'on veut, et légalement comme le droit de faire
tout ce qui n'est pas nuisible à autrui.
Identification de la problématique.
Il s'agit ici de s'interroger sur deux choses : la liberté et la justice.
Elles sont toutes les deux présentées comme des
" exigences " et il convient de justifier cette idée.
Mais surtout, le problème est de s'interroger sur leur rapport.
Y at-il ici un lien de nécessité ? Peut-on avoir l'un sans l'autre ? Qu'est- ce qui peut les unir ou les séparer ? Vous
devez montrer que les deux sont effectivement liées.
La justice sans la liberté n'a guère de sens de même que la
liberté sans la justice.
Si la liberté ne s'accompagne pas de la nécessité de la justice, alors, elle risque de se
compromettre elle-même dans l'excès (être libre, c'est faire ce que je veux...
en fait, la formule est une erreur
d'analyse qui revient à confondre la liberté et l'indépendance).
Quant à la justice, sans la liberté, elle réduit l'homme
à un être purement mécanique, livré à son seul instinct.
Or, c'est précisément seulement pour l'homme que la notion
de justice a un sens , parce qu'il est libre.
Si être libre, c'est céder à tous ses désirs sans se préoccuper d'autrui, la liberté s'oppose à l'idéal d'égalité et de
respect que comporte la justice.
La sanction juridique, lorsqu'elle frappe, n'atteint-elle pas la liberté (prison) ? C'est
dans ce contexte que les « droits de l'homme » définissent la liberté comme le droit de faire tout ce qui ne nuit pas
à autrui.
Pourtant, si la justice limite apparemment la liberté, cette dernière n'est-elle pas condition d'existence de
la justice ? Le monde de la nécessité naturelle, en effet, n'est pas régi par la justice, mais par des rapports de force
aveugles.
Introduction
Les exigences de justice et de liberté ont fondé nos démocraties modernes.
Ce sont sur ces deux valeurs que
repose le socle républicain.
Mais l'une comme l'autre, valeurs morales suprêmes, ne sont-elles pas incompatibles ?
Nous verrons que poser ces deux "exigences" comme opposables relève d'une erreur : l'existence de l'une nécessite
la protection de l'autre, c'est ce qui fait leur équilibre précaire.
1 - Justice & liberté :
Dans cette partie, nous montrerons ce qui rapproche les deux notions de justice et de liberté - et donc nous
pourrons comprendre les raisons de la question posée par le sujet.
- Deux valeurs morales.
Ces deux notions sont des valeurs absolues, elles n'existent pas en soi, elles sont des repères transcendants que
l'homme se donne, pour modeler la réalité sociale.
Elles répondent toutes deux à des exigences éthiques.
- Universalité de la justice.
La notion de justice est forcément universelle, dans ses fondements théoriques et moraux - et non pas forcément
dans son application.
En effet, peut-on penser la justice sans la penser universelle ? Cela rejoint l'idée de Kant,
développée dans les "Fondements de la métaphysique des moeurs", que toute action bonne doit être soutenue
"d'après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle.".
Il en va ainsi
de la justice : elle exige l'universalité.
Les hommes ne peuvent penser la justice qu'égale pour tous.
- Les hommes naissent inégaux.
La nature ne fournit pas aux hommes les mêmes armes : différents ages, différentes maladies, différentes capacités,
les hommes naissent inégaux.
Mais la justice et la liberté, justement, viennent s'interposer entre l'existence et cette
inégale distribution.
C'est la célèbre phrase de la déclaration universelle (tiens !) des droits de l'homme, qui fonde la
devise française : "Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits.
Ils sont doués de raison
et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.".
Les hommes exigent d'eux même la liberté et l'égalité, dans un esprit de fraternité.
Peut-être peut-on penser la
fraternité comme la condition de possibilité de la compatibilité entre les deux valeurs morales que sont la justice et
la liberté.
- La liberté et la justice se rejoignent sur de nombreux points essentiels.
On ne peut ni vendre ni acheter sa liberté, on ne peut pas plus vendre ou acheter la justice, qui se doit d'être.
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