Peut-on concevoir une société sans travail ?
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Pourquoi cette question ? On a imaginé des sociétés sans travail.
Par exemple à travers le mythe de l'âge d'or,
l'époque où les hommes n'avaient pas à travailler pour vivre (équivalent judéo-chrétien : l'Eden dans la Genèse).
Si
le travail est nécessaire à toute société possible, est-il possible de concevoir une société idéale sans travail, à titre
d'utopie qu'on se fixe comme but sans l'atteindre jamais parfaitement ? Comment ces utopies cherchent-elles à
présenter une société (société ?) sans travail, et à quel titre : pour regretter un passé perdu, pour se fixer un but à
atteindre ? Si le travail a une valeur en soi comme révélateur de l'humanité (Hegel), peut-on sans condamner
l'humanité à la stagnation imaginer une société sans travail ? Si cette société sans travail ne peut être que de
l'ordre de l'utopie, ne doit-on pas la condamner ? Le travail n'est-il pas le moyen par lequel une société existe,
perdure (par des échanges, en servant des intérêts généraux comme la survie de la communauté par exemple) ?
L'homme est-il social parce qu'il doit travailler ou travailler parce qu'il est social (Aristote) ? Référence utile : Droit à
la paresse, de Lafargue.
[Introduction]
Dans l'une des versions de l'histoire de Pinocchio, tirées à l'origine du livre de Carlo Collodi, l'enfant-marionnette est
attiré par un marchand qui lui propose une vie de rêve, entièrement consacrée au jeu.
Arrivé avec son ami dans une
fête foraine, il y passe des heures à jouer, avant que son ami ne se transforme en âne et que des oreilles
commencent aussi à lui pousser.
Le marchand se saisit alors de tous les petits ânes et s'en va les vendre au patron
des mines de sel pour qu'ils y travaillent.
Cette fable donne à réfléchir sur le lien entre travail et loisirs.
Mais elle
suggère aussi que leur rapport à la liberté et à la servitude est plus complexe qu'il n'y paraît.
Aussi peut-on se
demander si une société sans travail est souhaitable.
D'abord, la notion de société ne repose-t-elle pas sur celle de
travail? En effet, la satisfaction des besoins humains aussi bien que la formation et l'éveil de l'esprit sont solidaires
de l'effort, indispensable pour dépasser des conditions de vie naturelles plutôt hostiles.
Néanmoins, le travail
présente aussi une dimension douloureuse: ennuyeux, parfois mal payé, ne doit-il pas être opposé aux loisirs?
Pourtant, n'est-ce pas de l'effet libérateur du travail que nous pouvons attendre une vie sociale plus libre?
[I.
La notion même de société ne repose-t-elle pas sur le travail ?]
[1.
Société et division du travail]
Dans la « République », Platon affirme que c'est « l'impuissance ù se trouve chaque homme de se satisfaire
à lui-même et le besoin qu'il éprouve d'une multitude de choses.
» (Livre II) qui donne naissance à une cité.
Il y a
trois besoins fondamentaux : la nourriture, l'habitation, le vêtement.
A ces trois besoins correspondent trois
travailleurs, « le laboureur, le maçon et le tisserand », auxquels « nous pouvons ajouter le cordonnier » par souci de
symétrie puisqu'il s'agit d'une reconstruction intellectuelle et non historique.
A partir de là, Platon affirme que deux
solutions sont possibles :
·
Soit ces quatre activités sont confiées à chaque travailleur qui partagera son temps de travail en
quatre.
C'est ce qui se passe dans les communautés agraires « primitives ».
·
Soit chaque travailleurs se spécialise dans une des quatre activités et y consacre la totalité de son
temps de travail.
C'est ce qui existe dans les sociétés actuelles.
C'est ce qu'on appelle la division sociale
du travail .
D'abord elle correspond à la différence entre les aptitudes naturelles qui rend les hommes complémentaires les uns
des autres.
Ensuite la spécialisation dans une activité déterminée y produit une plus grande habileté.
Enfin la
spécialisation fait l'économie des pertes de temps qu'occasionne le passage d'un travail à un autre.
De plus il y a
pour toute activité une saison.
Abordons le problème de la division du travail, cad la répartition des tâches nécessaires et le problème général des
conditions de travail.
On peut considérer la division du travail du point de vue de son efficacité pour la production des biens nécessaires à
la société, donc de son utilité économique.
Mais il faut aussi considérer les conséquences de la division du travail
sur la personne du travailleur.
L'utilité économique de la division en métiers paraît évidente : elle est la condition d'une production diversifiée et de
la satisfaction de besoins variés.
Considérée du point de vue du travailleur, elle implique un développement de
l'habileté individuelle et un perfectionnement des capacités.
La maîtrise d'un métier, qu'il soit manuel ou intellectuel,
permet une réalisation de soi et une reconnaissance sociale (ainsi, l'admiration pour le professionnalisme).
Aussi
l'ambition d'avoir un métier et d'y réussir est-elle autre chose que la volonté de gagner sa vie, même si la
spécialisation dans un métier, en interdisant par définition les autres, peut apparaître comme un enfermement dans
un seul domaine.
En revanche, la division du travail qui s'est imposée avec le développement de la grande industrie, et qui caractérise
encore aujourd'hui nombre d'entreprises a vu son utilité très vite contestée..
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