Peut-on concevoir l'homme indépendamment du lien social
Extrait du document
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Analyse du sujet :
Homme : « Homme » est le nom commun qu'on donne à l'homo sapiens.
Ce dernier est un mammifère appartenant à
l'ordre des primates.
Il est doué d'intelligence et d'un langage articulé.
Il se caractérise également par un cerveau
volumineux et capable d'abstraction, ainsi que par des mains préhensibles et la station verticale.
« Sapiens » est un
adjectif latin qui signifie « intelligent », « sage », « raisonnable », ou encore « prudent ».
Le trait saillant qui définit
l'homme semble donc être le fait qu'il serait un être vivant doué de raison.
Cette hypothèse résulte d'une longue
tradition philosophique qui a construit le concept d'humanité en opposition à celui d'animalité.
Ainsi, on a tendance à
considérer que l'homme se distinguerait du reste des créatures vivantes parce qu'il serait capable de pensée, de
conscience de langage et de liberté, alors que les animaux n'en auraient pas la capacité.
Cela confèrerait à l'homme
une dignité particulière : seul d'entre les créatures à posséder la raison, il serait également le seul à pouvoir se
représenter une fin, et à ce titre, il serait en lui-même une fin, c'est-à-dire une personne que l'on devrait respecter,
et non pas une simple chose dont on pourrait disposer.
Société : La société renvoie habituellement à l'idée d'un regroupement d'individualités, structuré par des liens de
dépendance réciproque, et évoluant selon des schémas réglés.
On peut parler, de ce point de vue, de « sociétés
animales » autant que de « sociétés humaines ».
Les sociétés humaines diffèrent des sociétés animales en cela
qu'elles seraient pourvues d'une histoire et qu'elles seraient régies par des institutions.
Chez l'être humain, la
question se pose de savoir si l'état de société renvoie à une disposition fondamentale de l'être humain ou si c'est
seulement de l'extérieur que cet état s'impose à lui.
En effet, autant il semble logique de considérer que l'être
humain est naturellement sociable, autant cette conception apparaît partout contredite par les divers conflits et
tensions de société.
Cela pourrait nous pousser à imaginer que les sociétés ne soient pas des réunions naturelles,
mais qu'elles résultent d'un processus historique fondé sur un pacte.
Enfin, la société pose encore cette question :
l'être humain se réalise-t-il plus complètement en société qu'en solitaire ? Permet-elle à l'individu de développer des
penchants qui sans elle resteraient cachés, ou bien ne fait-elle que brimer ses aspirations en rompant le
développement naturel de l'individu ?
Problématisation :
Considérer que l'homme puisse vivre indépendamment de tout lien social, c'est imaginer qu'il soit tout à fait possible
à un homme d'accomplir sa vie et son identité d'homme en restant toujours à l'écart de la société.
Une telle
hypothèse pose problème car la société étant omniprésente, nous ne connaissons quasiment pas d'hommes qui aient
vécu une telle expérience de la solitude.
Quant à ceux que nous connaissons, correspondent-ils encore vraiment à
l'idée que nous nous faisons de l'homme ? Cela étant posé, la multitude de conflits qui se font jour dans toutes les
sociétés invite également à se poser cette question : sommes-nous vraiment faits pour ça ? Puisque ça ne
fonctionne pas, n'est-ce pas la preuve que là n'est pas la solution ? Ne faudrait-il pas justement délier l'homme de la
société pour le retrouver tel qu'il est en sa nature profonde ?
Proposition de plan :
1.
L'homme est un animal politique.
a) Aristote part d'un constat : il n'y a pas d'hommes vivant en dehors de la société.
L'homme est « un animal
politique par nature » (Politiques I, 2, 1252b) et « celui qui est hors cité, naturellement bien sûr et non par le hasard
des circonstances est soit un être dégradé soit un être surhumain » (Politiques I, 2, 1252b).
La naturalité de la vie
sociale est par ailleurs attestée par le fait que l'homme naît au sein d'une famille, première forme de vie sociale.
b) D'autre part, « seul parmi les animaux l'homme a un langage » (Politiques I, 2, 1253a), et si l'homme est doué du
langage, c'est bien parce qu'il est fait pour la vie en société.
En effet, le langage sert à « manifester l'avantageux et
le nuisible, et par suite aussi le juste et l'injuste » (Politiques I, 2, 1253a2), or, échanger des idées sur la justice,
c'est bien ce qu'on appelle faire de la politique et se soucier du lien social.
Si donc la nature a donné les moyens à
l'homme de faire de la politique, c'est pour qu'il le fasse.
c) Enfin, il faut ajouter que l'homme ne se réalise véritablement que dans le domaine politique.
C'est grâce à la vie
sociale que l'homme peut cultiver la « prudence » la vertu éthique la plus haute, celle qui permet de réaliser le bien,
c'est-à-dire de se conduire selon la raison.
La prudence étant « une disposition pratique, accompagnée d'une règle
vraie, concernant ce qui est bon et mauvais pour l'homme » (Ethique à Nicomaque, livre VI, chapitre 5, 1140b5), on
comprend que celle-ci ne peut s'épanouir que dans la vie sociale, hors laquelle il n'y a pas de réflexion sur ce qui est
bon ou mauvais pour l'homme.
Aussi serait-il naïf de concevoir l'homme indépendamment du lien social..
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