Peut-on concevoir l'existence d'un sentiment religieux, si Dieu n'existe pas ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet :
Sentiment/Sentiment religieux : Le sentiment est un état de la conscience.
L'amour, la haine sont des sentiments qui renvoient la conscience à l'un de ses
objets extérieurs.
Le sentiment est en général lié à un objet extérieur mais certains sentiments comme l'angoisse (différente de la peur), ne le sont pas.
Le
sentiment n'est pas toujours justifié, on peut craindre une évènement qui s'avérera bénéfique par la suite ou au contraire souhaiter un événement qui
pourtant nous plongera dans le malheur une fois réalisé.
Le sentiment religieux c'est le sentiment qui nous dispose à croire en un être suprême et
transcendant, c'est le sentiment que ce dieu existe et qu'il est bien le juge des hommes.
P our les athées ce sentiment est la marque de la faiblesse
naturelle des hommes qui préfèrent être gouvernés par l'illusion plutôt qu'assumer la responsabilité que fait peser sur eux un monde sans Dieu.
Existence : L'existence s'identifie, pour l'homme à sa vie, ou plus précisément à ce bref l'abs de temps qui sépare sa naissance de sa mort.
Par contre, une
chose au moins fut dite, par certains, existante sans que pour autant son existence signifie qu'elle puisse vivre et mourir : Dieu, l'éternel existant.
Définit
comme le père et donc le législateur de l'ensemble des existences finies.
P our tout les autres, l'existence de dieu est une fiction puisqu'elle ne s'identifie
pas à une vie finie.
C ette fiction est pour les athées par contre, une existence qui recouvre celle de ceux qui lui ont prêter crédit : en ce sens l'existence de
Dieu a pour les athées un début et une fin, une naissance et une mort.
Dieu : Dans la perspective religieuse, Dieu est le juge suprême des actions des hommes, il est le créateur de l'univers et de toute chose; il en dispose donc
de toute éternité.
Il est également le témoin qui pardonne toutes les fautes par amour pour ces créatures qui doivent l'aimée en retour.
Dans la perspective
athée, Dieu est un objet de croyance, un être d'imagination dont la valeur n'est que purement humaine (pas sacré).
P our eux, il ne vaut qu'en tant qu'il est
cru existant par certains hommes, et que ces mêmes hommes donne à cette illusion une valeur.
P our eux, (Depuis Feuerbach) Dieu est le nom symbolique
sous lequel se regroupe toutes les qualités qui font de l'homme un homme Bien : il est une projection sacralisée du Bien en l'humanité.
Problématisation :
Nous nous interrogeons sur la possibilité du sentiment religieux.
Peut-on concevoir l'existence d'un sentiment religieux si Dieu n'existe pas ? Du point de
vue religieux, il faudrait répondre non à cette question.
En effet, Le sentiment religieux qui s'accompagne de l'idée de Dieu est pour bien des croyants la
preuve irréfutable de l'existence de Dieu.
Pour autant, pour les athées, il semble tout à fait possible de concevoir l'existence d'un sentiment religieux si Dieu
n'existe pas, en le réduisant à une échappatoire d'imagination, une fuite du monde réelle vers le monde imaginaire.
Mais alors comment comprendre cette
contradiction ? Ne faudrait-il envisager un autre point de vue, peut-être le point de vue pragmatique, pour répondre à cette question sans s'engager dans
une des deux grandes hypothèses métaphysiques, que nous savons depuis Kant indémontrable et indécidable par la raison ?
Proposition de plan :
1.
Du point de vue religieux, l'existence d'un sentiment religieux est la preuve de l'existence de Dieu lui même.
a) Si l'homme a le sentiment religieux qui s'accompagne de l'idée, du concept, de Dieu, c'est, comme il ne peut par la suite connaître dieu autrement, qu'il lui
est naturellement donné : inné.
b) Si ce sentiment leur a été donné naturellement et universellement, c'est qu'il est dans la nature de leur espèce de rendre un culte à dieu.
c) Si la nature leur a donné comme but d'aimer dieu, c'est que dieu existe et qu'il a lui même placé en l'homme ce sentiment pour se faire connaître et aimer
de lui dans ce monde comme créateur et juge de toutes choses.
d) concevoir un sentiment religieux si dieu n'existe pas est parfaitement impossible car le sentiment religieux implique l'existence de dieu.
Problème : C ette preuve de l'existence de Dieu est parfaitement réfutable comme toute les preuves « pseudo-rationnel » de l'existence de Dieu.
Exemple :
L'existence de Dieu implique sa perfection.
Or, si dieu a voulu se faire connaître des hommes, il n'y a pas réussi, puisque quelques hommes au moins ne
reconnaissent pas son existence, donc dieu est imparfait et il n'existe pas.
Transition : C omment alors envisager le sentiment religieux si dieu n'existe pas ?
2.
Du point de vue athée, le sentiment religieux n'existe que sur le mode de l'imagination et du refus de sa responsabilité.
a) Les hommes croient en dieu pour se défausser de leur propre liberté et de leur propre responsabilité.
b) En effet, pour le croyant Dieu est le juge des hommes, il juge leurs actions dans ce monde-ci et leur promet en échange de leur bonne conduite un paradis
dans l'au-delà et de la même fait peser sur eux la perspective d'atroces supplices s'il ne remplissent pas les devoirs de la morale.
c) Les hommes s'inventent donc un dieu pour ne pas avoir à assumer la responsabilité morale de leurs actions libres.
Ils s'en « remettent » à dieu et à son
jugement, plutôt que de s'en remettre à leur raison.
Ils préfèrent être esclave de leur imagination plutôt que d'être libre par leur raison, parce que c'est plus
confortable.
Problème : Pour autant, la raison peut-elle suffit-elle à démontrer que dieu existe ou n'existe pas.
Nous l'avons vus les preuves de l'existence de Dieu sont
réfutables, tout comme les preuves de sont inexistence.
Les religieux et les athées, par l'exercice de la même raison semblent incapables de démontrer de
manière certaine, de décider la question de l'existence de Dieu.
Transition : C omment alors comprendre que l'on puisse concevoir l'existence du sentiment religieux que dieu existe ou n'existe pas ?
3.
Du point de vue pragmatique, le sentiment religieux répond sûrement à un besoin de l'humanité, besoin de norme, besoin d'obéir, chacun peut choisir
rationnellement de lui donner crédit ou pas.
a) Depuis P ascal on conçoit la foi comme un pari existentiel et pragmatique, et en aucun cas contraire à la raison.
Depuis Kant nous savons que la raison,
de toute façon, échoue à décider la question de l'existence de dieu.
b) Si certains hommes en ont besoin pour vivre mieux, qu'ils choisissent rationnellement de s'y conformer mais sans pour autant mettre en esclavage leur
raison, ce qui n'est pas nécessaire de toute façon.
c) Du point de vue de la raison, on peut donc concevoir l'existence du sentiment religieux comme un fait purement humain, qui n'est pas en rapport direct
avec l'existence ou la non-existence de dieu.
Le sentiment religieux n'implique pas forcément l'existence de dieu, ils révèle la grande détresse de l'homme
devant ses responsabilités morales : S'il a besoin d'un Dieu pour parvenir à les assumer, qu'il en soit ainsi.
Sinon, rien ne l'oblige à considérer ce sentiment
autrement que comme une créature de l'imagination.
Quand au jugement dernier : Dieu reconnaîtra les siens...
ou pas...
La raison ne peut rien dire de plus
sur ce sujet qui reste du domaine de la Personne : ou bien...
ou bien....
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