Peut-on comparer la connaissance de soi avec la connaissance des choses ?
Extrait du document
«
Introduction :
On a coutume de dire que l'on se connaît mieux que personne.
En effet, nous seuls savons ce que nous voulons, ce que
nous pensons, ce que nous ressentons.
Pourtant, tout cela n'est pas toujours si simple à exprimer, et l'on s'aperçoit qu'il
est parfois plus facile de donner la définition d'un objet ou de résoudre un problème de mathématique que de d'expliquer
la complexité de notre être.
La connaissance de soi est-elle alors plus simple que la connaissance des choses ? N'est-il pas
plus aisé d'avoir les idées claires sur le monde qui nous entoure que sur nous-même ? Pour répondre à cette question, il
faut chercher à saisir ce qu'est avoir conscience de soi, et à quelle connaissance des choses on peut prétendre, pour en
établir les limites respectives.
1 ère partie : Il est plus aisé de se connaître soi-même.
-« L'âme est plus facile à connaître que le corps », affirme Descartes.
En effet, on peut penser de prime abord qu'il est plus
facile de se connaître soi car nous sommes directement accessible à nous-même, à l'inverse des objets que l'on saisi par la
médiation des sens, lesquels peuvent nous tromper (ex : si on a la vue trouble, etc.).
L'allégorie de la caverne racontée par Platon dans La République (livre VII) montre à quel point la connaissance des
choses est difficile et demande des efforts : les hommes croient voir la réalité alors qu'il ne s'agit que de l'ombre des
réalités extérieures, et il faut les forcer à se retourner et les soumettre à l'éblouissement de la lumière du jour pour leur
donner accès à la vraie connaissance des choses.
-La connaissance que l'on a de soi réside dans le fait que l'on a conscience de soi.
Pour Descartes (Méditations
métaphysiques), même si nous sommes dans le doute le plus extrême et dans l'impossibilité de connaître les choses, nous
pouvons être sûr que nous sommes en train de douter, donc de penser et d'exister (c'est la formule « cogito ergo sum » :
je pense donc je suis).
2 ème partie : La connaissance de soi n'est que subjective, tandis que l'on peut connaître les choses objectivement.
-La conscience de soi n'est pas la connaissance de soi.
Nous ne pouvons avoir qu'une vision interne de nous-même.
« Je
ne peux pas être au balcon et me regarder passer dans la rue », constatait Auguste Comte, le fondateur de la sociologie.
Il entendait par là que l'on a toujours forcément un regard subjectif sur nous-même, puisque nous ne pouvons prendre du
recul pour faire notre examen.
Nous ne pouvons nous détacher de nous-même, de notre caractère, notre culture, nos
sentiments, et notre appréciation de nous-même est forcément influencée.
L'expérience nous montre que nos proches
parviennent souvent mieux à nous définir que nous-même.
De plus, il arrive aussi que l'on soit surpris par soi-même,
quand on se découvre des ressources cachées dans certaines situations extrême, tel que du courage face au danger par
exemple.
- Freud, le père de la psychanalyse, a montré avec la découverte de l'inconscient qu'il existe une partie de nous refoulée et
inaccessible pour la conscience, que l'on ne peut donc pas connaître.
-le devenir échappant à la pensée, nous ne pourrions nous connaître entièrement qu'au moment de notre mort, car nous
sommes inachevés, comme une réalité qui évolue et se transforme constamment, et l'on ne peut répondre à une définition
circonscrite et finie.
-On peut penser que les objets qui nous entourent sont plus faciles à connaître, part leur proximité et leur moins grande
complexité, car ils ne sont pas doués de conscience.
On pourrait alors avoir un regard « objectif » sur ces objets, dont on
peut faire le tour (contrairement à soi-même).
3 ème partie : La connaissance de soi est un idéal à garder pour atteindre la connaissance des choses.
« Connais-toi toi-même », ordonnait Socrate à ses élèves.
C'est pour lui le point de départ pour accéder à une autre
connaissance, celle des objets extérieurs.
-Kant distingue, dans la Critique de la raison pure, entre les « choses en-soi » auxquelles on ne pourra jamais avoir accès,
et les « phénomènes », qui sont les choses telles qu'elles nous apparaissent, que nous connaissons par la sensibilité et
l'entendement.
-dans son prolongement, Husserl, en élaborant la méthode phénoménologique, a compris que ne pouvait avoir accès qu'à
des phénomènes qui nous apparaissent, et non pas à la réalité « en-soi », c'est-à-dire à une vérité absolue.
On connaît
les choses telles que notre conscience les saisis, donc plus on se connaît, mieux on comprend comment les choses
parviennent à notre connaissance.
Pour Husserl, avant de percevoir, il faut que la conscience ait une « visée
intentionnelle », c'est-à-dire qu'il faut viser quelque chose pour l'atteindre (ex : de même qu'il faut regarder un objet pour
le voir).
Ce n'est qu'à ce prix alors que la perception peut s'accompagner d'une conscience que la réalité humaine est un
accès à la connaissance.
-La connaissance de soi est un idéal vers lequel il faut tendre pour entrer dans un processus de connaissance.
Même si
l'esprit humain ne pourra jamais tout connaître ni atteindre aux choses en-soi.
Conclusion :
Si l'on peut penser que la connaissance de soi est plus facile que la connaissance des choses parce que nous sommes
intimes avec nous-même, et que nous nous percevons sans médiation, en réalité, cette intériorité est source de
confusion : la conscience de soi n'est pas la connaissance de soi.
Il semble alors que l'on peut avoir un regard plus objectif
sur les réalités extérieures, en particuliers les objets immuables et inanimés qui ne sont pas soumis au changement.
Mais
rien n'est si simple, car là encore, la connaissance que nous pouvons avoir des choses est dépendante de notre être,
puisque c'est par la sensibilité et l'entendement qui met en forme les phénomènes apparaissants que nous accédons à la
connaissance.
C'est donc en cherchant à se connaître soi-même, à connaître notre propre fonctionnement et nos limites
dans l'accès à la vérité que l'on pourra avoir accès à une meilleure connaissance des choses..
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