Peut-on choisir son identité ?
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Peut-on choisir son identité ?
Quelques précisions conceptuelles :
Peut-on : 2 sens possibles
- A t'on le droit moralement ? Sommes nous autorisés à ?
Poser la question en ce sens : une question d'éthique qui demande si nous avons le droit de
déterminer notre vie.
.
Dans les sociétés traditionnelles la question peut effectivement se poser
(transmission des statuts : le fils de boulanger devient boulanger, et il y a une responsabilité pour lui de continuer le
travail du père).
Cependant, dans nos sociétés : poser cette question choque les principes fondamentaux de la
liberté individuelle (pour les questions qui ne concernent que nous-mêmes, toute légitimité est concentrée en nous).
Donc ce sens éthique ne sera pas abordé ici (il y a une perte historique de pertinence)
- Est-ce effectivement possible ? (d'un point de vue logique) ou y a-t-il une contradiction
dans les termes ?
Choisir : se déterminer entre différents possibles
Suppose : la connaissance des possibles et la capacité en droit de se déterminer (la liberté), comme
celle en fait (y a t-il une raison qui nous guide dans ce choix ?)
Entraîne : la responsabilité du choix
-> Choisir, c'est mettre une question à distance pour envisager les différentes solutions possibles et
n'en retenir qu'une.
Ceci suppose un temps de réflexion (le choix s'oppose à l'indifférence intellectuelle) et le
moment du choix.
Identité : principe de l'équivalence stricte.
C'est plus qu'une égalité : « A=B » est une égalité si, par exemple, A=5 et B=5.
mais A n'est pas
identique à B, du fait même que leur signe (la lettre utilisée) diffère.
Donc la seule formule de l'identité possible est « A=A », ce qui est une tautologie (une évidence
logique), c'est-à-dire une formule apparemment vide.
Cependant ce concept devient problématique ici du fait de l'adjectif possessif « son » : elle se rapporte
à un individu, c'est-à-dire à la fois :
- Un corps (un « en-soi »).
Ici la formule est évidemment incohérente.
Si on considère mon
corps réel, dans l'instant - à un moment donné - il est évident que ce qu'il est ne dépend ni d'une décision ni d'un
sens que je lui donne : c'est un donné, il est tout simplement.
- Un sujet (un « pour-soi »).
Du point de vue du sujet, quelle est mon « identité » ? « J'ai
une identité » équivaut à « Je suis qui je suis ».
Le problème revient donc à pouvoir définir cet être que je suis, non
de façon ponctuelle, mais en dégageant une essence, quelque chose de structurel qui lie ce que je suis dans la
durée - des constantes dans mon rapport au monde, aux autres et à moi-même (ce qui englobe ce que le langage
courant appelle « personnalité » mais le dépasse).
Présupposé : Qu'une telle essence existe
Problème : Poser cette question suppose que l'on puisse se dégager totalement de ce que l'on est pour pouvoir
construire librement le contenu de notre être.
Cette position de sujet parfaitement libre et se surplombant lui-même
est-elle cohérente ? Ou ce « choix » est-il une fiction qui cache le simple résultat de déterminations diverses ? Dans
le cas contraire, quelle est la marge de liberté du sujet pour se déterminer lui-même ?
Plan possible :
I.
Nous sommes libres à tout instant de déterminer notre présent
1.
Notre être est traversé par une tension entre passé et présent, entre ce que nous avons été (les faits
qui lui confèrent une densité réelle, indiscutable) et notre ensemble de possibles, qui dépasse toujours ce que nous
sommes.
- L'existence d'un passé contrarie notre liberté : c'est un ensemble de choix déjà pris qui
hypostasient (qui « chosifient ») une image de nous
- Parallèlement, nous sentons continuellement notre liberté, notre capacité à être tout à fait
autre chose que les « mois » passés.
- Donc pour conserver la pertinence du problème: notre « identité » ne peut plus renvoyer à
ce que nous sommes réellement, effectivement (la totalité de ce que l'on est, avec notre passé comme constitutif
de notre être).
Car alors on n'aurait qu'une série de clichés de soi qui évacuerait le problème de la liberté, central
ici.
Il n'y a en fait pas une identité qui traverserait toute l'existence d'un sujet, mais des identités particulières qui
se succèdent - une condition pour la possibilité de la « choisir ».
Ex : Sartre dans l'Être et le néant : distingue deux Philippe Pétain : le vainqueur glorieux de
1918 et le dictateur réactionnaire de l' « Etat Français ».
Il n'y a pas de continuité substantielle pour les individus
(pas une essence, une identité définitive).
=> Parce que l'être que nous sommes présent n'est pas parfaitement solidaire des êtres que
nous avons été, il semble possible de déterminer son identité.
Mais cette rupture du choix est-elle possible ?.
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