Peut-on changer le monde ?
Extrait du document
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Analyse du sujet :
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Il faut commencer par se demander ce que signifie « changer le monde ».
Que veut-on dire quand on dit,
par exemple, « lui, il voudrait changer le monde » ou « on ne peut pas changer le monde » ?
Deux significations sont possibles :
1.
si l'on prend l'expression au sens propre, elle signifiera qu'on veut changer le monde qui nous
entoure, agir sur le monde ;
2.
la signification la plus courante consiste à attribuer à « monde » le sens non du monde
physique, mais du monde des humains, du fonctionnement de nos sociétés.
Vouloir changer le
monde, c'est, par exemple, vouloir supprimer la pauvreté en répartissant mieux les ressources,
etc.
Il faut définir les termes du sujet, et notamment distinguer ces deux significations possibles de l'expression
« changer le monde » dès l'introduction.
Problématisation :
Il faut présenter la problématique sous forme d'une alternative, d'une tension, que la dissertation a pour objet de
résoudre.
Les lois de la nature semblent immuables, nous ne pouvons pas faire qu'il n'y ait plus de catastrophes naturelles,
etc.
Face à cela, nous avons le sentiment de notre impuissance et nous nous disons que nous ne pouvons pas
changer le monde, et cela risque de nous conduire à l'inaction.
D'un autre côté, vouloir changer le monde parce qu'il
ne nous satisfait pas, n'est-ce pas ne pas nous rendre compte de notre pouvoir limité et nous bercer d'illusions ?
Dans le premier cas, nous ne pourrions plus agir, et dans le deuxième, notre action serait vaine.
Proposition de plan :
1.
Changer mes désirs plutôt que l'ordre du monde
Descartes, Discours de la méthode, troisième partie.
« Ma troisième maxime était de tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs
que l'ordre du monde »
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Descartes dit qu'il ne faut pas chercher à changer le monde, mais à changer ses désirs.
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Cela signifie-t-il qu'on ne peut pas changer le monde ?
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On pourrait comprendre, au contraire, puisqu'il faut une maxime pour se prémunir contre la
volonté de changer le monde, qu'on peut changer le monde mais qu'il ne le faut pas.
Est-ce cela
que Descartes a en vue ?
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Le complément « et généralement, de m'accoutumer à croire qu'il n'y a rien qui soit entièrement
en notre pouvoir, que nos pensées » permet de comprendre que le raisonnement de Descartes
n'est pas celui-là : s'il ne faut pas chercher à changer le monde, c'est parce qu'il n'est pas en
notre pouvoir de le faire, et que nos désirs seront déçus.
Or, comme un désir déçu fait souffrir,
mieux vaut ne pas désirer l'impossible.
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Mais cette maxime ne risque-t-elle pas de mener à l'inaction ?
Cela semblerait paradoxal, puisque Descartes a précisément élaboré sa « morale par provision »
pour les nécessités de l'action qui ne peut pas attendre : « afin que je ne demeurasse point
irrésolu en mes actions, pendant que la raison m'obligerait de l'être en mes jugements, et que je
ne laissasse pas de vivre dès lors le plus heureusement que je pourrais, je me formai une morale
par provision ».
Comment dès lors comprendre cette injonction à ne pas vouloir changer l'ordre du monde ?
Il ne s'agit pas de ne rien faire, mais simplement de comprendre que nos actions ne nous
permettront pas toujours d'obtenir ce que nous aurions voulu, et qu'il ne fut pas s'en chagriner.
Il
faut distinguer ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous : « en sorte qu'après que
nous avons fait notre mieux [il s'agit bien ici d'une injonction à agir], touchant les choses qui nous
sont extérieures, tout ce qui manque de nous réussir est, au regard de nous, absolument.
»
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