Peut-on attribuer à l'animal une valeur identique a celle de l'homme ?
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«
Introduction :
L'animal et l'homme sont deux vivants.
Pourtant, force est de constater que nous avons tendance à
considérer qu'il y a ne différence intrinsèque entre l'homme et l'animal.
Mais sur quoi se fonde-t-elle ? De la
conscience, de l'âme, du corps, du langage ? Sans doute pas comme nous le montre les dernières recherches sur les
animaux.
Dans ce cas, se pose pour nous une autre question qui pourtant est le symétrique de la précédente à
savoir : peut-on attribuer à l'animal une valeur identique à celle de l'homme ? Il s'agit donc d'établir s'il y a un droit
ou une inconséquence à penser l'animal comme le pendant de l'homme.
Mais en parlant de valeur identique il s'agit
de savoir si jamais nous trouvions une différence entre l'homme et l'animal, si cette dernière serait une différence de
degré ou de nature.
Dès lors nous devons nous interroger sur le fondement d'une distinction entre l'homme et
l'animal quitte à faire chuter l'homme de son piédestal et si elle est de nature ou de degré.
Et c'est dès lors à une
telle question que nous devrons répondre ; ce qui nous ferons sous trois moments différents.
I – Identité de valeur entre l'homme et l'animal
a) La cinquième partie du "Discours de la Méthode" expose la physique cartésienne, forme résumée du Traité du
monde ; c'est une déduction rationnelle des principales lois de la nature à partir d'un chaos initial fictif.
«
Démontrant les effets par les causes » (V), il s'appuie sur le principe mécaniste d'une nature explicable par figure et
mouvement, et fait ainsi l'économie du recours à la notion d'âme (il développe l'exemple de ses travaux sur les
fonctions cardiaques).
C'est particulièrement dans l'étude du vivant qu'un tel geste se trouve mis en relief.
De là, le
modèle de la machine ou de l'automate pour penser le corps animal et ses divers mouvements, l'image technique
ayant pour vocation de souligner ici l'approche mécaniste du monde naturel.
Mais, là où l'animal peut s'y réduire
complètement (car il est tout matière), on doit reconnaître en l'homme, et en l'homme seulement, une composition
de deux substances : machine jusqu'à un certain point (le corps), ce qui le caractérise en propre reste l'exercice de
la pensée qui, elle, est immatérielle.
Parler avec à propos est le signe extérieur d'une telle spécificité.
Si l'animal est bien une machine comme le présente la vision mécaniste de l'animal chez Descartes comme on peut
le voir dans la lettre au Marquis de Newcastle du 23 novembre 1646 avec la
fameuse thèse des animaux-machines, l'homme aurait donc une valeur
supérieur à l'homme notamment grâce à sa liberté et à sa raison.
Les animaux
ne sont que des ensembles de rouages et de ressorts savamment disposés
qui n'exécutent les choses que par instinct, comme programmé d'avance.
Et
en ce sens, ils sont inférieurs à l'homme, ils n'ont donc pas la même valeur
que l'homme : « Je sais bien que les bêtes font beaucoup de choses mieux
que nous, mais je ne m'en étonne pas ; car cela même sert à prouver qu'elles
agissent naturellement et par ressort, ainsi qu'une horloge, laquelle montre
bien mieux l'heure qu'il est que notre jugement ne nous l'enseigne.
Et sans
doute que, lorsque les hirondelles viennent au printemps, elles agissent en
cela comme des horloges.
Tout ce que font les mouches à miel est de même
nature, et l'ordre que tiennent les grues en volant, et celui qu'observent les
singes en se battant, s'il est vrai qu'ils en observent quelqu'un, et enfin
l'instinct d'ensevelir leurs morts n'est pas plus étrange que celui des chiens et
des chats, qui grattent la terre pour ensevelir leurs excréments, bien qu'ils ne
les ensevelissent presque jamais, ce qui montre qu'ils ne le font que par
instinct et sans y penser.
On peut seulement dire que, bien que les bêtes ne
fassent aucune action qui nous assure qu'elles pensent, toutefois, à cause
que les organes de leurs corps ne sont pas fort différents des nôtres, on peut
conjecturer qu'il y a quelque pensée jointe à ces organes, ainsi que nous
expérimentons en nous, bien que la leur soit beaucoup moins parfaite.
À quoi
je n'ai rien à répondre, sinon que, si elles pensaient ainsi que nous, elles auraient une âme immortelle aussi bien que
nous, ce qui n'est pas vraisemblable, à cause qu'il n'y a point de raison pour le croire de quelques animaux, sans le
croire de tous, et qu'il y en a plusieurs trop imparfaits pour pouvoir croire cela d'eux, comme sont les huîtres, les
éponges, etc.
»
b) Mais comme le montre La Mettrie dans l'Homme-machine, l'homme est essentiellement une machine et dans ce
cas comme les animaux.
Le corps de l'homme est essentiellement un ensemble de rouage, de ressorts etc.
Il s'agit
effectivement d'un matérialisme qui pose aussi que l'âme ou ce que l'on appelle l'esprit n'est rien d'autre qu'un
ensemble de fonctionnement.
Et c'est par ailleurs en ce sens que les sciences cognitives et la neurobiologie comme
on a pu le voir avec les machine de Turing développe cette certaine vision de l'homme.
Comme le dit La mettrie :
les animaux sont des automates agencées par Dieu.
Tout se ramène chez eux à des mécanismes corporels.
Le cri de
douleur de l'animal n'est rien d'autre qu'un réflexe corporel et physique.
Or le corps humain lui aussi est une machine.
Toutes les fonctions biologiques s'expliquent mécaniquement.
Y a-t-il une différence de nature entre les être
vivants et les objets physiques ? Non selon La Mettrie, qui reprenant la théorie de Descartes en la radicalisant.
L'homme est aussi une machine, comme l'animal, avec son corps et son âme tout aussi machine.
Contrairement à
Descartes, il n'y a pas différence de perfection dans le mécanisme entre l'homme et l'animal : « L'Homme est une
Machine si composée, qu'il est impossible de s'en faire d'abord une idée claire, & conséquemment de la définir […]
Dans les maladies, tantôt l'Ame s'éclipse & ne montre aucun signe d'elle-même; tantôt on diroit qu'elle est double
[…] L'Ame & le Corps s'endorment ensemble.
A mesure que le mouvement du sang se calme, un doux sentiment de.
»
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