Peut-on attribuer à la connaissance scientifique une valeur morale ?
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SUJET : Peut-on attribuer à la connaissance scientifique une valeur morale ?
Introduction.
— La science1 nous apprend ce qui est.
A une connaissance de cette sorte, la morale peut-elle
attribuer une valeur propre ?
1e partie.
— Il semble qu'il soit impossible d'attribuer au fait de connaître scientifiquement une valeur morale.
A.
— La science est indifférente à la moralité ; elle ne se préoccupe pas de ce qui doit être.
B.
— Bien plus : elle détermine et elle analyse; par là même
a) elle supprime dans le monde toute contingence, toute liberté, oriente la pensée dans le sens d'un déterminisme
matérialiste (lutte pour la vie) ;
b) et elle ruine toute poésie (la généralité, objet de science, opposée à l'individualité, intéressant l'artiste).
2e partie.
— Réfutation de ces thèses.
A.
— Séparer la science et la morale ce n'est pas les opposer.
B.
— La science ne nous contraint point à percevoir le monde uniquement sous l'aspect qu'elle adopte :
a) le déterminisme scientifique peut laisser subsister une certaine contingence ;
b) on peut unir le point de vue du savant et celui de l'artiste ;
c) et même trouver dans la vision scientifique de l'univers une certaine beauté .
3e partie.
— S'il n'est pas vrai que la connaissance scientifique soit défavorable à la vie morale, il n'en résulte pas
qu'elle ait, en elle-même, une valeur morale.
Mais on peut d'abord signaler la valeur morale de certaines applications
de la science.
A.
— La science rend l'homme plus puissant ; elle peut le rendre plus puissant pour le bien (autant que pour le mal).
B.
— Délivrer l'humanité de maux tels que la tuberculose, ou la misère, serait-ce sans valeur morale?
4e partie.
— On répondra qu'il s'agit des conséquences de la science, non de la science elle-même (qui a, d'ailleurs,
aussi des conséquences fort défavorables : ex.
: guerre chimique et bactériologique).
Il faut donc se placer en face
de la connaissance scientifique elle-même.
On peut soutenir que:
A.
— la science est oeuvre collective, donc rapproche les hommes, aide à leur communion spirituelle, peut éveiller,
en ceux qui admettent ses bienfaits, la reconnaissance envers l'Humanité.
B.
— Elle procède de l'amour de la vérité, entretient en nous ce sentiment qui, appliqué à la vie quotidienne, a les
plus heureuses conséquences.
C.
— Elle est l'une des formes que prend l'amour d'un Idéal : idéal désintéressé, généreux, que certains servent
avec un magnifique esprit de sacrifice.
D.
— Elle nous révèle l'Univers tel qu'il est, nous aide à nous remettre à notre petite place dans l'infini de la Vie
Universelle ; elle nous permet d'accomplir ce qu'on pourrait appeler le devoir de l'homme envers la Vie Universelle.
Conclusion.
— « Science sans conscience n'est que ruine de l'âme ».
Mais, dans une conscience sincèrement
éprise d'idéal, la connaissance scientifique peut avoir la plus haute valeur morale..
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