Peut-on apprendre à juger de la beauté ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet :
Le sujet prend la forme d'une question fermée, à laquelle il s'agira de répondre par « oui » ou « non » en
conclusion, au terme d'une argumentation documentée.
La notion principale du sujet est le beau.
Parler du beau pose plusieurs difficultés : premièrement, le sens du
terme a évolué avec l'histoire de l'art et de la philosophie.
Deuxièmement, la notion est dans son emploi actuel
et courant quasiment vide de sens : le beau se réduit à ce qui me plait.
« Les goûts et les couleurs ne se
discutent pas ! » entend-on souvent.
Est-ce bien légitime de reconduire ainsi entièrement le beau à la
subjectivité, à un jugement de goût ?
Le fait est que nous jugeons du beau et que nos jugements peuvent se modifier.
Notre sensibilité à ce qui est
beau évolue.
Mais y a-t-il justement une manière adéquate de juger le beau ? Y a-t-il quelque chose comme
des critères de la beauté ? Si c'est le cas, il suffit, pour apprendre à juger le beau, d'abord d'apprendre les
critères de celui-ci, ensuite de déterminer si ce dont il s'agit de dire si « c'est beau » ou non est conforme aux
critères en question.
Dans quels champs la notion de beau nous invite t-elle à réfléchir ? Il serait réducteur de ne considérer que les
oeuvres d'art pour traiter la question du jugement du beau.
Il y a en effet des oeuvres qui sont reconnues
artistiques mais qui demeurent foncièrement laides (penser aux papes décharnés de Francis Bacon).
Mais
surtout, il y a bien d'autres choses que des oeuvres que nous jugeons belles : par exemple des visages, des
paysages, telle ou telle fleur, etc.
Problématisation :
Pour qu'il soit possible d'apprendre à juger le beau, il faut déjà que le beau soit une affaire de jugement, ce qui n'a
rien d'évident.
Un jugement vrai, autant que possible, rend compte d'un état de chose.
Le problème qui se pose est
donc celui de savoir si la beauté est un état de chose, ou plutôt quelque chose qui relève de notre « état d'âme ».
I – La beauté est-elle un état de chose ?
Par ailleurs, que le beau soit objectif ou non, nous jugeons que telle ou telle chose est belle ou non : c'est là un
fait.
Autrement dit, notre jugement peut très bien ne pas être fondé, mais pourtant il est bien réel.
Il y a donc
quelque chose comme des critères subjectifs ou objectifs qui nous poussent à juger.
II – Comment jugeons-nous du beau ?
Proposition de plan :
I – La beauté est-elle un état de chose ?
Nous disons de différentes choses qu'elles sont « belles ».
S'agit-il d'une qualité qui appartient en propre à ce que
nous jugeons être beau ou bien seulement d'une impression que nous avons face à certaines choses.
Autrement dit,
juger de la beauté de quelque chose, est-ce révéler une qualité ou alors est-ce exprimer un sentiment qui ne relève
que de notre subjectivité ?
Ludwig Wittgenstein s'intéresse dans les « leçons sur l'esthétique » (cf.
Leçons et conversations, Gallimard, 2003,
pp.
15 sq.) à la question de l'apprentissage de l'utilisation du terme « beau », en particulier par les enfants.
Cette
approche du problème est linguistique et pragmatique : en quelle situation utilise-t-on le mot « beau » ? Il affirme
immédiatement : « si vous vous demandez comment un enfant apprend « beau », « magnifique », etc., vous trouvez
qu'il les apprend en gros comme des interjections.
» Le mot beau est utilisé de la même manière que lorsque nous
disons « aie ! » quand nous nous sommes fait mal.
Il se substitue à un geste.
Pour prendre un autre exemple, face
un « beau » paysage, nous pouvons indifféremment sourire ou ouvrir de grands yeux béats, ou dire « ouah ! », ou
encore dire « c'est beau ! ».
Dans tous les cas, nous manifestons notre approbation.
Ce qui donc importe, ce sont
les circonstances dans lesquelles le mot « beau » est utilisé.
Par conséquent, la beauté n'est en aucune manière une affaire de jugement.
Lorsque nous disons « c'est beau ! »
nous ne jugeons pas d'une qualité objective de quelque chose mais nous manifestons notre approbation dans une
certaine situation.
Le beau, dans cette perspective, n'est pas un état de chose.
Transition :
Une chose est de dire que les propositions dans lesquelles le terme « beau » intervient ne peuvent jamais être
véritablement des jugements, une autre est le fait que nous croyons tout de même émettre des jugements en
disant : « c'est beau ! ».
De fait, un critique d'art, même s'il a tort, pense affirmer quelque chose de l'oeuvre et non
seulement sa propre impression, lorsqu'il juge que telle ou telle oeuvre est « bonne » ou « belle ».
Mais si justement
il ne s'agit que d'une marque d'approbation, comment fonde-t-il son jugement ?
II – Comment jugeons-nous du beau ?
Précisons notre problème en creusant l'exemple du critique d'art : celui-ci va juger de la beauté d'une oeuvre comme
d'une qualité lui appartenant.
Si nous nous limitons avec Wittgenstein à considérer que ce type de jugements est
l'expression d'une approbation personnelle, alors le critique d'art ne sert à rien.
Celui qui écoute sa critique pourra.
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