Peut-on affranchir le travail de toute servitude ?

« Vous pouvez partir ici de l'étymologie du terme de travail, tripalium, qui désigne un instrument de torture ou encore de la conception du travail comme punition divine après que Adam et Eve ont commis le péché originel et qu'ils ont été chassés du jardin de l'Eden.

Travailler semble consister en une soumission à la nécessité qui implique une perte de liberté.

On distingue d'ailleurs le travail de ce qu'on nomme le temps libre.

La notion de travail libre semble être au premier abord une contradiction.

Vous pouvez alors vous reporter aux analyses d'Aristote dans la Politique lorsqu'il montre la nécessité des esclaves pour que les hommes libres aient du temps afin de s'occuper des affaires de la cité.

Il finit ainsi par dire que lorsqu'on pourra remplacer ces activités laborieuses que font les hommes par un travail des machines, il n'y aura plus besoin d'esclaves.

En d'autres termes, libérer le travail de toute servitude consisterait à supprimer le travail.

Néanmoins, vous pouvez remarquer que ce qu'Aristote désigne comme temps libre peut parfois être, pour certains considérés comme du travail.

En effet, le temps libre est ce que les grecs nomment ici skolé et ce qui a donné le terme d'école.

Il s'agit du temps de l'apprentissage en vue de développer ses facultés, en vue de devenir pleinement un homme.

Toutefois, si ce temps suppose de la contrainte il n'est pas nécessairement celui de la servitude.

Vous pouvez peut-être distinguer ici les notions de contrainte et de servitude.

Contraindre une personne à apprendre ne consiste pas nécessairement à en faire un esclave et une personne servile, bien au contraire.

Vous pouvez alors montrer en quoi le travail peut être lui-même source de libération. [Le travail créatif n'est pas une contrainte mais permet à l'homme de s'épanouir.

Le travail n'est pas forcément une contrainte.

Lorsqu'il est accompli par vocation, par plaisir, il est un moyen de se réaliser, de s'épanouir.

Par ailleurs, les progrès techniques permettent de supprimer les tâches fastidieuses.] Le travail peut être une vocation Il ne peut y avoir de servitude que si l'on est contraint de faire quelque chose qui ne correspond pas à notre nature.

Or, ce n'est pas le cas lorsqu'on travaille par vocation.

Que l'on soit médecin ou vendeur, artiste ou agriculteur, le travail que l'on choisit librement, qui correspond à nos goûts et à notre caractère, que l'on fait avec plaisir, n'est jamais vécu comme une servitude. Le progrès élimine les contraintes Au XIXe siècle, les hommes étaient astreints à des tâches ingrates et difficiles.

Aujourd'hui, grâce aux progrès techniques, ces travaux sont faits par des machines, par des ordinateurs.

Les hom¬mes sont ainsi disponibles pour accomplir des activités plus créatives, sont en mesure d'utiliser leur esprit et leur imagination pour innover. Le travail peut être attrayant Dans Théorie de l'unité universelle, Charles Fourier indique une série de mesures à prendre pour rendre le travail attrayant: par exemple, qu'il soit exercé «par des compagnies d'amis spontanément réunis, intrigués et stimulés par des rivalités très actives» ou que chacun jouisse pleinement du «droit d'intervenir dans tous les temps à telle branche de travail qu'il lui conviendra de choisir». [Par définition, tout travail comporte des contraintes dont on ne peut se libérer.

Le travail, par définition, est accompli par nécessité.

Même le travail le plus agréable suppose des contraintes, sans quoi on ne pourrait plus parler de travail.

Il est rare que l'on travaille librement en suivant ses seuls désirs.] Le travail est une nécessité Le travail est par définition une contrainte. Sinon, il serait un hobby ou un passe-temps.

En effet, on ne travaille pas par plaisir ou par choix, mais par nécessité.

De même que les hommes préhistoriques travaillaient pour se nourrir et se protéger de la nature, de même aujourd'hui nous travaillons pour payer notre loyer, notre voiture, faire nos courses, etc.. »