Peut-on affirmer qu’il y a un ordre du monde ?
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«
Peut-on affirmer qu'il y a un ordre du monde ?
Pour traiter ce sujet, vous devez en premier lieu définir la notion d'ordre.
On désigne par ce terme un agencement logique d'éléments divers,
d'objets ou d'événements.
Le terme désigne également l'unité qui caractérise cet ensemble.
L'ordre est dès lors ce par quoi une réalité échappe au
chaos et prend une forme déterminée.
De ce fait, la notion d'ordre est liée à celle de loi, c'est-à-dire d'un agencement régulier observable entre
certains phénomènes.
Nous comprenons dès lors que l'on puisse utiliser ce terme d'ordre pour désigner le commandement d'un supérieur sur un
subordonné.
La science naturelle se construit sur le principe qu'il existe un ordre du monde, c'est-à-dire en considérant que ce dernier est une réalité agencée et
cohérente.
L'homme a dès lors pour tâche de connaître cet agencement afin de le comprendre et de le maîtriser.
L'affirmation de ce principe peut avoir plusieurs causes.
Elle peut se baser, comme c'est le cas en science, sur le constat de régularités observées au sein des phénomènes, sur le constat d'une cohérence
de cette réalité.
En cela, on parle d'un ordre de la nature mais aussi d'un ordre de la société, au sens où la hiérarchie sociale établie au sein d'une
société un agencement et un principe structurant qui a justement pour but d'éviter le désordre (anomie).
Le sociologue ou le politologue étudiera
cet ordre particulier.
Mais l'affirmation qu'il existe un ordre du monde peut également se baser sur un principe métaphysique.
Ainsi, Leibniz affirme que le monde étant
disposé par Dieu, il n'y a pas en ce dernier de phénomène arbitraire.
L'ordre assigne dès lors à chaque élément sa place et se rend accessible à la
réflexion humaine.
S'il paraît facile d'affirmer qu'il existe un ordre du monde, cette affirmation n'est pourtant pas sans danger.
Car penser cet ordre risque de revenir à accepter la réalité et son agencement comme un fait nécessaire, auquel l'homme ne peut rien et dont il
n'est pas l'auteur, et avec lequel il doit fonctionner malgré tout.
Or, si dans le cas de la science, cette contrainte ne pose pas de problème éthique, elle en pose dans le domaine de la politique ou de l'histoire.
L'affirmation selon laquelle l'ordre du monde existe et « qu'il est ainsi » a été utilisée par de nombreux systèmes totalitaires pour asseoir leur
pouvoir comme un fait.
Mais ce phénomène n'est pas propre à ces régimes et tout régime politique a peut-être besoin d'affirmer qu'il existe un
ordre pour que cet ordre existe réellement, c'est-à-dire soit appliqué par la masse.
De ce point de vue l'existence de l'ordre du monde serait bien
l'objet d'une affirmation énoncée par le pouvoir pour soumettre les gouvernés à une nécessité illusoire.
En histoire, l'affirmation qu'il existe un ordre nécessaire des événements pose également problème.
Ne risquons nous pas en effet de penser les
pires moments de cette histoire comme des faits nécessaires et inévitables ? Ne risquons nous pas de ce fait de nous déresponsabiliser vis-à-vis
du cours des événements?
Dire qu'il existe un ordre du monde reviendrait des lors à accepter la réalité telle qu'elle semble s'imposer, et à abdiquer devant elle.
Nous voyons donc que si la science nous donne les moyens de constater qu'il existe un ordre du monde, cette affirmation porte, dans le domaine
social, un risque éthique.
Le sujet, en utilisant le verbe « pouvoir », vous amène ainsi à réfléchir sur cette dimension éthique.
Comment dès lors concilier ce que nous révèle la science qui nous présente le monde dans un ordre nécessaire et le domaine de la responsabilité
humaine, de la liberté de l'homme face au monde ?
Comment, surtout, concilier notre besoin de cohérence et notre propension à nous déterminer ?
Pour répondre à ce problème, vous pouvez proposer une autre définition de l'ordre.
L'ordre, comme le note Kant, n'est pas tant une propriété
intrinsèque de la réalité que ce que l'entendement humain produit en le pensant.
C'est l'entendement qui ordonne le réel et lui donne une forme
déterminée.
Ce que nous désignons par le terme de « monde » est justement le résultat de ce travail de l'entendement qui donne une forme à des
phénomènes multiples et changeants.
En cela, le monde lui-même, comme réalité cohérente et unitaire, n »est pas une donnée extérieure que
l'homme n'aurait qu'à dégager.
Il est déjà un ensemble construit part l ‘entendement.
Cette définition a l'avantage de laisser la place à une pensée du monde selon un ordre en nous préservant d'une vision anarchique des
phénomènes, tout en rendant possible une détermination de l'homme vis-à-vis de ces derniers.
Si l'ordre est ce que l'entendement construit en
pensant le monde, nous sommes responsables de l'ordre que nous en dégageons.
Cet ordre n'est pas une réalité extérieure que nous devrions
toujours subir avec soumission.
Il consiste en un agencement, un fonctionnement auquel nous participons, notamment dans le domaine social et
politique.
Affirmer qu'il y a un ordre du monde peut dès lors, tout en préservant une cohérence pour l'activité et la pensée humaine, être compatible avec
l'affirmation de la liberté humaine.
Dire qu'il y a de l'ordre peut donc se comprendre autrement que comme une affirmation fataliste et purement
contraignante.
1)
La science affirme qu'il y a un ordre du monde, d'après le constat de régularités observables dans les phénomènes.
Cet ordre se traduit en
termes de lois, comprises comme nécessaires, universelles et contraignantes.
De ce point de vue, le monde ne fait pas place au chaos et
le désordre, comme le montre Bergson, n'est en fait qu'un ordre que nous n'avons pas remarqué.
Dégager cet ordre et ces lois permet à
l'homme de comprendre le monde, voire de le maîtriser.
"La première question qu'on a droit de faire, sera : pourquoi il y a plutôt quelque chose que rien ? Car le rien est plus simple et plus facile que
quelque chose.
De plus, supposé que des choses doivent exister, il faut qu'on puisse rendre raison, pourquoi elles doivent exister ainsi, et non
autrement.
Cette raison suffisante de l'existence de l'univers ne se saurait trouver dans la suite des choses contingentes, c'est-à-dire, des corps et
de leurs représentations dans les âmes : parce que la matière étant indifférente en elle-même au mouvement et au repos, et à un mouvement tel ou
autre, on n'y saurait trouver la raison du mouvement, et encore moins d'un tel mouvement.
Et quoique le présent mouvement, qui est dans la
matière, vienne du précédent, et celui-ci encore d'un précédent, on n'en est pas plus avancé, quand on irait aussi loin que l'on voudrait ; car il reste
toujours la même question.
Ainsi il faut que la raison suffisante, qui n'ait plus besoin d'une autre raison, soit hors de cette suite des choses
contingentes, et se trouve dans une substance, qui en soit la cause, ou qui soit un être nécessaire, portant la raison de son existence avec soi ;
autrement on n'aurait pas encore une raison suffisante où l'on pût finir.
Et cette dernière raison des choses est appelée Dieu.
Cette substance
simple primitive doit renfermer éminemment les perfections contenues dans les substances dérivatives qui en sont les effets.
Ainsi elle aura la.
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