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Peut-on affirmer que tout est politique ?

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« Affirmer que tout est politique, c'est d'abord dire que tout relève de la manière avec laquelle on administre la chose publique, la cité, politique venant de " polis " qui signifie " cité ".

Ainsi tout serait politique car l'homme rencontrait d'emblée dans son existence des questions touchant à sa coexistence avec les autres.

Toutes ses décisions, toutes se pensées, tous ces gestes auraient donc en vue un vivre ensemble, ce qui suppose une référence à l'existence des autres.

Dès lors l'homme serait un être politique, voué à la communauté et cela ferait sa grandeur.

Vous devrez montrer en quoi cette hypothèse est légitime, en vous référant à la pensée d'Aristote et de Rousseau.

Cependant dire que tout est politique, c'est implicitement dire que l'homme ne peut pas s'épanouir en dehors de son état de citoyen, ce qui ne va pas de soi puisque d'une part, le pouvoir politique peut être oppressant et tyrannique (pensez aux régimes totalitaires) et d'autre part l'homme est également l'homme d'un espace privé, avec des relations privilégiées avec les proches et les intimes.

L'homme peut donc s'épanouir d'une autre manière, même si la paix que le politique assure conditionne la paix de l'espace privé.

Mais dire que tout est politique, c'est en dernière instance affirmer que tout dépend de la décision de ceux qui ont le pouvoir.

Cela pose donc le problème de la souveraineté, car l'homme peut se gouverner lui-même s'il est raisonnable, autonome et pacifié. [Tout est politique.

L'homme est, par essence, un «animal politique».

Toute son existence dépend de ses rapports avec les autres.] L'homme est un animal politique (Aristote) C'est au second chapitre du premier livre de la « Politique » que l'on retrouve en substance la formule d'Aristote.

On traduit souvent mal en disant : l'homme est un « animal social », se méprenant sur le sens du mot « politique », qui désigne l'appartenance de l'individu à la « polis », la cité, qui est une forme spécifique de la vie politique, particulière au monde grec. En disant de l'homme qu'il est l'animal politique au suprême degré, et en justifiant sa position, Aristote, à la fois se fait l'écho de la tradition grecque, reprend la conception classique de la « cité » et se démarque des thèses de son maître Platon. Aristote veut montrer que la cité, la « polis », est le lieu spécifiquement humain, celui où seul peut s'accomplir la véritable nature de l'homme : la « polis » permet non seulement de vivre mais de « bien vivre ».

Il affirme de même que la cité est une réalité naturelle antérieure à l'individu : thèse extrêmement surprenante pour un moderne, et que Hobbes & Rousseau voudront réfuter, puisqu'elle signifie que l'individu n'a pas d'existence autonome et indépendante, mais appartient naturellement à une communauté politique qui lui est « supérieure ». Enfin Aristote tente de différencier les rapports d'autorité qui se font jour dans la famille, le village, l'Etat, et enfin la cité proprement dite. La cité est la communauté politique au suprême degré et comme elle est spécifiquement humaine, « L'homme est animal politique au suprême degré ».

En effet la communauté originaire est la famille : c'est l'association minimale qui permet la simple survie, la reproduction « biologique » de l'individu et de l'espèce.

Composée du père, de la mère, des enfants et des esclaves, elle répond à des impératifs vitaux minimaux, à une sphère « économique » comme disent les Grecs.

« D'autre part, la première communauté formée en vue de la satisfaction de besoins qui ne sont pas purement quotidiens est le village.

» Il faut comprendre que famille et village sont régis par le besoin, par la nécessité naturelle de la vie, et ne sont pas propres à l'humanité. Le cas de la « polis » est différent.

« Ainsi, formée au début pour satisfaire les besoins vitaux, elle existe pour permettre de bien vivre.

» Dans la « polis » se réalise tout autre chose que la simple satisfaction des besoins : sa fonction initiale (satisfaire les besoins vitaux) découvre autre chose de beaucoup plus important : non plus le vivre mais le bien vivre.

Non plus la simple vie biologique mais l'accès à la vie proprement humaine, qui dépasse la sphère économique pour atteindre la sphère morale. « Car c'est le caractère propre de l'homme par rapport aux autres animaux d'être le seul à avoir le sentiment du bien et du mal, du juste et de l'injuste, et des autres notions morales, et c'est la communauté de ces sentiments qui engendre famille et cité.

» Seule la cité, la « polis », transcende les simples nécessités vitales et animales et permet à l'homme d'accéder à sa pleine humanité.

Elle naît de la mise en commun de ce qui est spécifiquement humain : la raison et les sentiments moraux.

Ainsi les modernes ont-ils tort de parler « d'animal social » : ce qu'Aristote désigne est moins l'appartenance à une communauté quelconque, ou encore régie par des intérêts « économiques », que l'accès à une sphère autre, seulement politique, et qui permet à l'homme de s'épanouir en tant qu'homme, de. »

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