Peut-on accepter l'idée d'une nature humaine identique en tous temps ?
Extrait du document
«
Comment démarrer votre dissertation et trouver le plan.
1.
Ce sujet contient deux notions essentielles qu'il faut approfondir : nature humaine et identique en tous temps.
2.
Vous avez certainement abordé le thème de la nature humaine dans le cadre très général des notions de nature
et de culture et dans l'étude de la société.
Les matériaux essentiels de cette dissertation seront manifestement
issus de votre cours d'une part, des sciences humaines d'autre part, en particulier de l'ethnologie.
3.
L'expression « identique en tous temps » qui fait référence à une nature humaine immuable qui s'imposerait donc
aux activités de l'homme, permet de poser le problème : l'homme est-il « soumis » à une « nature humaine » et
dépendant d'elle ou bien possède-t-il une certaine liberté d'action ?
4.
Le type même du problème ainsi posé conduit à un plan dialectique :
— Thèse : il y a une nature humaine universelle immuable.
— Antithèse : l'homme est entièrement libre.
Il n'y a pas de nature humaine immuable.
— Synthèse : il y a une nature humaine biologique modelée par la culture et donc évolutive.
5.
La discussion est donc essentiellement ici de type sémantique.
Ce sont les différentes faces de la notion de
nature humaine qu'il faut étudier.
6.
Pour bien traiter ce sujet, il est nécessaire d'avoir une bonne connaissance de la problématique moderne sur le
thème de nature, en particulier à travers Sartre et Lévi-Strauss.
Bibliographie.
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Sartre, L'existentialisme est un humanisme (Nagel).
Edgar Morin, Le paradigme perdu, la nature humaine (Seuil).
L'individualité de l'homme, article in Philosopher (Fayard).
Claude Lévi-Strauss, Les structures élémentaires de la parenté, chap.
I (PUF).
A.
Introduction
La nature est, au sens étymologique du terme (natus, du verbe latin nascor : naître) l'état dans lequel naissent les
hommes.
Parler de nature humaine, c'est donc faire référence à une essence qui, en nous, serait donnée et innée,
et non point acquise.
De plus, cet état, s'il faut en croire l'intitulé du sujet, peut être posé comme immuable, non
susceptible de transformation (identique), à travers les divers devenirs, les écoulements du temps, les changements
continuels, qui transforment le présent en passé (les durées multiples).
Le problème est alors de comprendre si la liberté humaine est possible lorsque l'homme est envisagé comme
possesseur d'une nature humaine.
B.
Discussion
1.
Thèse : la nature humaine conçue comme l'essence universelle de l'homme
Le tout premier sens du mot nature est celui de cadre physique.
La nature est cet environnement végétal qui nous
entoure, ce donné immédiat de notre existence.
Elle comprend les milieux où les individus se sentent à l'unisson
avec les créatures qui les entourent, elle est peuplée d'êtres familiers.
Mais, en une deuxième acception, l'idée de nature désigne une essence universelle de l'homme, un ensemble de
caractères permanents, identiques, permettant de la définir en tout temps et en tous lieux.
Ainsi, l'homme serait
possesseur d'un ensemble de caractères universels (la nature humaine), il serait un exemplaire particulier d'une «
nature » ou « essence ».
Tous les individus, en toutes civilisations, relèveraient d'une même définition de base et
posséderaient les mêmes qualités et le même « noyau ».
Ce thème de la nature humaine n'a cessé de susciter l'interrogation, de Socrate jusqu'à la réflexion du xviiie et aussi
du XIXe siècle, en passant par Montaigne et Pascal.
En fait, le fond humain universel s'identifie, bien souvent, à la
ratio, à la raison conçue comme identique chez tous les hommes.
Chacun serait porteur d'une raison, noyau commun
aux différents individus dans les diverses civilisations et les formes historiques.
Ainsi, l'idée de nature humaine
semble inséparable d'une forme d'humanisme universaliste.
Néanmoins, ce modèle de la nature humaine fait déboucher, bien souvent, les penseurs sur des contradictions.
Est-il
possible de définir l'homme de manière abstraite et universelle ? La pensée contemporaine a remis en question ces
évidences, et ce d'autant plus que les formes de la raison apparaissent fort diversifiées.
Les pouvoirs de la
rationalité sont évanescents.
La raison descend, de nos jours, de son piédestal.
2.
Antithèse : l'homme est ce qu'il se fait
Dès lors, ne faut-il pas répudier le concept de nature humaine ? Sartre, en particulier, a souligné qu'il y a, au
moins, un être chez qui l'existence précède l'essence, un être qui existe avant de pouvoir être défini : c'est
l'homme.
Il n'est pas définissable et on ne saurait l'enfermer dans un concept.
Telle est la thèse, célèbre,
développée dans L'existentialisme est un humanisme.
En effet, souligne Sartre, quand je conçois un objet particulier,
l'essence, c'est-à-dire l'ensemble des recettes et des qualités qui permettent de le produire, précède l'existence.
Mais, en ce qui concerne l'homme, on ne saurait parler de nature humaine puisqu'il n'y a pas de Dieu pour la
concevoir.
Si Dieu n'existe pas, aucune nature humaine n'est donnée préalablement à l'existence.
« L'homme est seulement, non seulement tel qu'il se conçoit, mais tel qu'il se veut, et comme il se conçoit après
l'existence, comme il se veut après cet élan vers l'existence, l'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait....
»
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