Peut-on accepter la loi de la majorité si l'on refuse la loi du plus fort ?
Extrait du document
«
Discussion :
La question posée sous-entend que la majorité implique un rapport de force avec la minorité et que par conséquent
c'est elle qui détient le pouvoir.
Mais ne peut-on pas être en majorité tout en étant soumis à une minorité ? La loi du
plus fort ainsi n'aurait rien à voir avec la quantité mais plutôt avec ses moyens d'actions.
Tout le monde se voit
contraint à accepter la loi de la majorité puisque chaque individu se trouve en minorité par rapport au pouvoir
politique, par exemple.
Mais cependant l'obéissance à la majorité est un choix puisqu'elle découle d'un vote
démocratique.
Suggestion de plan :
Première partie : Limites de la loi du plus fort
Lui-même du côté des faibles, de Genève plutôt que de Paris, Rousseau refuse d'accepter la loi du plus fort comme
base de système politique.
Pour lui, la loi du plus fort ne peut être un principe directeur d'une société car il est
incompatible avec l'intérêt général, et donc avec le contrat social : « Le plus fort n'est jamais assez fort pour être
toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit et l'obéissance en devoir.
» Le contrat social.
Rousseau tient un discours politique présentant comment l'homme est passé de l'état de nature à l'état de société,
et considère comment la société peut s'organiser dans l'intérêt général.
Le pacte social qu'il propose établit que
chacun doit renoncer à ses droits naturels (la raison du plus fort) pour obtenir la liberté que procure la société.
Le problème à résoudre est le suivant : "le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'il ne
transforme sa force en droit et l'obéissance en devoir".
Existe-t-il réellement un droit du plus fort, et la force estelle un principe suffisant pour fonder le droit ? S'il est vrai que dans la nature règne la force, il n'est pas vrai que le
plus fort reste longtemps le maître : les forces y sont perpétuellement en conflit, et l'issue est incertaine.
De plus, la
puissance physique engendre une contrainte physique et non point morale.
Il n'est jamais interdit de désobéir à la
force sitôt qu'on le peut.
Le droit du plus fort n'engendre pas le devoir d'obéissance.
"Sitôt que c'est la force qui fait
le droit, l'effet change avec la cause; toute force qui surmonte la première succède à son droit." Il suffit d'échapper
à la force pour en avoir le droit, puisque, selon ce principe, le plus fort a toujours raison.
Un droit qui disparaît sitôt
que s'éclipse la force n'est pas un droit, c'est un fait.
Il s'ensuit qu'aucune justice, aucune loi, aucune légitimité ne
peuvent être fondées sur la force.
Deuxième partie : Le risque de la tyrannie
Du contrat social commence par ces mots : « Je veux chercher si, dans l'ordre civil, il peut y avoir quelque règle
d'administration légitime et sûre, en prenant les hommes tels qu'ils sont, et les lois telles qu'elles peuvent être.
Je
tâcherai d'allier toujours, dans cette recherche, ce que le droit permet avec ce que l'intérêt prescrit, afin que la
justice et l'utilité ne se trouvent point divisées.
» (Livre I, Préambule) Ce préalable pose donc que renoncer à la loi
du plus fort ne signifie pas admettre n'importe quel règne ou n'importe quel régime pour se substituer à lui.
Si la liberté et l'égalité ne sont pas assurées par le peuple souverain envers lui-même, ou si des intérêts particuliers
font que le pacte est divisé ou aliéné alors c'est l'état de nature primitif qui reprend ses droits.
Rompre ce pacte
sera faire que « l'état de nature subsisterait, et l'association deviendrait nécessairement tyrannique ou vaine ».
Troisième partie : La démocratie
Renoncer à sa liberté, c'est renoncer à son humanité.
Un État despotique ne règne pas sur des hommes, mais sur
des esclaves, c'est-à-dire des êtres qui n'ont aucun droit et partant, aucune moralité.
Une volonté qui n'est pas
libre ne pourra jamais être morale : en toutes ses actions, elle sera déterminée à obéir.
L'État ne peut être
despotique, ni le pouvoir appartenir au tyran.
Il ne peut y avoir de convention entre d'une part, une autorité
absolue, et d'autre part, une obéissance sans bornes.
Le tyran n'est engagé envers personne puisqu'il a droit de
tout exiger, sans aucune contrepartie, et l'esclave n'a aucun droit, puisque tous ses droits sont les droits du tyran.
Nul ne gagne dans un État qui n'est pas fondé sur un contrat où gouvernants et gouvernés s'engagent
réciproquement.
La paix et la sécurité au détriment de la liberté peuvent être une misère.
"On vit tranquille aussi
dans les cachots ; en est-ce assez pour s'y trouver bien ?" Si la fin de l'État est le bien commun, c'est à la volonté
générale de le gouverner.
Le passage de l'état de nature à l'état civil est le passage nécessaire du conflit des
intérêts particuliers à leur accord.
Une société ne peut exister sans un point d'accord quelconque entre les intérêts
de chacun.
Aussi divers et opposés que puissent être ces intérêts, ce point d'accord est politique : c'est un.
»
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