Peut-on à la fois être libre et passionné ?
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet:
Être libre: sans entrave, en faisant ce que j'ai décidé de faire, maître de ma vie autant que je le veux.
ÊTRE: Du latin esse, « être ».
1) Verbe : exister, se trouver là.
En logique, copule exprimant la relation qui unit le prédicat au sujet (exemple :
l'homme est mortel).
2) Nom : ce qui est, l'étant.
3) Le fait d'être (par opposition à ce qui est, l'étant).
4) Ce qu'est
une chose, son essence (exemple : l'être de l'homme).
5) Avec une majuscule (l'Être), l'être absolu, l'être parfait,
Dieu.
PASSION:
* Ce que l'âme subit, ce qu'elle reçoit passivement.
Chez Descartes, le mot désigne tout état affectif, tout ce que
le corps fait subir à l'âme.
Son origine n'est pas rationnelle ni volontaire.
* Inclination irrésistible et exclusive qui finit par dominer la volonté et la raison du sujet (la passion amoureuse).
POUR DÉMARRER
Est-il possible d'accéder à une capacité d'autodétermination et à une autonomie de choix en expérimentant une
passion, c'est-à-dire une affection durable de la conscience, si puissante qu'elle s'installe à demeure et se fait
centre de tout ? Ne suis-je pas, dès lors, sous le joug de cette affection ? La question posée semble donc a priori
énigmatique.
CONSEILS PRATIQUES
N'oubliez pas que toute une tradition classique (le stoïcisme, etc.) voit dans la passion un phénomène subi et passif.
La liberté ne consiste-t-elle pas à s'assurer la maîtrise des passions ? Au contraire, Sartre assure que nous sommes
entièrement libres dans nos passions.
La liberté n'est pas seulement fille de la raison.
Par ailleurs, la passion permet
parfois de mener à bien une oeuvre.
Donc elle n'exclut pas la liberté.
BIBLIOGRAPHIE
HEGEL, La raison dans l'histoire,10/18-UGE.
KANT, Anthropologie du point de vue pragmatique, Vrin.
SARTRE, L'existentialisme est un humanisme, Nagel.
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La tradition philosophique oppose couramment la passion aliénante à la maîtrise de soi requise pour être libre.
La
passion ne constituerait pas seulement un frein à la liberté, mais viendrait bel et bien la contredire.
Car elle laisserait
libre cours en l'homme à ce qu'il lui faut précisément dominer pour accéder à l'autonomie : la voix de la nature ou la
tyrannie du corps.
Mais un homme sans passions est-il encore un homme? Faut-il nécessairement renoncer à cette part d'humanité
pour être libre?
1.
La passion aliène l'homme donc contredit la liberté.
• La passion se définit comme un sentiment ou une émotion de l'âme causés par une action du corps (Descartes,
traité des Passions de l'âme, article XXVII).
Elle signale donc une hétéronomie, de heteros, « autre », et de nomos,
« loi », c'est-à-dire que l'homme est soumis à une loi qui lui vient de l'extérieur et qu'il ne gouverne pas.
L'extérieur
désigne ici le corps qui, dans la passion, vient d'une certaine manière envahir l'âme.
C'est la raison majeure de la
condamnation des passions dans la tradition philosophique, en particulier chez les Grecs.
L'hétéronomie s'oppose à
l'autonomie, qui désigne le fait de se donner à soi-même sa loi tirée de la seule raison.
Être libre, c'est privilégier la
pensée sur le corps, c'est s'exprimer par soi-même et non sous l'emprise d'une contrainte qui nous échappe.
b) Réquisitoire contre les passions.
Les critiques adressées aux passions sont aussi diverses que les motifs de les exalter.
Un inventaire exhaustif des
griefs avancés au cours de l'histoire de la philosophie serait pour le moins fastidieux.
Nous n'en retiendront que les
plus significatifs, que nous classerons en fonction de leurs principes de référence.
Un premier critère est la menace qu'elles font peser sur la liberté.
Les passions aliènent le sujet, le dépossèdent
de lui-même, le rendent esclave de son corps ou de son imagination.
Cette nocivité envers la personnalité même du
passionné est à mettre en rapport avec la dimension de permanence de l'attachement passionnel, ou encore son
caractère circulaire et donc insatiable : le désir à peine assouvi, il ne tarde pas à se réveiller, il s'affermit même du
fait de sa satisfaction, au point que la quête de l'objet de la passion s'avère interminable, confine à l'infini.
Un second principe de référence est son caractère irrationnel.
La personne se trouve submergée par un flot
irrépressible qui manifeste la domination du corps ou de l'imagination sur la raison, pourtant seule instance légitime
pour la connaissance et l'action.
Inversant la hiérarchie des principes constitutifs de l'être humain, les passions
vouent l'homme à tous les excès.
Un troisième et dernier critère est le caractère proprement immoral de la passion.
Ce principe peut à son tour être.
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