Peut-on à la fois être libre et déterminé ?
Extrait du document
«
On oppose souvent la liberté à la détermination et, à plus forte raison, au déterminisme.
Car être libre, c'est être
détaché de toute contrainte extérieure, alors qu'être déterminé, c'est être l'effet nécessaire de causes qui nous
dépassent.
Réfléchir sur la possibilité de concilier ces deux aspects de l'homme devrait cependant nous permettre de
proposer une conception lucide de la liberté, qui prendrait en compte les différents types de nécessités qui régissent
l'action et la pensée de l'homme.
1.
Le déterminisme scientifique.
• Le terme de déterminisme désigne la doctrine forgée au XIXe siècle et dans un contexte scientifique par Laplace,
dans l'Essai philosophique sur les probabilités.
Il fonde la possibilité, pour l'esprit, d'établir des lois, c'est-à-dire des
relations constantes entre les phénomènes.
Si devant n'importe quel phénomène naturel l'esprit a tendance à se demander « pourquoi », parvenu à la maturité
scientifique, il réduit ses exigences.
Il cherche seulement « comment » se produisent les phénomènes, autrement dit
selon quelles lois, dans quel ordre.
La loi est le « rapport nécessaire entre les phénomènes ».
On a dit que l'idée de
loi naturelle est « tombée du ciel sur la terre » ce qui signifie que l'idée de loi vient de l'astronomie.
C'est en effet
ans le domaine de l'astronomie qu'on s'aperçoit d'abord que les phénomènes naturels se produisaient d'une façon
ordonnée, régulière, ce qui permit de prévoir exactement certaines manifestations comme les éclipses.
Citons par
exemple la première loi de Kepler énoncée en 1609 dans son « Astronomia nova » : « chaque planète décrit dans le
sens direct une ellipse dont le soleil occupe un des foyers ».
Le génie de Galilée a consisté à introduire l'idée de loi
en physique.
Galilée ne se demande pas pourquoi les corps tombent mais comment ils tombent.
Autrement dit il
décrit la chute des corps par une formule algébrique, ce qui permet de calculer, par exemple, un corps étant lâché
dans le vide à l'instant T0 ce que sera sa vitesse à l'instant T1.
La loi a une grande importance pratique et
technique puisqu'elle permet de prévoir.
Elle rend l'univers intelligible puisqu'elle enchaîne les phénomènes dans un
réseau d'équations mathématiques.
Le principe du déterminisme actuel revient à dire que « l'apparition d'un
phénomène est strictement déterminée par des conditions d'existence bien définis.
Le phénomène ne se produit que
si elles sont réalisées mais alors il se produit nécessairement.
»
« L'état présent du système de la nature est évidemment une suite de ce qu'il était au moment précédent, et, si
nous concevons une intelligence qui, pour un instant donné, embrasse tous les rapports des êtres de cet Univers,
elle pourra déterminer pour un temps quelconque pris dans le passé ou dans l'avenir la position respective, les
mouvements, et généralement les affections de tous ces êtres.
» LAPLACE.
Une intelligence qui pour un instant donné connaîtrait toutes les forces de l'univers et la situation respective des
êtres qui la composent, si d'ailleurs, elle était assez vaste pour soumettre ces données à l'analyse, embrasserait
dans la même formule les mouvements des plus grands corps de l'univers et ceux du plus léger atome ; rien ne serait
incertain pour elle et l'avenir comme le passé seraient présents à ses yeux
• Le déterminisme se distingue donc de la simple causalité.
Car une même cause (une épidémie de grippe) peut
entraîner des effets différents (des cas bénins, d'autres plus graves).
En revanche, une chose déterminée (attraper
la grippe à ce moment précis, par contagion avec telle personne) ne pouvait pas ne pas arriver.
Mais le
déterminisme ne se réduit pas non plus à un fatalisme.
Car pour le fataliste, ce qui «est écrit» doit se réaliser,
quelles qu'en soient les causes.
Au contraire, le déterministe postule que le moindre changement dans la cause
entraîne une modification de l'effet s'éloigner de la personne contagieuse permet d'éviter la varicelle.
• Le déterminisme n'est donc pas d'emblée opposé à la liberté.
Car l'analyse de la nécessité qui s'exerce sur l'homme
peut, sinon lui fournir les moyens de s'en émanciper, du moins lui permettre de vivre dans la lucidité.
C'est la thèse
défendue par Spinoza dans l'Éthique.
1.
L'homme, partie de la nature
Chacun forme, en fonction de son expérience ou de ses habitudes, des images générales des choses.
Un soldat, par
exemple, ayant vu sur le sable les traces d'un cheval, passera aussitôt de la pensée d'un cheval à celle d'un
cavalier, et de là à la pensée de la guerre.
Un paysan, au contraire, passera de la pensée d'un cheval à celle d'une
charrue, d'un champ.
Dans cette expérience, où nous associons, par l'imagination, une idée à une autre, nous
sommes passifs, car déterminés par notre corps.
Nous ne sommes pas la cause complète de nos actions.
2.
Dieu ou la Nature
Dieu s'identifie à la Nature : la philosophie de Spinoza est un panthéisme.
Dans la Nature, tout est déterminé par
Dieu.
Ainsi, lorsque nous percevons les liens nécessaires qui unissent les idées dans une démonstration, nous
percevons un ordre que nous n'avons pas choisi, mais que nous comprenons librement.
Liberté et nécessité sont
donc compatibles.
II.
Le déterminisme dans les sciences humaines.
• C'est l'application de la théorie déterministe à l'homme qui pose problème.
Dans les Règles de la méthode
sociologique, Durkheim propose notamment d'étudier les faits sociaux « comme des choses », c'est-à-dire de.
»
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