Peut-il y avoir une civilisation de l’amour?
Publié le 03/04/2023
Extrait du document
«
Application 11 : Peut-il y avoir une civilisation de l’amour ? (Plan détaillé)
Civilisation / Civiliser :
Mener à la civilité, rendre douces les moeurs de l’homme ;
Concevoir un utile frein de l’humanité, la religion notamment, serait le premier ressort de
civilisation, « prêcher la confraternité » ;
« La tendance d’un peuple de polir ou de corriger ses moeurs et ses usages en portant dans la
société civile une moralité lumineuse, active, aimante et abondante en bonnes oeuvres.
»
Un glissement : la civilisation, « un substitut laïcisé de la religion, une parousie de la raison
», affranchir l’homme, s’émanciper de la tutelle, rendre le projet universel.
Une double logique :
Si on s’inscrit dans une logique linéaire et progressive, l’agencement d’une civilisation de
l’amour serait une phase d’apogée dans l’évolution de l’homme et de ses moeurs ; et l’amour
serait par conséquent le ressort de cette phase, un principe de synchronisation.
Si on adhère davantage à une logique cyclique et répétitive, l’instauration d’une civilisation
de l’amour, un projet produit à plusieurs reprises et tous âges confondus, n’est qu’une période
dont le point culminant est le signe avant-coureur d’une décadence.
En guise de nuance :
La civilisation, « un concept unificateur » : elle désigne le processus qui fait des individus des
civilisés et le résultat cumulatif de ce processus : l’action de civiliser et l’état de ce qui est
civilisé :
Ensemble des connaissances, des moeurs, des idées d’un pays considéré comme civilisé ;
Ensemble des individus ayant en commun des mêmes éléments religieux, culturels, politiques
et technologiques ;
Rendre policé et sociable un peuple qui vit à l’état sauvage ;
Problématisation / Problématique :
La civilisation de l’amour est-elle un processus dans lequel l’humanité tout entière se serait
engagée ? Ce processus se déploie-t-il à l’aune d’une alternative inclusive, dynamique et
ouverte ou postule-t-il des prescriptions restrictives et exclusives ? Prend-il en considération
l’essence de l’amour ou se propage-t-il au détriment de certains de ses attributs, jugés
inaltérables ?
I- Une civilisation de l’amour est envisageable, potentielle et même réalisable :
L’amour de Dieu, un principe d’unification et de synchronisation, ferment de
communauté :
Les épîtres de Jean, des épîtres attribuées à l’apôtre Jean (elles font partie du Nouveau
Testament) : « Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres ; car l’amour est de Dieu, et
quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu.
Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car
Dieu est amour.
» Vouloir transcender la contingence inhérente à l’amour en vue de le
considérer au carrefour d’un principe universel et transcendant, notamment Dieu.
Substituer
l’agapè à l’éros et concevoir une communauté qui tend vers le même point géométrique, Dieu.
L’amour, terre propice à l’universel-singulier, le propre de l’homme :
La biologie de l’attachement : Edgar Morin / Boris Cyrulnik… L’amour ne constitue pas un
épiphénomène, c’est une notion complexe qui configure le vécu de l’être.
Pascal Bruckner, Le paradoxe amoureux : « Terrible énigme de ce commandement : aime ton
prochain comme toi-même.
Absurdité logique en apparence : ou l’on s’aime au détriment
d’autrui ou l’on aime l’autre au détriment de soi.
Il faudrait donc s’adorer sans retenue pour
s’épancher vers son prochain ! Il ne s’agit pas toutefois d’une succession, plutôt d’une
coïncidence.
Je m’aime parce que d’autres m’aiment, me disent qui je suis.
J’ai besoin de leur
regard bienveillant, de leur oreille attentive.
Ils me confirment dans mon être, leur estime a un
pouvoir germinatif.
» L’amour, dans sa version Agapè, se veut le principe d’un devoir
revêtant une cohérence saugrenue.
C’est instaurer une forme de conformité entre un amour de
soi qui, tout en se voulant extensif, inscrit dans son sillage l’amour du prochain, motif
d’épanouissement.
Erich Fromm, L’art d’aimer : théorie de l’amour, théorie de l’être et de sa condition…
La religion de l’amour, un ressort de civilisation : Ibn Arabi et Henri Bergson…
La fraternité, le politiquement correct, une devise multiforme (approche naturaliste,
devise républicaine, principe mystique…) :
Jean-Jacques Rousseau : l’homme est conduit par l’appétit et obéit à ses impulsions orientées
vers la jouissance, la satisfaction de son bien (donc il n’est pas nécessairement orienté vers le
conflit).
La bonté naturelle est instinctive (amour de soi, une volonté de se conserver, la pitié
est une extension de l’amour de soi à autrui, la bonté morale = faire le bien d’autrui en
respectant la volonté générale.
Pour une mutation de la liberté, une mutation à promouvoir
dans le cadre d’un contrat social.
Henri Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion : « Il ne s'agit donc pas ici de
la fraternité dont on a construit l'idée pour en faire un idéal.
Et il ne s'agit pas non plus de
l'intensification d'une sympathie innée de l'homme pour l'homme.
[…] Bien différent est
l'amour mystique de l'humanité.
»
Aimer, un principe de régulation sociale : Freud, Bataille, Claude-Lévi Strauss
L’idéologie sécuritaire : pour une civilisation de l’amour, Alain Badiou, Eloge de l’amour
; Zygmunt Bauman, L’amour liquide (deux philosophes qui appréhendent cette tendance
quoiqu’ils n’y adhèrent pas).
Civiliser consiste à moraliser et à promouvoir un art pour aimer et ce conformément à
un cadre théorique : Erich Fromm, l’art d’aimer....
»
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