Peut-il y avoir des concepts contradictoires ?
Extrait du document
«
A.
— La Logique formelle n'envisageant pas le rapport du concept avec son objet, il semble qu'à ce point de vue,
tout concept, du moment qu'il est formé par l'esprit, est valable et logiquement utilisable : Ainsi le concept de
chimère, de centaure, est aussi valable que celui d'oiseau, de cheval.
La validité logique d'un concept ne requiert,
en effet, d'autre condition que sa non contradiction.
intrinsèque.
Le problème se pose donc de savoir si un concept
peut être contradictoire en soi.
B.
— Possibilité des concepts contradictoires.
- Un concept contradictoire est celui qui renferme des éléments qui
se nient, s'excluent mutuellement, se chassent pour ainsi dire l'un l'autre de la pensée, comme, par exemple, cercle
carré, douleur inconsciente, etc.
Il est évitent que l'esprit qui conçoit de telles idées n'est pas d'accord avec luimême, et que, dès lors, un concept qui se contredit est un concept qui se détruit; c'est un pseudo-concept, auquel
les mots seuls donnent un semblant d'existence.
Comment est-il possible dès lors de parler de concept
contradictoire ?
a) Remarquons d'abord, la contradiction supposant au moins deux termes, que le problème ne se pose pas pour les
concepts tout à fait simples, c'est-à-dire ne renfermant comme matière qu'un élément ,unique de pensée, tels les
concepts d'être, de possible.
En eux, il ne saurait y avoir ni accord ni désaccord de la pensée avec elle-même.
b) Mais on comprend que la contradiction puisse exister au sein de concepts complexes.
Les éléments qui en sont le
contenu sont loin d'être tous distincts, pour l'esprit; il y en a de confus.
Et c'est précisément à la faveur de cette
confusion de certaines idées complexes que la contradiction se glisse en elles, sans que nous, nous en apercevions.
Nous pensons, les trois quarts du temps, au moyen d'idées confuses, sans réaliser expressément et pleinement nos
idées.
Le mot nous tient lieu d'idée ou quelqu'un des éléments de l'idée nous tient lieu de l'idée entière.
Rabier donne quelques exemples intéressants de contradictions intrinsèques que la confusion des idées dissimule et
que l'analyse fait éclater.
Voici l'exemple du concept empirique de cause.
Nombre de philosophes définissent la cause : la condition nécessaire et suffisante d'un phénomène ; mais excluent
du concept de cause toute idée d'action, de détermination; d'efficacité.
On se flatte, par là, de n'enfermer dans
celte idée rien que de net, de déterminé, de précis : en réalité, on y introduit, au contraire, une contradiction pure
et simple.
En effet, analysons cette idée, il vient : la cause, c'est ce qui lait tout (condition nécessaire et
suffisante).
et qui pourtant ne fait rien (sans efficacité) ; ce qui est absolument nécessaire et pourtant inutile.: une
telle idée se détruit elle-même.
et n'a jamais pu être effectivement pensée.
»
Conclusion : Une analyse minutieuse, tel est lé seul moyen dont nous disposions pour découvrir le contenu de nos
idées et voir si elles renferment ou non quelque contradiction.
11 ne restera plus ensuite qu'à définir les termes avec
précision pour éviter toute méprise à l'avenir..
»
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